Hong Kong Cinemagic
Version française English version
 Critiques   Forum   Facebook  
 Personnes
 Films
 Studios
 Lexique
 Vos réglages

Rech. HKCine
Utiliser la Recherche Google
>> Aide

 Réalisateurs
 Acteurs
 Techniciens
 Producteurs

 Arts martiaux
 Action / Polar
 Comédie
 Drame & Opéra
 Catégorie 3

 Shaw Brothers
 Comptes rendus
 Industrie du film
 Culture et société

 Tests DVD Z2 VF
 Tests DVD SB Z2
 Autres Tests DVD
 Bibliographie
 Guide d'achat

 La Catégorie 3
 Héros handicapés
 Le Japon et HK
 Index des Archives

 BOF & Musique
 PDF & E-books
 Livre d'or VIP

 Plan Du Site
 Archives des éditos
 Aide à la Navigation
 Rédaction
 Historique
 Liens Web
 Le ciné HK et nous
 Livre d'or
 Remerciements
 HKCinemagic 2

Statistiques :
11630 Films
19215 Personnes
1448 Studios
230 Articles
82 Interviews
155 Tests DVD
32452 Captures DVD
3722 Vidéos
Histoire des frères Shaw, des origines à la Shaw Brothers
L'aventure de la Shaw and Sons : 1950-1960 4/6 - Page 12
Infos
Auteur(s) : Yves Gendron
David-Olivier Vidouze
Date : 19/3/2008
Type(s) : Information
 
 Liens du texte  
Personnes :
Grace Chang
Billy Chong Chun Lai
Doe Chin
Li Han Hsiang
Li Lihua
Jeanette Lin Tsui
Linda Lin Dai
Loke Wan Tho
Run Run Shaw
Runde Shaw
Runje Shaw
Julie Yeh Feng
Lucilla Yu Ming
Zhang Yang
Zhao Lei
Films :
Calendar Girl
Diau Charn
He Has Taken Him For Another
Black Jim va tout casser
Kung Fu From Beyond The Grave
Love With An Alien
Mambo Girl
Miss Evening Sweet
The Orphan Girl
Our Sister Hedy
Articles :
L'opéra Huangmei ou Huangmei diao
Studios :
Cinema City & Films Co.
Great Wall Pictures Corporation
Motion Picture & General Investment Co. Ltd
Shaw And Sons, Ltd
Shaw Brothers
Unique Film Company
 
< Précedent
Page 11 : La Shaw and Sons pan asiatique
 
Suivant >
Page 13 : Les Shaw cantonais et malais


1 : Arrivée d'un dangereux rival

Vers le milieu des années 50, de nombreux studios mandarins hongkongais disparaissent ou sont absorbés par de plus gros. Si la Shaw and Sons n’est pas réellement inquiétée, elle doit désormais faire face à une compétition plus forte venant de certains studios maintenant plus grands et mieux organisés, tels que la Great Wall et surtout la Motion Picture and General Investment Co. Ltd. (ou MP & GI, nom chinois : Dianmao ).

La MP & GI a été fondée par un Chinois originaire de Malaisie, Loke Wan Tho, qui, comme Runje Shaw jadis, s’avère être un astucieux homme d’affaires doublé d’un esthète, doté d’un véritable goût et non moins bon flair pour le cinéma. Débute alors entre les deux compagnies une rivalité féroce qui durera presque une décennie.


Sigle de la MP & GI LTH

La MP & GI remporte la première manche dès 1957 avec la production d’une série de mélodrames et de films musicaux contemporains à succès tels Mambo Girl/ Man Bo Nu Lang, Our Sister Hedyet Calendar Girl. Au delà de l'emploi de techniques cinématographiques récentes qui donne aux longs métrages une qualité visuelle parmi les plus belles de tout le cinéma hongkongais, ces films doivent l'essentiel de leur succès à leurs vedettes féminines, vivaces et charismatiques, Grace Chang, Jeanette Lin Tsui, Julie Yeh et Linda Lin Dai. Autre raison du grand succès des productions MP & GI, la peinture des réalités sociales et culturelles les plus modernes et occidentalisées de la colonie hongkongaise. L’idéologie conservatrice et traditionnelle typique des Shaw paraît bien dépassée en comparaison. Comble de tout pour la Shaw and Sons, deux des plus grand atouts de la MP compte parmi leurs anciens employés : le réalisateur à succès Doe Ching et l'acteur Zhang Yang un jeune premier que la Shaw avait tenté de faire une vedette, statut enfin atteint pour l'acteur mais avec un autre studio.

