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Histoire des frères Shaw, des origines à la Shaw Brothers
Naissance et chute de la Shaw Brothers : de 1958 à nos jours 1/4 - Page 15
Infos
Auteur(s) : Yves Gendron
David-Olivier Vidouze
Date : 19/3/2008
Type(s) : Information
 
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Personnes :
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Cheng Pei Pei
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L' Empereur et la belle
Lady General Hua Mulan
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Love Without End
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Princess Yang Kwei Fei
Temple Of The Red Lotus
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The Trail Of The Broken Blade
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Studios :
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Grand Motion Picture Company
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Shaw And Sons, Ltd
Shaw Brothers
Lexique :
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Huangmei Diao
Wu Xia Pian
 
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1 : Naissance de la Shaw Brothers (HK) Ltd

Si l’activité d’exploitation est alors florissante en Malaisie, ce n’est pas le cas à Hong Kong où la Shaw and Sons Ltd. stagne sous les coups des concurrents (et notamment de la MP & GI / Cathay qui avait su se renouveler). Run Run Shaw prend alors la décision, en 1957, de quitter sa base d’Asie du Sud-Est pour gagner la colonie britannique. Runde et lui s’y accordent pour prendre des directions différentes, l’un s’occupant de la production, l’autre de l’exploitation et la distribution.

Run Run rachète à son frère Runde un terrain de 19 hectares situé à Clearwater Bay, Kowloon, pour y construire le studio Shaw et ne tarde pas à annoncer dans la presse, en mars 1958, la création de la Shaw Brothers (HK) Limited, marquant ainsi son indépendance de la Shaw and Sons.
La Shaw Brothers prend en charge la production cinématographique tandis que la Shaw and Sons gère la distribution et l’exploitation des circuits de salles (son circuit hongkongais sera plus tard racheté par Cinema City, une fois que la Shaw Brothers aura construit le sien).

Pour accompagner la naissance de cette nouvelle société, l’année 1958 voit également le lancement de la revue Southern Screen, publication officielle de la Shaw Brothers.

 
2 : Le Recrutement de nouveaux talents
Tandis que les studios de la Shaw Brothers sont en construction, Run Run lance une grande campagne de recrutement pour sa compagnie : acteurs, scénaristes, techniciens, administratifs, etc. Tous les corps de métiers sont concernés, toutes les compétences bienvenues.

a. Les hommes de l’ombre

En 1959, par l’intermédiaire de ses réseaux shanghaiens à Hong Kong, il recrute Raymond Chow (Zou Wenhuai), journaliste au Hong Kong Standard et producteur de la Voix de l’Amérique / Voice Of America (de la branche hongkongaise de l’US Information Service), pour être son Directeur de la Publicité. C’est ce même Chow qui engage à son tour, dans son département, Leonard Ho (He Guanchang).

Raymond Chow et Leonard Ho, tout deux cantonais parlant parfaitement le mandarin et l’anglais, permettent à la Shaw Brothers de recruter des cadres jeunes et énergiques, prêts à relever les défis de la concurrence.


Raymond Chow (en excellente compagnie)

b. Les artistes chinois

- Les « waijiang ren » : Un certain nombre de metteurs en scènes appelés « waijiang ren » (personnes vivant au dessus de la rivière du Yangtze) par les Cantonais sont recrutés. Parmi eux, on retrouve Li Han-Hsiang, qui débute par la mise en scène de huangmei diao, ou King Hu que Raymond Chow fit venir de la Voice of America.

- Vols à la concurrence : La Shaw Brothers n’hésite également pas à puiser dans le vivier de talents des compagnies concurrentes. C’est ainsi que se voyant offrir de meilleures conditions financières, Linda Lin Dai, Diana Chang ou Peter Chen quittent la Cathay pour le studio de Run Run.

- Les concours : La Shaw Brothers recrute elle-même ses propres vedettes par le biais de concours annoncés dans les magazines à la mode. Les acteurs et actrices dont le potentiel a été à cette occasion découvert se voient offrir une formation maison pour réaliser leur rêve : cours de danse, de chant, d’art dramatique, d’arts martiaux… Le département Publicité du studio se charge ensuite d’en faire des vedettes aux yeux du public (longs articles et reportages dans le magazine cinéma de la Shaw, photos dédicacées envoyées aux fans…).

