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Histoire des frères Shaw, des origines à la Shaw Brothers
L'Age héroïque : 1925-1950 4/7 - Page 5
Infos
Auteur(s) : Yves Gendron
David-Olivier Vidouze
Date : 19/3/2008
Type(s) : Information
 
 Liens du texte  
Personnes :
Run Run Shaw
Runje Shaw
Runje Shaw
Sit Kok Sin
Films :
The Nightclub Colours
Platinum Dragon
Studios :
Unique Film Company
Lexique :
Wu Xia Pian
 
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Tandis que les années trente voient Runme et Run Run se construire un véritable petit empire en Asie du Sud-Est, Runje Shaw, à Shanghai, est confronté à de nombreux bouleversements tant techniques que sociopolitiques appelés à affecter fortement la destiné de son entreprise, le plus important d’entre eux étant l’émergence du cinéma parlant. Pour Runje et ses frères, il s'agit de ne pas passer à côté de ce nouveau procédé technologique susceptible d'avoir d'énormes répercussions économiques.

La venue du cinéma parlant

Le Premier film sonore "Le Chanteur de jazz / The Jazz singer " (1927) arrive à Singapour en 1929 et, comme dans le reste du monde, y rencontre un immense succès. Si ce n'est pas véritablement un film parlant, mais plutôt sonorisé, il provoque un certain affolement dans les sociétés de production et chez les propriétaires de salles qui ne sont naturellement pas du tout équipées en matériel sonore. Conscient des enjeux que représentait cette nouvelle technologie, Runje Shaw se lance promptement dans l'aventure et la Tianyi Film Co sort en 1931 le premier film sonorisé d'Asie, The Nightclub Colours (Gechang Chunse). Au lieu d’acheter leurs équipements comme le faisaient la plupart des compagnies rivales, Runje Shaw envoie Run Run Shaw en Amérique afin de les louer à moindre prix. Des techniciens spécialisés américains sont également engagés pour manipuler l’équipement et former le personnel local. Une fois la nouvelle technologie maîtrisée, ils sont renvoyés à leur pays. Cette stratégie permet alors au studio de gagner un précieux temps sur la concurrence et beaucoup d’argent.

A cette même époque, la Tianyi Film Co. s’essaie également à la pellicule couleurs. C’est un échec mais la tentative démontre néanmoins que derrière le mode de gérance et le choix de genres toujours très conservateurs au sein du studio se trouvent une indéniable audace et non moins forte ambition.

La crise de 1932 - l’intermède engagée de la tianyi

En 1931, le Japon militariste bien décidé à se tailler un empire colonial en terre asiatique, envahit la Chine du Nord et part à la conquête de la Mandchourie. Cette agression provoque un émoi considérable parmi les Chinois et se traduit par de nombreuses manifestations anti-japonaises, particulièrement agitées à Shanghai où réside une importante communauté nippone. Sous prétexte de protéger ses concitoyens expatriés, le Japon envoie des troupes armées le 28 janvier 1932 pour occuper une partie de la ville. La résistance inattendue de l’armée nationaliste chinoise qui y est stationnée conduit rapidement à une violente escalade de la part des troupes nippones. Des quartiers entiers sont rasés par des bombardements aériens qui causent des milliers de morts et provoquent des dégâts matériels considérables. Le siège puis l’occupation de Shanghai durent jusqu’à ce que l’armée chinoise batte en retraite après une héroïque résistance de plusieurs semaines en mars 1932.

 

Des troupes japonaises envahissent Shanghai en 1932

L’invasion de Shanghai et les conflits qui en résultent compromettent pour un temps tout effort de production et de distribution de l’industrie cinématographique locale. Les affrontements dévastateurs provoqués par l'assaut japonais et la vaillante mais vaine résistance chinoise marquent durablement les esprits. Ramené brutalement à la réalité par l’agression japonaise et ses conséquences dramatiques, le public est maintenant animé par puissant un sentiment de révolte et d’hostilité, non seulement envers les Japonais mais également contre les injustices et les inégalités flagrantes de la société où règne un capitalisme sauvage. De nombreux studios de gauche profitent de cette opportunité pour produire de nombreux films engagés et une grande partie du public se met à se détourner des genres jusque-là populaires. Films romantiques, contes folkloriques et récits wuxia sont délaissés, les spectateurs se tournant maintenant vers les films progressifs et patriotiques reflétant des préoccupations actuelles, tant sociales que nationalistes.

Jusqu’alors spécialisée dans le cinéma d’évasion pure, la Tianyi s’adapte avec pragmatisme aux nouveaux engouements et se lance à son tour dans le cinéma engagé. Runje Shaw va même jusqu'a s’allouer les services de plusieurs metteurs en scène et scénaristes classés comme « gauchistes » au sein de l'industrie locale. Il en résulte une flopée de films relatant des actes de résistance héroïques ou véhiculant des messages progressistes tels Two Women of the Northeast/Dongbei er Nüzi (1932), A Night of Luxury/Yiye Haohua (1932), Lease On Life/Shenji (1933), Struggle/Zhengzha (1933), Burial Ground/Ji DI (tous 1933), Ardent Youth/Rexue Qingnian (1934), Bitter Struggle/Jianku De Fendou (1934) et Mr Wang Burial at Sea /Hai Zhang (1935).