 

A gauche, trois des quatre sirènes de la MP & GI : Grace Chang, Linda Lin Dai et Jeanette Tsui.
A droite, Grace Chang et le comédien plein de charme Peter Chen Ho dans Mambo Girls.


2 : Vedettes d'occasion

Si, dans ses premières années, la Shaw and Sons réussit à réunir une belle brochette de vedettes, celles-ci ont pour habitude de rapidement quitter le studio, après trois ou quatre films réalisées sur une période de deux ans, tout en jouant en parallèle dans les longs métrages de studios rivaux. Originaires du vieux cinéma de Shanghai pour la plupart, ces acteurs ont déjà une renommée solidement établie et n'ont pas besoin de s'inféoder exclusivement à un studio pour assurer la poursuite de leur carrière. Li Lihua est la seule qui demeure chez les Shaw plusieurs années (bien que continuant de travailler toujours pour d’autres), apparaissant dans un total de 14 films entre 1952 et 1956. Malheureusement, elle aussi déserte les Shaw au cours de l’année 1956.

La quasi impossibilité, pour la Shaw, de retenir ses vedettes de manière durable, a constitué un frein indéniable à la création d’un star-système " à l’américaine ". C’est à l’époque un des problèmes majeurs du studio qui tentera, à l’avenir, d’en corriger les causes et les effets.

Li Lihua aux côtés de Victor Mature dans son seul film hollywoodien, China Dolls, réalisé en 1958

La Shaw and Sons cherche alors à former ses propres vedettes maison et réussit à lancer avec succès deux talents prometteurs, Lucilla Yu Ming et le jeune premier Zhao Lei. Au total, ces acteurs sont apparus dans 19 et 22 films respectivement au cours des huit années de productions de la Shaw and Sons, de loin des vedettes les plus prolifiques et fidèles au studio. Malgré leur contrat d’exclusivité, ils ne suffisent pas à la construction d’un star-system solide et les tentatives pour tenter d'établir d'autres vedettes maisons n’est pas concluant.

Lucilla Yu Ming et Zhao Lei

Ironiquement, c'est en allant chercher dans les écuries de son grand rival, la MP & GI, que la Shaw and Sons trouve une de ses vedettes glamour qui lui font tant défaut : le studio recrute ainsi en 1956 Linda Lin Dai, lui fait signer un contrat et tourne son premier film Orphan Girl. Un an plus tard, la Shaw récidive en partie en engageant une autre vedette féminine de la MP & GI, Jeanette Lin Tsui, pour deux films, Miss Evening Sweet/ Ye Lai xiang et He has taken him For Another/ Yi Hua jie Mu. La MP& GI prend sa revanche peu après en recrutant à la fin de son contrat avec les Shaw Lucilla Yu Ming pour ses propres studios. L’actrice part ainsi rejoindre l'ancien jeune premier Shaw, Zhang Yang. Les Shaw perdent donc la seule vedette féminine maison que leurs studios avaient réussi à former par eux-mêmes. Toutefois, cela ne dut pas être un revers des plus conséquent puisque Linda Lin-Dai s'étaient déjà imposée comme la grande vedette féminine des Shaw et une des meilleures actrices du cinéma mandarin de sa génération.