- Les écoles « maison » : Enfin, les écoles d’art dramatique et de cascades de la Shaw Brothers (une quarantaine de places en tout et pour tout) constituent également un vivier de talents. Chaque année, les postulants, âgés de 15 à 18 ans, affluent par centaines dans l’espoir de se voir sélectionner pour en suivre les cours.

c. L’apport étranger

- Le Japon : Run Run Shaw était depuis longtemps un grand admirateur du cinéma japonais et de ses maîtres à la réputation internationale (Mizoguchi eut d’ailleurs l’occasion de tourner pour la Shaw and Sons Ltd.). L’idée lui vient donc d’engager des techniciens et des metteurs en scène nippons (Inoue Umetsugu, par exemple) afin qu’ils transmettent à ses équipes locales les ficelles du métier. Des équipes de la Shaw Brothers sont également envoyées sur place afin de recevoir des formations techniques.
L’effet se fait rapidement sentir à l’écran, notamment dans la maîtrise du ShawScope, marque de fabrique de la firme.

- L’Occident : Dans une moindre mesure, Run Run Shaw fait aussi appel à des techniciens américains et européens pour parfaire la qualité de ses propres équipes.

 

3 : La Shaw Movietown

Le complexe des studios de la Shaw Brothers est dessiné par le jeune architecte sino-anglais Eric Cumine (parlant anglais, cantonais et shanghaien !), pour une construction sur la partie de Kowloon de la Clearwater Bay.
La première phase, de 1957 à 1961 (à l’occasion de laquelle plus de 70 km² furent déboisés), voit la construction de six plateaux indépendants, dont un avec la technologie ShawScope, inspirée du Cinémascope américain. Le bâtiment administratif, le studio de post-synchronisation, le laboratoire, la cantine et les logements du personnel (des sortes d’HLM pour les plus bas salaires et de beaux appartements pour les « vedettes ») sont achevés à la fin de l’année 1961. Six nouveaux plateaux sont livrés en 1964 après le déboisement de 22 nouveaux km².


La construction du complexe, qu’on appellera désormais la Shaw Movietown et qui s’étend maintenant sur environ 75 km² est terminée en 1967. Les douze plateaux permettent alors le tournage simultané d’autant de films et près de 500 employés contractuels permanents résident sur place (parmi lesquels quinze scénaristes, vingt-cinq écrivains et des représentants de tous les corps métiers : électriciens, charpentiers, architectes, peintres, photographes, preneurs de son, etc.). 30 techniciens pouvent développer 300 mètres de négatif ou 1500 mètres de pellicule par heure ! Les laboratoires sont aussi capables de tirer plus de 100 000 photos des stars de la Shaw Brothers par mois tant la demande des marchés de Hong Kong, Taiwan et de la Malaisie est grande !

Dès le début des années 60, il est donc possible de vivre en quasi autarcie au sein de ce complexe de création cinématographique : on y dort, on y mange, on y travaille, on y étudie… Electricien, plombier, charpentier, médecin, imprimeur, acteur, scénariste… chaque besoin ou presque peut être satisfait sur place !

 

4 : La politique Shaw
a. Le tournage des films

Run Run Shaw ne s’arrête pas à l’architecture et met en place, avec l’appui de Raymond Chow, un nouveau mode de management et de nouvelles règles de production, permettant à la compagnie de produire jusqu’à 40 films par an. Parmi ces mesures, on note l’arrêt du tournage des scènes nocturnes la nuit, l’abandon de la prise directe pour le son (d’une part les acteurs sont susceptibles de parler des dialectes différents sur un même plateau et, d’autre part, les erreurs ou trous de mémoire sont rectifiables en post-synchronisation : gain de temps et d’argent), la constitution de différentes version d’un même film selon les marchés (trois versions : une « dure » pour les Etats-Unis et l’Europe, une « moyenne » pour Singapour et la Malaisie, et une « douce » pour Hong Kong) et la rationalisation de tous les stades de production, de l’écriture du scénario à la mise en scène, en passant par les cours d’art dramatique (fondation du Southern Drama Group en 1961 sous le patronage de Ku Wen-chung).
La présence de toutes les phases de la vie d’un film au sein de l’empire Shaw, de l’écriture à l’exploitation sur grand écran, s’apparente à une intégration verticale telle qu’on peut la retrouver dans l’industrie. La totalité des métiers est représentée, les employés ayant même la possibilité de vivre sur le site (la Shaw Movietown) dans des dortoirs aménagés à cet effet. Bien entendu, une organisation de ce type est plus séduisante (économiquement parlant) sur le papier que dans la réalité, notamment pour les postes artistiques. Les grands réalisateurs ne tardent donc pas à se créer des clans d’habitués et à se constituer leurs propres équipes.

