Même si la Shaw and Sons tire son prestige de son star-system, les metteurs en scène constituent probablement la véritable épine dorsale de la compagnie. Au fil des ans, elle en a employé presque une douzaine, mais quatre d’entre eux, tous originaires de Shanghai ou de Chine du nord, s’affirment comme des talents majeurs.
Wang Yin est le premier cinéaste maison de la Shaw. Versatile et prolifique, il réalise une douzaine de films en quatre années, dans une variété de genres allant de la comédie au film à costumes.
Le deuxième grand talent des premières années est Tu Guangqi qui se spécialise dans le mélodrame romantique ou familial. Cinéaste vagabond, il travaille autant pour les Shaw que pour des studios rivaux.
Scénariste talentueux, Doe Ching s’impose rapidement comme le grand spécialiste du wenly, genre auquel il apporte une élégance et des qualités dramatiques rares. Entre 1954 et 1956, il s’affirme comme le cinéaste clé des studios, réalisant 14 films en trois ans.
Yan Junest un cas à part puisqu’il s’avère être autant un acteur de premier plan qu'un metteur en scène réputé. Son premier film pour les Shaw est Orphan Girl dans lequel il tient le rôle masculin principal et qui vaut un prix d'interprétation à sa jeune co-vedette Josephine Siao Fung Fung, alors âgée d'une dizaine d'années. Il réalise cinq autres longs métrages entre 1956 et 1957, dont deux films policiers, son genre de prédilection.

Les quatre cinéastes majeurs de la Shaw and Sons : Wang Yin, Tu Guanqi, Doe Ching et Yan Jun
Malheureusement, l’année 1956 voit la Shaw and Sons connaître quelques sérieux revers avec ces cinéastes. C'est ainsi que Wang Yin décide de délaisser pour un temps la mise en scène afin de ce concentrer sur sa carrière d'acteur, Tu Guanqi se fait moins prolifique pour les Shaw alors que Doe Ching quitte la Shaw and Sons pour rejoindre un studio rival. Ces graves pertes sont toutefois en partie compensées par l'entrée en scène d'un nouveau venu, Li Han Hsiang, un cinéaste qui s'impose rapidement tant dans la comédie que le wenly, notamment avec The Mellow Spring, mélo racontant l’histoire d’une poignée de réfugiés nordistes dans une nouvelle ville.

Li Han Hsiang

Photographies extrais de Mellow Spring (1956), un wenly de Li Han Hsiang mettant en vedette Linda Lin Dai et Zhao Lei
|