Au début des années 50, la fiction wuxia a connu des jours meilleurs. En République Populaire de Chine, c'est un type de littérature considéré par le régime communiste comme de la « mauvaise herbe », décadant et féodal (note 13). À Hong-Kong, les feuilletons martiaux qui sont publiés dans les journaux sont surtout centrés sur des héros folkloriques locaux comme Wong Fei-hung. Ils s'adressent aux lecteurs de langue et de culture cantonaise (note 14).
Par contre, dès leurs parutions les feuilletons wuxia de Liang Yu-Sheng et Jin Yong suscitent un engouement monstre parmi tous les chinois quelle que soit leur culture d'origine. Non seulement ceux qui vivent à Hong-Kong, mais également à Singapour, en Asie du Sud-Est et partout dans le monde où il y a un Chinatown (note 15). La fiction wuxia retrouve dès lors une popularité qu'elle n'avait pas connue depuis des lustres. Les lecteurs sont emballés par ces épopées martiales pleines de rebondissements, de scènes d'action trépidantes et de héros chevaleresques
Pour les exilés vivant coupés de la mère patrie et de leurs racines culturelles, la représentation d'une Chine mythique telle que dépeinte habilement par les deux écrivains férus de culture classique, offre non seulement un récit d'évasion irrésistible, mais aussi une forme de plongée immersive envoutante (note 16).
Les écrits de Liang Yu-sheng et Jin Yong suscitent des émules et cette relance sera désignée sous le terme de Nouvelle école wuxia pour la distinguer de la fiction datant la première moitié du XXe siècle (note 17).
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Cha n'a même pas terminé son feuilleton pour le New Express qu'il en entame un second pour un autre journal à partir du premier janvier 1956 : Bìxuè jiàn (L'Épée tachée de sang royal) (note 18). Un troisième feuilleton Shè diao yingxióng chun "La Légende du héros chasseur d'aigle" est entamé la journée suivant la fin du deuxième le premier janvier 1957.
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Une fois présenté en feuilletons, les romans sont réédités sous forme de fascicules en plusieurs volets (note 19). La qualité du papier n'est pas très grande, mais les livres ne coutent pas cher. En gérant adroitement ses droits, Cha conserve un contrôle étroit sur ses œuvres tout en devenant un auteur à succès généreusement réénuméré. La vente d'éditions pirates des romans est également considérable : ceux-ci sont soit vendus à moindre prix ou dans des régions ou la censure interdit une diffusion légale (note 20).
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La Légende du Héros chasseur d'aigle 1959 |
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