Côté technique, Run Run Shaw mise sur les dernières technologies en date pour drainer un maximum de spectateurs dans ses salles. Les plus représentatives sont la systématisation de la couleur à l’écran et le tournage en format large (le ShawScope).



Runme Shaw entouré de quelques stars de la SB

b. Le management humain

- Le personnel technique : Les employés des services techniques de la Shaw Brothers sont salariés comme dans n’importe quel type de société. Leurs salaires sont peu élevés et il leur est interdit de se syndiquer.

- Les acteurs : Les contrats types des acteurs sont établis pour une durée de 7 ans, période qui correspond à l’estimation de la durée moyenne d’une carrière (jusqu’à la trentaine pour les hommes et vingt cinq ans pour les femmes, âge auquel elles sont susceptibles de se marier). Les contrats sont très contraignants et peu favorables aux acteurs qui n’ont aucun contrôle sur leur carrière et passent de film en film, parfois plusieurs dans la même journée. Ils ne perçoivent pas de cachet mais un salaire mensuel relativement bas (quelques centaines de dollars hongkongais), une prime par film et un bonus si celui-ci s’avère être un succès commercial. Cette politique de rémunération implacable permet à la Direction de la Shaw Brothers de dégager d’énormes bénéfices.
Une fois leur contrat signé, les acteurs n’ont aucun moyen de contester les conditions d’exploitation des Shaw. Leur unique recours est de mettre définitivement fin à leur carrière et de quitter à jamais le milieu du cinéma…

- Réalisateurs et Direction : Ce sont les seules catégories d’employés qui ont droit à un certain égard de la part de la Shaw Brothers. Leurs salaires sont élevés car ils doivent être ménagés et surtout conservés par le studio. Autant il est aisé de remplacer un acteur, autant un metteur en scène de talent est un atout indéniable et rare qu’il est indispensable de garder en son sein.

 

5 : Les œuvres
a. Premiers grands succès critiques et publics

1959 marque le premier grand succès critique de la toute nouvelle Shaw Brothers. Li Han Hsiang, déjà fidèle parmi les fidèles, réalise alors pour le studio The Kingdom And The Beauty, huangmei diao avec la vedette populaire Linda Lin Dai. Le film remporte la même année le prix du Meilleur Film au 6ème Festival du Film Asiatique.
Trois ans plus tard, la reconnaissance se fait occidentale avec l’attribution du Grand Prix de la Commission Supérieure Technique du Cinéma Français au drame du même Li Han Hsiang, Yang Kwei Fei, pour sa maîtrise de la photographie couleur, à l’occasion du 15ème Festival du Film de Cannes.

Li Han Hsiang, toujours lui, offre également à la Shaw Brothers son premier grand succès commercial asiatique en 1963 avec The Love Eterne. Le film, un huangmei diao mettant en vedettes Betty Loh Tiet Ivy Ling Po, bat tous les records au box office de Hong Kong et de Taiwan.


Kingdom & Beauty

b. Les films de genre

Selon un phénomène identique à celui que l’on pouvait observer à Hollywood au temps des majors toutes puissantes, la Shaw Brothers s’engouffre alors dans le film de genre, très prisé par un public fidèle à ses stars et ses univers codés. Acteurs et metteurs en scène se retrouvent bien vite spécialisés dans un type cinématographique quelque peu cloisonné duquel ils auront beaucoup de mal à s’échapper.
Le studio offre ainsi une variété étonnante de genres : huangmei diao, comédies musicales (Les Belles, Dancing Millionairess), comédies romantiques, mélodrames prestigieux (Vermillion Door, Love Without End), drames historiques (Magnificent Concubine, Lady General Hua Mulan), arts martiaux…, auxquels il est facile d’associer acteurs et metteurs en scène habituels.

