Johnnie To faisait des films bien avant 2000, année où il reçut pour la première fois la reconnaissance du grand public à l'Ouest. Avant 1996, il était clairement considéré comme un réalisateur commercial de Hong Kong. Il était à la fois un réalisateur et un producteur respecté de films de genre, populaires, des films, qui le plus souvent rapportaient de l'argent et plaisaient au grand public. Il était notamment connu pour ses comédies interprétées par les stars de l'époque, comme Chow Yun Fatet Stephen Chow.
Dans les deux recueils, considérés comme des « bibles » de ce cinéma de Hong Kong, Hong Kong Cinema: The Extra Dimension (1997) de Stephen Teo et Planet Hong Kong (2000) de David Bordwell, Johnnie To fait l'objet de très brèves mentions (1). Teo donne une rapide biographie/ filmographie de To, qu'il mentionne comme un réalisateur au style novateur de comédies « morales ». La filmographie se termine par Lifeline (2).
Dans Planet Hong Kong, Bordwell place le même Lifeline dans une liste de films sortis cette année-là qui célèbrent « l'héroïsme du sacrifice de soi par les officiers », par opposition aux films qui rendent le monde des triades glamour. (3)
Bordwell semble avoir perçu chez To une étincelle annonciatrice de grandes choses, car il le décrit comme un innovateur dans le contexte de Hong Kong, et le place aux côtés de réalisateurs tels que King Hu, Tsui Hark et Wong Kar Wai. Mais si Johnnie To avait continué sur la trajectoire que Teo et Bordwell décrivaient à la fin des années 90, début des années 2000, il ne serait jamais devenu la coqueluche du circuit international des festivals, ses films étant fréquemment projetés en avant-première ces dernières années dans les trois festivals majeurs -Venise, Cannes, Berlin - et il n'aurait certainement pas été nommé Officier de l'Ordre National des Arts et des Lettres par le ministre français de la culture lors du festival de Cannes en mai 2009.
Il fallait d'importants changements pour que Johnnie To passe du statut de réalisateur commercial peu connu à l'extérieur du cercle hongkongais, à celui de cinéaste hautement respecté par beaucoup de critiques et d'universitaires, sujet de nombreuses rétrospectives, et dont les films sont désormais édités en DVD aux Etats Unis, en Angleterre ou en Europe. Avant tout, la carrière de To a pris deux tournants radicaux. Le premier en 1996, puis à nouveau en 1999, préparant le terrain pour sa transformation en réalisateur culte de Hong Kong, puis en un auteur reconnu à l'international.
Clap du film Breaking News
Photo © Yves Montmayeur, utilisée avec sa permission. |