Cette floraison de films engagés au sein de la Tianyi ne s’avère être, comme d'habitude chez les Shaw, qu'une manœuvre purement opportuniste et circonstancielle, la recherche du profit maximum et la sécurité demeurant les seuls et uniques objectifs vraiment poursuivis par Runje. En fait, cautionner des idéaux progressistes est une attitude profondément contre-nature pour un homme d'affaires conservateur patenté comme lui. (Il prend d’ailleurs le soin de ne jamais rendre ses films trop militants et revendicateurs.) Au delà de ses propres convictions personnelles, Runje a une autre bonne raison pour être prudent : le gouvernement autoritaire du Guomindang, qui dirige alors la Chine, prend rapidement ombrage de la nouvelle tendance cinématographique engagée et ne se gène pas pour agir contre les studios trop gauchisants a son goût. Au fur et à mesure que le temps passe et que les circonstances évoluent, la Tianyi retourne graduellement au cinéma d’évasion qui retrouve finalement sa complète domination sur la production du studio. L’énorme succès de Platinum Dragon, en 1934, l’y aide d’ailleurs grandement.

The Platinum Dragon premier film parlant cantonais

Au début des années 30, un opéra chinois The Platinum Dragon / The White Dragon / The White Golden Dragon / Bai Jin Long ) interprété par un célèbre acteur cantonnais Sit Kok Sin / Xue Juexian fait un tabac dans toute l'Asie du Sud-Est. Runje saisit l'opportunité du passage de Sit à Shanghai en 1933 pour lui proposer de reprendre son rôle, dans ce qui sera le premier film parlant chinois tourné en cantonais. D'un budget initial de 1 500 US$, The Platinum Dragon rapporte 1 million de US $ au total. Si le film ne marche pas beaucoup à Shanghai (à cause de la différence de dialecte) le box-office à Hong-Kong et en Asie du Sud-Est s’avère en revanche particulièrement faramineux. Le film restera même à l'affiche plus d'un an dans certaines salles de cinéma de la colonie britannique !

L’acteur Sit Ko Sin dans The Platinum Dragon

Devant ce succès et l'engouement du public, la demande de films cantonais produits par la Tianyi Film Co. se fait très pressante au sein de la Shaw Brothers Limited. Un second film suit de près, The Romantic History Of The Song Stage / Ge Tai Yan Shi (mai 1934), et permet à la Tianyi d'améliorer encore sa technologie et d'obtenir un nouveau plébiscite à Shanghai, Singapour et Hong Kong.
L’énorme succès rencontré par Platinum Dragon a des conséquences sur l’ensemble du marché cinématographique, au-delà même de la Tianyi Film Co.. Studios concurrents et riches mécènes prennent alors conscience du potentiel commercial des films parlants basés sur des pièces de théâtre ou des opéras cantonais et mettant en vedettes des acteurs locaux. Le cinéma chinois voit donc la naissance d'un genre nouveau : le film musical cantonais qui fera fureur pendant de longues années. L’industrie cinématographique hongkongaise, moribonde au début des années trente, profite de cette révolution technique et artistique pour se raviver. Dès 1936, le sursaut est flagrant avec la création ou l’implantation de près de deux douzaines de compagnies dans la colonie britannique. Les frères Shaw participent grandement à ce mouvement.


Une entreprise valant 500 000 $

Dans un entretien accordé à un journal local peu avant la sortie de Platinum Dragon, Runje Shaw dresse un portrait tout personnel de la Tianyi Film Co.. Il explique ainsi au journaliste que le studio reste sa propriété personnelle, l’évalue à 500 000 US $ et la présente comme totalement dépourvue de dettes. Une manière bien à lui de vanter la réussite de son entreprise.

Parallèlement à la gestion de studios et salles de projection, les Shaw diversifient leurs activités et leurs placements en ouvrant de nombreux lieux de divertissement (arènes de lutte, cabarets, salles de jeux…) et organisent concours de chant, de danse et autres compétitions de Miss Beauté.

Personnel de La Unique à Shanghai posant pour une photo de groupe.
Au premier rang cinquième à gauche Runje Shaw, septième à gauche Runde Shaw.

 

Malgré son incontestable réussite commerciale et artistique, la Tianyi Film Co. ne compte pas à l’époque parmi les plus prestigieux studios de Shanghai, même si elle s’impose indéniablement comme un important « major » de second ordre. On pourrait la comparer au studio RKO de l'âge d'or hollywoodien, alors dirigé par Howard Hughes. Une de ses particularités est que du fait du contrôle direct et étroit exercé par Runje Shaw, la Tianyi est un des seuls studios à ne pas être lourdement infiltré par des activistes de gauche qui, chez les concurrents, cherchent à organiser des syndicats et faire diffuser leurs idées dans les films.

Quelques ombres planent cependant sur l’entreprise Tianyi Film Co.. Tout d'abord, les compagnies rivales continuent de bloquer toute expansion des Shaw sur l’ensemble du territoire chinois. Puis, l’autoritarisme du régime du Guomindang pèse de plus en plus sur l’industrie cinématographique locale. C'est ainsi qu'après s’être attaqué au cinéma trop progressiste de Shanghai, le gouvernement interdit la production de films fantastiques mâtinés de wu xia pian sous prétexte qu’ils encouragent la superstition (les maoïstes reprendront l’argument des années plus tard). De plus, les films en cantonais viennent allonger la liste des œuvres à proscrire car susceptibles de gêner la promotion de la langue nationale, le mandarin. Enfin, la Tianyi Film Co. se trouve quelque peu éloignée du cœur de l'action car localisée à Shanghai : elle se trouve de fait loin de ses marchés de distribution, majoritairement situés en Asie du Sud-Est et à Hong-Kong.

Mais si à Shanghai même, la Tianyi constitue un studio de second ordre, l'importance de leurs réseaux dans le Sud en fait en revanche là-bas des acteurs de premier plan. Devant ce constat, Runje prend une décision capitale, lourde de conséquences pour l'avenir des frères Shaw. Elle constitue le deuxième tournant de leur histoire et changera leurs destinés pour toujours.

 
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