 


A gauche, trois transfuges de la Shaw and Sons : l'acteur/réalisateur Wang Yin, le jeune premier Zhang Yang et Lucilla Yu Min, tous trois vedettes de la production MP & GI Her Tender Heart .
A droite la reine des Shaw, Linda Lin Dai

 

3 : Stagnation de la Shaw and Sons

Gérée d’une manière des plus austère et conservatrice, la Shaw and Sons perd rapidement du terrain face à son nouveau grand rival, la MP & GI, qui emploie des méthodes de gestions plus efficaces et modernes. Ce qui n'aide pas, c'est le désintéressement de Runde envers la production de films. Homme d'affaire d'abord et avant tout, il concentre son attention dans l’investissement immobilier de même que sur l’achat de terrain et la construction de nouvelle salles.

De nouvelles règles d’urbanisation interdisent désormais l’installation de studios de cinéma dans des zones urbaines. Runde revend le studio de la Shaw and Sons, appelé le Kowloon City Studio, et acquiert un terrain sur Nathan Road, une des artères principal de Hong-Kong. C’est à cet endroit qu’il fait construire le Shaw Building dans lequel il installe une prestigieuse salle de cinéma au rez-de-chaussée. Il achète également un important lot de terrains de 46 hectares à Clearwater Bay, situé au nord des territoires de la colonie hongkongaise, pour le prix dérisoire de 1,46 US$ le mètre carré. Le faible coût d’acquisition s’explique alors par la localisation jugée dangereuse : le lieu est en effet considéré comme une zone à risque puisque situé proche de la frontière chinoise et donc susceptible d’être envahi par la Chine populaire. C’est là que Runde planifie de construire de nouveaux studios. Il n’en n’aura cependant pas l’occasion.

Si la situation des circuits de distribution Shaw est florissante en Asie du Sud-Est, à Hong-Kong même il en est tout autrement : jusque-là en pleine expansion, la société est désormais entrée en stagnation. La négligence de Runde impacte aussi directement les productions de la Shaw and Sons qui ne sortent plus de manière régulière et voient leur qualité décliner. Cela inquiète de plus en plus Runme et Run Run qui, même s’ils disposent de leurs propres studios dans leurs fiefs respectifs d’Asie du Sud-Est, restent dépendants de l’approvisionnement en films de la Shaw and Sons. De plus, la MP & GI qui est basée à Singapour constitue un rival menaçant pour eux comme pour Runde à Hong-Kong. Les pressions des frères cadets sur leur aîné n’ayant pas abouti à des résultats concrets, Run Run Shaw décide en 1957 de quitter sa base de Singapour pour se rendre à Hong-Kong et prendre en charge le département production de la Shaw and Sons afin de chercher à rectifier la position de plus en plus précaire des studios. Il imagine alors que son séjour à Hong Kong sera d’un an tout ou plus.

 

4 : Diau Charn point d’orgue de la Shaw and Sons.

Avec l’arrivée de Run Run à la direction de la production, la Shaw and Sons commence aussitôt à réaliser des films de toute autre envergure et beaucoup plus ambitieux, tel Love With an Alien, production pan-asiatique tournée en couleur. Encouragé par ce nouveau contexte et fort du succès de ses dernières réalisations personnelles, le metteur en scène Li Han Hsiang parvient à convaincre la direction de produire un film à costumes au budget élevé, tenant autant de l’opérette que du conte historico-folklorique (genre dont les frères Shaw s’étaient faits une spécialité trente ans plus tôt, lors de l’ère de la Tianyi Film Co. de Shanghai). Il s’agit du long métrage Diau Charn, une luxuriante production photographiée dans de superbes couleurs chatoyantes, et qui s’avère un succès tant critique que populaire sans précédent pour la Shaw and Sons. Le film rapporte 300 000 HK$, un record pour un film mandarin hongkongais. Il obtient également cinq récompenses majeures au 5 ème Festival du Film Asiatique, parmi lesquelles celles du Meilleur Réalisateur pour Li Han Hsiang et de la Meilleure Actrice pour sa vedette féminine Linda Lin Dai (prix qui consolide son statut de star dominante chez les Shaw). Enfin, le succès du film contribue à lancer un genre cinématographique typiquement chinois, le drame musical ou huangmeng diao, qui marquera le cinéma hongkongais pendant presque une décennie et fera la fortune des frères Shaw.

