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Histoire des frères Shaw, des origines à la Shaw Brothers
L'Age héroïque : 1925-1950 2/7 - Page 3
Infos
Auteur(s) : Yves Gendron
David-Olivier Vidouze
Date : 19/3/2008
Type(s) : Information
 
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Personnes :
Run Run Shaw
Runde Shaw
Runje Shaw
Runme Shaw
Films :
Heroine Li Feifei
Humanities
The Love Eternal
New Leaf
Studios :
Unique Film Company
 
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La famille Shaw

Fils de Shao Yuh Hsuen (1967-1920), négociant en pigments de Zhenhai résident à Shanghai, et Wang Shun Xiang (1871-1939), Shao Zuiweng, Shao Cunren, Shao Renmei et Shao Yifu sont issus de la quatorzième génération d'une famille qui remonte à la dynastie Ming. Des dix enfants qu'a eu le couple et parmi les sept bébés ayant survécu aux premiers jours, les quatre garçons se verront tous plus tard affublés du préfixe malais " Run " (ou " Ren ") qui signifie " bienveillance et générosité ". Ils seront alors connus sous les noms de Runje (Renjie), Runde (Rendi), Runme (Renmei) et Run Run (Renleng) Shaw).

Portrait de famille datant du début des années 20
de gauche à droite Runje, Run Fun, Run Run, la matriarche Wang Shun Xiang, Runme, Runde.
En avant le fils de Runje.


Runje Shaw le pionnier et les débuts de la Unique Production

Runje Shaw (Shao Zuiweng), l'aîné de la fratrie, est né en 1896 à Shanghai. C'est en 1914 qu'il sort diplômé en droit de l'Université de Shenzhou et qu'il commence à exercer la profession d'avocat à la court du district de Shanghai. Quelque temps plus tard, il devient juriste puis gérant de la banque franco-chinoise Chen Ye située dans la Concession française, tout en travaillant au sein de la Huayou Egg Factory. Homme d’affaires avisé et dynamique il est impliqué dans au moins deux douzaines de manufactures incluant des fabriques de teintureries, de papier, de sucre etc. Parallèlement à cette vie professionnelle industrieuse et quelque peu austère, l'attirance qu'il éprouve pour le spectacle le pousse à s'adonner à l'écriture de pièces de théâtre destinées aux nombreuses petites salles qui ouvrent alors à Shanghai.

En 1923, sa passion grandissante pour les arts entraîne Runje à reprendre un théâtre en faillite, le Xiao Theatre (« Petit Théâtre »), qu'il rebaptise bientôt le Laughter Theatre (« Théâtre du rire »). Cette opération motivée par le cœur plus que par la finance lui permet enfin de mettre un premier pied dans le monde du divertissement. Toutefois, on raconte également que Runje Shaw reçut le théâtre en règlement d'une dette, version de l'histoire bien moins féerique...

La même année, Shanghai fait un triomphe au film Orphan Rescues Grandfather (Gu'er Jiu Zu Ji), produit par la Star Film Company (Mingxing). Runje décide alors de profiter de ce nouvel engouement du public pour ce qui n'est pas encore appelé le « 7 ème Art » et fonde en 1925, avec un capital de 50 000 $ la Tianyi Film Co. (" Tian " signifiant " ciel " et Yi " premier " ) connue aussi comme la Unique Film Production en langue anglaise.

Runje, manager et metteur en scène, est très vite rejoint aux postes de scénariste et de comptable par son deuxième frère, Runde Shaw (Shao Cunren), puis par le troisième Runme Shaw (Shao Renmei), pour s'occuper de la distribution (ce dernier étant ponctuellement aidé par le benjamin Run Run Shaw (Shao Yifu), encore étudiant à l'université de la Shanghai). Il engage également une jeune vedette célèbre, Butterfly Wu, pour jouer les premiers rôles féminins afin d’aider à lancer ses films.

Les trois frères Shaw (Runme, Runje et Runde) présentent leurs actrices

Plusieurs sources identifient New Leaf / Li Di Cheng Fo comme le tout premier film des studios Tianyi. D'autres cependant affirment plutôt qu'il s'agirait de That Man from Chan'an/Wang Min Daai Hap à l'origine une pièce de cape et d'épée chinois. Écrite semble-t-il par Runje lui-même et joué à son Laughting Theatre où il aurait rapporté un franc succès. Suivront par la suite Heroine Li Feifei (1925), Humanities (1926), The Love Eternal ou The Disheartening Story of Liang Shanbo and Zhu Yingtai (1926), Mengjiang Nü (1926) et Sun Xingzhe Dazhan Jinqianbao (1926). Aussi à l’aise en tant que cinéaste, homme d’affaires ou producteur, c’est Runje lui-même qui tourne ces productions ou qui les supervise étroitement. En moyenne, les studios réussissent à produire à cette époque un film par mois.

