En quelques brèves années, le Ming Bao développa la réputation pour être un des meilleurs canaux d'informations de Hong-Kong. C'est ainsi qu'alors que les journaux gauchistes célébraient la révolution culturelle pour sa remise en question radicale de la société notamment « des quatre vieilleries » les éditoriaux de Cha la dénoncent dès le départ comme une violente lutte de pouvoir au sein de l'élite communiste (
Sources : Roaming Nüxia: Female Knights-errant in Jin Yong's Fiction by Yin-Jen Chen Bachelor of Arts, University of Victoria page: 15 note 46. 2015).
Avec leur sens de l'observation et de l'analyse presque presciente, les éditoriaux de Cha se font remarquer au-delà de Hong Kong, à l'étranger et même dans certains cercles des régimes du Kuomingtang de Taiwan et celui de la Chine communiste.
À partir de mai 1967, Hong-Kong est secoué par de violentes émeutes (note 25). Dès le début des troubles, le Ming Bao s'engage dans une vigoureuse campagne d'éditoriaux condamnant la violence suscitée par les activistes et supportant le gouvernement colonial parce que garant de stabilité. Cha lui-même rédige dès le 10 mai un éditorial défendant le statu-quo intitulé : «We Settle Down Here and Don't Care to Leaves “On s'est installé et on se fout de partir” (Éditorial retranscrit dans Paper Swordsman Chapitre : 5 page : 128).
Images des émeutes de Hong-Kong en 1967
Cela vaut à Cha et au Ming Bao d'être à nouveau dénoncés par les médias gauchistes et même de devenir des cibles d'action terroristes. L'édition du 23 juin est ainsi sabotée par l'insertion d'un manifeste écrit par des employés de l'imprimerie faisant partie d'une clique gauchiste. Un paquet piégé est également déposé à la résidence de Cha. On retrouve même son nom sur une liste noire de personnes à assassiner.
Le danger était bien réel. Lam Bun un polémiste à la radio a ainsi été sauvagement assassiné en étant brulé vif dans sa voiture lors d'une embuscade tendue par des extrémistes. Des journaux gauchistes hongkongais refusèrent de condamner ce meurtre, le Tan Kung Bao écrivit même qu'il s'agissait d'un châtiment que la victime avait mérité (“…a punishment that Lam Bun had deserved”) ( "Lam Bun death". Ta Kung Bao ( ??? ). 25 August 1967).
Dans les circonstances, Cha jugea plus prudent de quitter la colonie pour trouver refuge à Singapour.
Toutefois, lorsqu'il revint à Hong-Kong, c'est avec la réputation d'être un héros pour la liberté de la presse. Le Ming Bao était alors devenu le troisième journal le plus vendu de Hong-Kong lu et apprécié tant par les cols blancs, les intellectuels, les fonctionnaires et les étudiants. Il était également le journal de prédilection de l'intelligentsia chinoise internationale.
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