Vermilion Door

Les productions Shaw Brothers de cette première partie des années 60 se caractérisent par le fait qu’il s’agit d’un cinéma d’évasion (les préoccupations sociales n’arriveront qu’au début des années 70) presque exclusivement dominé par des vedettes féminines. Les hommes ne sont alors que des faire-valoir, charmants souffre-douleur condamnés à mettre les héroïnes en valeur.
De plus, bien que réalisé à Hong Kong, ce cinéma ne reflète en aucune manière la culture cantonaise. Au contraire, le cinéma mandarin dessine une Chine imaginaire destinée à un public d’exilés : exilés de Chine continentale à Hong Kong, mais également exilés chinois dans tous les Chinatown de la planète.

c. Un genre nouveau : le wuxia pian

- Le choc Come Drink With Me : Jusqu’à présent, les films d’arts martiaux sont considérés par le cinéma mandarin (dont la Shaw Brothers) comme des produits bas de gamme. La révolution vient d’une simple observation que fit Run Run Shaw en analysant le box office asiatique : les chambaras (films de samouraïs japonais) attirent de plus en plus le public chinois et deviennent de véritables succès populaires.
Chang Cheh est alors chargé, à titre d’expérimentation, de mettre en scène un wuxia pian intitulé Tiger Boy. Afin de limiter les dégâts en cas d’échec, le film est tourné en noir et blanc et sans véritable star (les futures « vedettes » de Temple Of The Red Lotus). Présenté par prudence en premier lieu à Taiwan, Tiger Boy rencontre un joli succès qui décide Run Run Shaw à lancer son studio dans une politique « wuxia » maison. Temple Of The Red Lotus (1965) de Chui Chang Wang, en couleurs cette fois-ci, est ainsi le premier film du genre à sortir à Hong Kong (l’œuvre séminale de Chang Cheh y étant encore inédite). Considéré par beaucoup comme le premier wu xia pian, il s’appuie sur quelques vedettes de Tiger Boy pour former un trio qui fera bientôt parler de lui : Jimmy Wang Yu, Chin Ping et Lo Lieh. Mais le résultat demeure un peu trop théâtral malgré les beaux combats de Liu Chia Liang. Le wuxia pian se cherche encore un peu…
Sous ces influences majeure, le style se définit rapidement comme la combinaison de l’âpreté et la violence des chambaras nippons avec les traditions wuxia chinoises.

C’est King Hu, un an plus tard, qui réalise le premier film de chevalerie martial (wuxia pian) véritablement révolutionnaire et qui restera le mètre étalon du genre pendant des années. Come Drink With Me, film initiateur de la vague du « néo wuxia » et d’une descendance pléthorique, propose en tête d’affiche deux nouvelles stars de la Shaw Brothers, Cheng Pei Pei et Yueh Hua, couple qui se retrouvera par la suite bien souvent réuni à l’écran.

La même année, pour promouvoir ses stars maison et fidéliser son public, le studio lance sa deuxième revue officielle, le Hong Kong Movie News. Dans le même temps, consécration internationale, le magazine américain Life publie un article impressionné sur l’usine à rêves hongkongaise.


Jimmy Wang Yu dans le Bras de la Vengeance (Return of the One-armed Swordsman)

- La seconde révolution wuxia : One-Armed Swordsman : Après deux expériences fort encourageantes (Temple Of The Red Lotus et Tiger Boy), Chang Cheh réalise un coup de maître avec la sortie de One-Armed Swordsman, événement sans précédent dans le cinéma local. Ce récit d’un héros masculin voué à souffrir autant qu’à faire souffrir engrange plus d’un million de dollars au box office hongkongais (premier film de la colonie à franchir ce cap) et propulse Jimmy Wang Yu au rang de première vedette martiale de la Shaw Brothers (les prétendants étaient alors nombreux, comme le plus « classique » Yueh Hua). Pour la première fois, le genre du wu xia pian accouche d’une œuvre violente et sanglante, portée par un chevalier torturé dans sa chair et dans son âme : les bases du style « yang gang » (« loyauté masculine » ou « staunch masculinity »), quelque peu ébauchées dans ses œuvres précédentes, sont posées par un Chang Cheh qui les déclinera pendant plus d’une décennie.