En ce milieu des turbulentes années 20, Runje n'est qu'un des nombreux pionniers, amateurs tâtonnants, qui se lancent dans l'aventure naissante du cinéma chinois alors à ses premiers balbutiements en tant qu'industrie du divertissement. C'est un microcosme bouillonnant qui mêle authentiques passionnés de cinéma et hommes d’affaires souvent peu scrupuleux à la recherche du profit immédiat (et ayant finalement peu foi dans le nouveau media). Studios, salle de cinéma, sociétés de distribution apparaissent par dizaines chaque année, produisent des douzaines de films et font travailler des centaines d'individus, des simples techniciens et artisans, aux acteurs, scénaristes et metteurs en scènes, sans oublier les hommes d'argent, producteurs, distributeurs ou propriétaires de salles. Le caractère férocement compétitif du marché cinématographique ainsi que le financement souvent peu orthodoxe et aléatoire de nombreuses sociétés locales (bénéfices commerciaux, héritages, blanchiments d'argent, gains de jeu…) entraînent une certaine volatilité et précarité des acteurs du marché. Ainsi, les banqueroutes s’avèrent être aussi fréquentes que les succès éclairs, moult entreprises ne parvenant même pas à mener à terme leurs projets. Parmi les nouveaux grands noms du cinéma, Runje a cependant tôt fait de s'imposer, aidé en cela par sa triple expertise de financier, d'avocat et d'homme de théâtre. Unique propriétaire de son studio, il est son propre patron, exerce un contrôle total sur son entreprise et en retire tout les bénéfices.

Le dynamisme de son industrie cinématographique place alors Shanghai sur la carte des grandes métropoles du 7ème Art, créant de ce fait un véritable Hollywood de l’Asie.

 

Entre traditions chinoises et commerce

Au début du cinéma, nombre d’intellectuels, écrivains, scénaristes et metteurs en scènes ont vu dans ce nouveau media le moyen idéal pour atteindre les masses et passer des messages sociaux ou politiques. La Chine troublée des années vingt et trente représente un environnement parfait pour pareille récupération idéologique, menée essentiellement par des militants progressistes largement présents au sein de l’industrie cinématographique locale. Pour autant, les studios Tianyi ne font montre d’aucune velléité politique, bien au contraire : en homme d’affaires pragmatique, Runje Shaw envisage les films comme de simples produits de consommation courante, destinés à divertir le public, pas comme des brulots anti gouvernement mettant les images au service de la doctrine (dans le même esprit, Runje refuse « l’art pour l’art »!). Pour lui, le cinéma doit s’appréhender comme un produit manufacturé dont la production est soumise au marché et donc régie par les lois de l’offre et de la demande. En conséquence, il serait aisé de résumer la stratégie commerciale de la Tianyi en quelques préceptes simples : des budgets peu élevés, une production rapide et une offre abondante.

Tournées à peu de frais dans un laps de temps très court et en très grand nombre, les productions de la Tianyi Film Co sont de qualité générale très moyenne, tout en se gardant toutefois d’être de bêtes productions bâclées. En outre, ces antécédents d’homme de théâtre populaire ont donné à Runje Shaw un instinct sûr pour anticiper ce que le public désir voir sur grand écran et livrer la marchandise en conséquence. Là réside essentiellement la raison de son énorme succès.

La production de Tianyi Film Co se tourne ainsi principalement vers le cinéma d’évasion. Un de ses tout premiers films (le premier même, selon certaines sources), New Leaf / Li Di Cheng Fo, prend la forme d'une fable moralisante qui narre la conversion d’un seigneur de guerre en moine et de ses soldats en travailleurs ouvriers; un conte contemporain à saveur bouddhiste conçue pour répondre au profond désir de paix des spectateurs chinois dans cette période trouble. Autre particularité, les films de la Tianyi sont des films en costumes, adaptations de contes folkloriques très familiers aux Chinois (histoire de Hua Mulan, des trois royaumes ou des célèbres « amoureux papillon ») ou récits de cape et d’épée wuxia (That Man In Changhan). Mais quel que soit le genre abordé, les productions Tianyi louent toujours les vertus traditionnelles confucéennes telles que la piété filiale, présentée comme un rempart contre les valeurs occidentales envahissantes. C’est le seul véritable « message » jamais autorisé par Runje dans ses films !

