TIMES CRIMES relate la mésaventure rocambolesque d'Hector qui ayant grimpé sans le savoir dans une machine à remonter le temps et se trouve confronté à des doubles temporels, un maniaque cagoulé et une série de paradoxes confondants. Il aura fort à faire et subira de nombreuses avanies pour sortir du pétrin dans lequel il s'est jeté. Petit film sans prétention LOS CRONOCRIMENES (titre espagnol inspiré par le dieu grec du temps, Cronos) est un récit de paradoxes temporels ingénieux et bien mené, mais qui demeure quand même plutôt convenu pour quiconque est familier avec ce genre d'histoire.

Cela aurait été un parfait sujet pour un court ou moyen métrage (le réalisateur Nacho Vigalondo a déjà été nominé pour le meilleur court-métrage) mais allongé à 1 h 25, TIMES CRIMES s'avère quand même un peu long pour une aventure dont on devine les tenants et les aboutissements très vite. D'un autre coté il y a Karra Elejalde qui en monsieur Tout le Monde plongé dans une histoire invraisemblable sait faire brillamment ressortir la confusion et l'humour de sa situation si singulière. Puis dans la dernière partie l'urgence désespérée l'amènera à commettre un crime temporel.

Tout comme les Américains avec la série MASTERS OF HORROR les Espagnols font aussi dans l'horreur TV réalisé par des adeptes du genre avec la série PELUCALAS PARA NO DORMIR (reprise d'une série dont l'origine remonte aux années soixante). Contrairement aux Américains, les épisodes ne sont toutefois pas limités à des durées de 45min, mais de plus d'une heure ce qui en font de véritables petits films. Sur les 6 émissions de l'anthologie, Fantasia en a présenté deux.

Le premier récit LOS HABITATION DEL NINO (la chambre du bébé) par le cinéaste culte Alex de la Iglesia présente à la fois des apparitions dans une maison hantée et un père parano hystérique. Bref, c'est une sorte de SHINING hispanique avec en plus des univers parallèles et un double maléfique. La deuxième histoire quant à elle PARA ENTRAR AVIVIR de Jaume Balaguero raconte l'enfer d'un jeune couple tenu prisonnier d'une gérante d'appartement folle à lier dans son immeuble délabré et qui va chercher à s'évader. Tout comme TIMECRIME, les deux récits sont d'un type familier à tout amateur de fantastique mais on la chance d'être plus efficacement emmené tant au niveau du récit que de la mise en scène poussant l'intrigue, le suspense et l'atmosphère à un très haut niveau et tenant ainsi le spectateur en halène. Et ce, même si en fin de compte on devine un peu à l'avance la direction que le récit va suivre. À en juger par les deux productions présentées, la TV espagnole gâte bien ces spectateurs, j'aimerais bien savoir si les autres épisodes de la série sont du même calibre.

Fantasia présente également un autre film de Jaume Balaguero une sorte de BLAIR WITCH PROJECT espagnol dans lequel une équipe TV prise au piège d'un immeuble mis en quarantaine prend sur le vif une horde de zombies déchaînés. Avec CLOVERFIELD et DIARY OF THE DEAD la formule jadis si innovatrice de BLAIR WITCH est devenue assez standard de nos jours, REC réussit quand même brillamment à embarquer le spectateur. Certes, il faut attendre une bonne heure avant que les choses ne prennent une tournure vraiment catastrophique, mais le film sait nous faire patienter en compagnie de personnages policiers, pompiers, journalistes et tenanciers dans un climat claustrophobe et oppressant où tout le monde est à deux doigts de la panique totale. Et puis vient la dernière demi-heure, véritable tour de force d'effroi hystérique qui a su tenir les spectateurs rivés sur leur siège sauf bien sûr quand il faut sursauter de peur. Au finale REC est le film fort de la sélection espagnole. Il a d'ailleurs gagné le prix d'argent dans la catégorie prix du public. Et consécration un brin douteuse mais assez convaincante il fait déjà l'objet d'un remake made in the USA intitulé QUARANTINE sorti au mois d'octobre

J'ai malheureusement raté le film qui sur papier du moins semblait le plus sombre et original TRES DIAS (BEFORE THE FALL/Trois Jours) histoire de sériel killer d'enfants sur fond d'apocalypse. C'est un peu dommage, car bien que j'ai beaucoup aimé les films espagnols, ceux-ci trouvaient leur force plus dans l'efficacité plutôt que la nouveauté des sujets. Tout de même, la sélection espagnole aura démontré sans l'ombre d'un doute la valeur du cinéma fantastique espagnol qui mérite autant d'être découvert que le cinéma d'horreur. Mon vidéoclub a quelques films de Iglesia et Balaguero, et je me dis maintenant que ça ne serait pas une mauvaise idée que j'aille y jeter un coup d'oeil.

Après avoir vu plus de 7 films d'horreur hispanique, un détail m'a beaucoup frappé. La plupart de ces films sont centrés sur les couples ou des enfants qui ont nouvellement aménagé dans un lieu nouveau. En somme, c'est comme si l'acte du déménagement était porteur de malheur.