 

6 : Quelques départs vers d’autres cieux…

Le développement d’un empire ne se faisant pas sans heurts, d’autant plus si l’on évolue dans un milieu artistique peuplé de fortes personnalités, certains piliers de la Shaw Brothers seront amenés à quitter l’aventure au cours des années 60 et à émousser la structure du studio.

a. Des départs volontaires liés aux désirs d’émancipation

Li Han-hsiang prend la décision de quitter la Shaw Brothers en 1963 pour aller fonder à Taiwan sa propre compagnie, la Grand (Guolian) Motion Picture Company (une expérience qui prend fin en 1970 avec son retour dans le giron de Run Run).
Trois ans plus tard, en 1966, c’est au tour de King Hu de partir pour Taiwan. Pour lui, les adieux seront définitifs.
Avec ces deux défections, la Shaw Brothers se voit privée de valeurs sûres au box office.

Run Run Shaw est profondément marqué par ces départs qui ont pour effet, chez lui, de donner facilement leur chance à de jeunes metteurs en scène afin de renouveler son équipe de réalisateurs. Cette promotion bénéficiera à la fin des années 60 à Chu Yuan (protégé de Chun Kim) et au milieu des années 70 à Liu Chia Liang (chorégraphe de Chang Cheh).

b. Des événements tragiques

L’année 1964 est marquée par le suicide de l’extrêmement populaire actrice Linda Lin Dai. Dès lors, les tragédies ne cesseront pas de se succéder dans la deuxième partie des années 60. Betty Lo met fin à ses jours en 1968. En 1969, ce sont Margaret Tu Chuan et Chun Kim, metteur en scène cantonais personnellement recruté par Run Run Shaw quelques années auparavant, qui se suicident à leur tour.
Enfin, Peter Chan Ho, faire-valoir plein de charme, succombe quant à lui à un cancer.


Linda Lin Dai dans The Blue and the Black


7 : L’indiscutable apogée de la Shaw Brothers à partir de la seconde moitié des années 60
a. Un grand concurrent disparaît

Si la tragédie touche alors de plein fouet la Shaw Brothers, le studio n’est pas le seul à être victime du destin tragique de certains de ses piliers.
En 1964, la concurrente Cathay (MP&GI) perd dans un accident d’avion son directeur, Loke Wan Tho, ainsi que de nombreux précieux collaborateurs. Fort est alors de constater que malgré la poursuite de ses activités artistiques, le studio a perdu plus qu’un dirigeant : un véritable guide. La Cathay ne s’en remettra jamais et déclinera rapidement, laissant le champ libre à la Shaw Brothers triomphante.

b. Le cinéma cantonais en perte de vitesse

La seconde moitié des années 60 voit le déclin du cinéma populaire cantonais qui s’écroule littéralement au début de la décennie suivante. Profitant d’une importante production en mandarin, la Shaw Brothers augmente ses parts de marché.

c. L’arrivée de nouvelles stars

Conscient de l’impact des vedettes sur les foules, à l’image des idoles américaines, le studio s’empresse de trouver des remplaçantes à celles l’ont quitté.
Le vivier féminin est alors renouvelé avec notamment l’arrivée de Jenny Hu, Lily Ho, Li Ching, Cheng Li, Cheng Pei Pei et Ching Ping.
Les stars masculines occupent quant à elle une place de plus en plus importante dans la cosmogonie cinématographique locale. De simples faire-valoir d’actrices, les acteurs deviennent à leur tour des stars adulées par le public grâce au succès des wu xia pian et de leurs héros masculins. Les premiers à en profiter sont Jimmy Wang Yu, Yueh Hua et Lo Lieh, suivis quelques années plus tard du duo magnifique David Chiang et Ti Lung.


Princess Iron Fan avec Lily Ho et Cheng Pei Pei

d. Les œuvres

En cette deuxième partie des années 60, le wu-xia pian est incontestablement le genre dominant sur les écrans hongkongais et donc à la Shaw Brothers. Chang Cheh demeure toutes ces années le maître du genre et livre des classiques à la pelle : The Magnificent Trio, The Trail Of The Broken Blade, One-Armed Swordsman, The Assassin
Huangmeng diao et drame sont quelque peu relégués en arrière plan mais pas pour autant abandonnés : il faut satisfaire tous les publics !
Une nouvelle co-production avec le Japon est mise en chantier : la Shaw Brothers s’allie en 1967 à la Nikkatsu pour réaliser une parade asiatique au phénomène mondial « James Bond ». Asia-Pol réunit ainsi les stars hongkongaise Jimmy Wang Yu et japonaise Jo Shishido (acteur fétiche de Seijun Suzuki) pour un récit d’espionnage réalisé par Mak Chi Woh, et Mastuo Shoden.

 
 
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