 

 

Affiche de Diau Charn, Li Han Hsiang recevant un prix.

 

Linda Lin Dai et Zhao Lei.

 

5 : Changement de garde chez les Shaw

Diau Charn marque le point d’orgue de la Shaw and Sons. Suite au succès du film, Run Run et Runde s’entendent pour une nouvelle direction à donner dans la production de longs métrages. Run Run décide de fonder et diriger son propre studio tandis que Runde abandonne la production pour se concentrer uniquement sur la distribution.

Run Run reprend les infrastructures de production mises en place par son frère, les vedettes sous contrat, les plateaux de tournage, les équipes techniques et les metteurs en scène. Runde lui cède aussi, moyennant finances, le vaste lot de terre qu’il a acheté à Clearwater Bay et sur lequel il avait l’intention de bâtir de nouveaux studios (initiative qui sera reprise par Run Run). Les longs métrages produits par la nouvelle entreprise seront distribués dans le réseau de la Shaw and Sons jusqu'à se que Run Run ait constitué son propre circuit de salles.

Après plus de 20 ans passés à la tête de son propre studio, l’aventure cinématographique de Runde Shaw prend maintenant fin. Le deuxième frère possède toujours son circuit mais désormais il ne produira plus de films et c'est en tant que propriétaire de circuit de salles et membre de la grande famille Shaw qu'il apparaitra désormais à nombre de festivals ou célébrations officielles. Runde vivra encore 15 ans avant de décéder à l’âge de 75 ans en 1973. Le premier des frères Shaw à mourir…

Runde (dernier à gauche), Run Run (dernier à droite) Runme (assis au centre), officiant au 11 ème Festival du Cinéma Asiatique de Taiwan, accompagnés de 11 vedettes étincelantes de la Shaw.

Finalement, la Shaw and Sons finit par vendre son circuit de distribution à la Cinema City qui, assez ironiquement, s’imposera comme un des grands rivaux des Shaw Brothers au tournant des années 80. L'histoire de la Shaw and Sons n’est toutefois pas encore complètement terminée : ainsi, après vingt-cinq années d’absence du grand écran, le début des années 80 voit la Shaw and Sons retourner pour une brève période à la production de films suite à l’initiative d'un des propre fils de Runde. La compagnie produira alors une poignée de longs métrages, notamment quelque production kung-fu mettant en vedette l'acteur martial Billy Chong : Kung Fu Executioner et Kung Fu From Beyond the Grave. L’aventure sera cependant sans lendemain. De nos jours la Shaw and Sons existe encore mais s’est entièrement reconvertie dans l’immobilier.

Avec la Shaw and Sons, Runde Shaw chercha à relancer le studio familial dans la production de films. Malheureusement, il manquait de vision pour faire de cette société un studio dominant et se laissa finalement supplanter par la MP & GI. Rétrospectivement, malgré les moyens et les vedettes mobilisés, il semble que bien peu de films issus de cette période peuvent prétendre au statut d’œuvres vraiment marquantes (comparés aux productions de sa rivale, en tout cas). Elle aura néanmoins concouru à la réalisation de quelques un des premiers films de futurs cinéastes majeurs tels que Li Han Hsiang et Doe Ching.

Alors que les classiques de la MP & GI sont de nos jours facilement disponibles, les productions de la Shaw and Sons restent encore hors d'atteinte. Il s'avère donc impossible de faire une évaluation consciencieuse des films Shaw réalisés à cette époque. La Shaw and Sons et Runde Shaw pourront prendre leur véritable place dans l’histoire du cinéma hongkongais le jour où leurs œuvres seront à nouveau visibles.

 
Page :  1  2  3  4  5  6  7  8  9  10  11  12   13  14  15  16  17  18  Top
Précedent :
Page 11 : La Shaw and Sons pan asiatique
Suivant :
Page 13 : Les Shaw cantonais et malais

 Publicité avec Google AdSense   Participer au site   Contact   FAQ   Utilisation contenu du site   Disclaimer   Rapport d'erreur  
copyright ©1998-2013 hkcinemagic.com