 

Photos des deux premiers films de la Tianyi Film Co Ltd : A New Leaf et Heroine Li.

 

Runje Shaw entre caid et marchand de soupe

Le succès fulgurant rencontré par la Tianyi Film Co. est doublement mal perçu, autant par une concurrence envieuse que par la nouvelle intelligentsia progressiste du 7ème Art (metteurs en scène, auteurs, critiques). Ces derniers, les plus virulents, reprochent tout d’abord à Runje Shaw de diffuser des valeurs réactionnaires à travers ses films, mais aussi de rabaisser le niveau de qualité général du cinéma chinois par une production pléthorique et inégale. Le mogol est ainsi taxé de vulgaire marchand de soupe sans envergure, critique reprise beaucoup plus tard par nombre d'historiens du cinéma chinois qui consacreront fort peu d'attention dans leurs ouvrages à la Tianyi et en parleront souvent de manière fort peu flatteuse. Toutefois, il ne fait aujourd’hui aucun doute que la stratégie commerciale de Runje, principalement basée sur l’adaptation de contes ou de fables à la fois familiers et traditionnels, et l’énorme succès qu’il rencontra auprès du public, contribua à bâtir chez le spectateur chinois les fondements d’une culture cinématographique populaire locale.

Patron exigeant, autoritaire voire tyrannique, Runje est également un radin consommé qui, même si ses films lui rapportent des gains considérables, n’en paye pas moins un strict salaire minimum aux employés de la Tianyi. Il met notamment un point d’honneur à ce qu’une très grande part des profits réalisés par son studio soient réinvestie dans l’achat ou la location des meilleurs équipements et plus belles salles, permettant de la sorte une amélioration constante de la qualité des productions et l’utilisation des dernières innovations technologiques qu’il importe à grands frais des Etats-Unis et du Japon.

Ses frères étant ces principaux collaborateurs, l’organisation quasi « clanique » de la Tianyi permet une centralisation des pouvoirs et des capitaux dont bien peu de cinéastes ou même de producteurs chinois peuvent se prévaloir à l’époque. Aussi féodale et autocratique soit il, ce mode de fonctionnement n’en n’est pas moins des plus efficace et stable, et constituera ainsi une des grande forces des entreprises Shaw à travers les décennies.

Portique de la Tianyi Film Co a Shanghai

Si Runje fait louange des vertus chinoises dans ses longs métrages, il semble que dans la vraie vie son sens pratique des affaires s’embarrasse fort peu de scrupules. Une de ses tactiques favorites est de s’emparer du sujet d’un film alors en préparation au sein d’un studio rival et d’en livrer une version plus rapidement sur le marché, laissant ainsi à la production de son concurrent un certain goût de réchauffé… Nombre de compagnies rivales poursuivent la Tianyi pour vol d’idées, mais l’expérience de Runje en tant qu’avocat fait qu’il remporte toujours ses procès. Pire encore, il arrive souvent que se soient les rivaux déboutés qui finissent par régler les frais de justice ! À ce petit jeu, Runje voit son entreprise grandir bien vite mais se fait également quantité d’ennemis bien décidés à abattre cet homme immoral.

Son esprit de famille et son sens des affaires peuvent aussi parfois se télescoper de façon plus qu’originale : dépité par les cachets exorbitants des premières vedettes féminines de ses films et par leurs départs de la compagnie une fois qu’elles ont atteint la célébrité, Runje décide de résoudre cet épineux problème en prenant pour deuxième épouse l’actrice Chan Yoke Mui et en la promouvant dans la foulée au statut de vedette ! Ainsi mariés, Chan ne pourrait par le quitter et ses forts raisonnables cachets resteraient dans la famille. Une bonne manière pour lui de contrôler les coûts de productions... Quelque temps plus tard, Chan Yoke Mui gagne le prix de la Meilleure Actrice dans un concours organisé par un journal local, The Star Daily. Le sentiment général de la profession est que Runje a manipulé le jury afin que celui-ci vote en faveur de Chan, rumeur qui donne une idée de son influence présumée et de sa – mauvaise - réputation.

 
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