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L’ascension de Johnnie To
Johnnie To et la critique 4/4 - Page 11
Infos
Auteur(s) : Marie Jost
Date : 28/2/2011
Type(s) : Analyse
Reflexion
Information
 
 Liens du texte  
Personnes :
Ringo Lam Ling Tung
Johnnie To Kei Fung
Johnnie To Kei Fung
John Woo
Films :
Election 1
Exilé
A Hero Never Dies
Heroic Trio
Infernal Affairs
Mad Detective
The Mission
Needing You
PTU
The Sparrow
Studios :
Milkyway Image (HK) Ltd.
 
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Page 10 : Critiques et universitaires, fanboys et blogueurs
 
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Page 12 : Johnnie To vu par lui-même: Les entretiens


En comparaison avec les autres parties concernées, la communauté universitaire est arrivée après la bataille. La communauté des fans s'est passionnée pour To dès Heroic Trio en 1993, et ensuite pour ses films à la Milkyway Image de A Hero Never Dies jusqu'à Exiled. Les critiques et festivals se sont intéressés à To au début des années 2000, en commençant par The Mission, avant de s'engager beaucoup plus avec ses films plus personnels et plus récents comme Election 1 & 2, Mad Detective et Sparrow. Les universitaires, de leur côté, ont mis bien plus de temps à prendre en compte Johnnie To et ses films dans leur travail.

Les universitaires se sont penchés sur le cas de Johnnie To vers 2005. Les travaux universitaires sur le cinéma de Hong Kong se consacrent jusque là surtout sur des histoires de sinosité, de diaspora, d'identité transnationale ou globale. Le travail de To ne semblant faire partie d'aucune école, et d'aucun courant, ne suivant pas de ligne définissable ou n'ayant pas de rapport avec les thèmes cités ci-dessus est alors largement ignoré. De même, le cinéma de To ne comprend pas de discours post-colonial, ou post-rétrocession de 1997 à la Chine. Les films de To sont de plus difficiles à classer en cinéma d'auteur, à cause de sa production variée, que certains qualifient d'inégale. Pour couronner le tout, même lors de discussions sur le cinéma de genre de Hong Kong, le travail de To place le critique en position inconfortable, puisque ses films les plus personnels sont à la fois des films de genre, et en même temps, sortent de ce cadre strictement défini.

The Sparrow, © Milkyway Image (HK) Ltd., Universe Entertainment.

La première tentative d'analyse filmique théorique du travail de Johnnie To par un universitaire et/ou un critique provient d'Andrew Grossman dans un article datant de 2001 pour Sense of Cinema, intitulé “The Belated auteurism of Johnnie To (L'auteurisme tardif de Johnnie To)”. (1) Grossman rencontre des difficultés à classer l'oeuvre de To que ce soit dans la théorie du genre ou celle du cinéma d'auteur. Les films de To sont présentés comme trop caméléons, trop polymorphes pour être rattachés à une forme définie, où à une ligne thématique, il est donc rangé dans la catégorie cinéaste de films de genre. Mais ensuite, les films de Johnnie To faits sous l'étiquette Milkyway Image sont qualifiés de déconstruits, de parodies burlesques des conventions du genre que To avait pratiquées plus tôt dans sa carrière. Il est important de constater que les deux façons les plus courantes de voir To et sa mise en scène - soit un travail d'auteur, soit au contraire un travail d'artisan techniquement impeccable et fermement ancré dans le genre - sont déjà présentes dans cet article. Ces deux façons de voir resteront présentes au coeur des discussions ultérieures sur To au sein de la communauté universitaire. Par exemple, David Bordwell, connaisseur averti du cinéma de Hong Kong, arrive à la conclusion, un peu limitée, dans un court article pour Art Forum en 2003, que le plus grand mérite de To est d'avoir créé un style plus complexe et sophistiqué de film policier urbain (2). Une fois encore, la discussion cantonne To dans un rôle de cinéaste de films de genre.

 

The Belated Auteurism of Johnnie To par Andrew Grossman

 
La première analyse conséquente sur les films de Johnnie To est un essai de 2005 écrit par Laikwan Pang, (3) qui s'est donnée la tâche peu enviable d'essayer de discerner un schéma récurrent dans les films de la Milkyway Image de 1997 à 2004. Elle estime vital de séparer cette oeuvre en deux phases: 1997-99, les films de gangsters, et 2000-2004, les comédies romantiques légères visant le public féminin. Pang va si loin dans sa démonstration qu'elle considère même que Needing You est un tournant majeur dans l'histoire du cinéma de Hong Kong. C'est un film qui ramène les personnages féminins au premier plan. C'est un film à destination du public féminin, remettant au goût du jour ce qu'on n'avait pas vu depuis les années 60. Sa conclusion démontre surtout qu'il est risqué de se lancer dans des théorisations générales sur le cinéma commercial contemporain.

Pang n'a en effet pas su voir la véritable ligne de démarcation de l'histoire du cinéma de Hong Kong qu'était Infernal Affairs, et dans une moindre mesure le PTU de To. Pour cette raison, ses arguments ont perdu presque toute leur pertinence moins de cinq ans après leur publication.

 

’"Director in Action: Johnnie To" de Stephen Teo

 

Director in Action: Johnnie To and the Hong Kong Action Film de Stephen Teo est la première monographie consacrée à To et est apparue relativement tardivement, en 2007, après la montée aux nues de To dans le circuit des grands festivals de films européens. (4). Stephen Teo est l'un des plus grands connaisseurs, et l'un des plus respectés, du cinéma de Hong Kong, et son texte, qui est une version modifiée de sa thèse de doctorat, était très attendu par les cinéphiles et universitaires. C'est un travail dense, très théorique, dont le style trahit l'origine thésarde. Les théories classiques que Teo utilise dans son travail dictent subséquemment sa vision des films de Johnnie To, surtout pour ceux qu'il a réalisés ou co-réalisés depuis la création de la Milkyway Image. Malgré toutes les chausse-trappes théoriques, Teo réduit son analyse à deux thèmes principaux: To comme réalisateur de films de genre, et To comme auteur inégal. C'est la même vision de Johnnie To qu'avait déjà articulée Grossman dans son article de 2001 dans Senses of Cinema. Le point de vue assez réducteur de Teo sur Johnnie To est décevant, car il ne parvient pas à fournir un éclairage pertinent sur le metteur en scène, ou une plus profonde compréhension de ses films, les deux principales attentes générées par la publication de ce livre.

Deux études critiques sur Johnnie To sont sorties en 2009, toutes les deux écrites par des professeurs d'université de Hong Kong. Suffisamment de temps s'est écoulé depuis l'année charnière 1997 et ses effets immédiats pour pouvoir discerner les nouvelles orientations de l'industrie cinématographique hongkongaise, des orientations que les films de Johnnie To sont à même d'incarner. Vivian P.Y. Lee a publié une monographie, Hong Kong Cinema Since 1997: The Post-Nostalgic Imagination (Le cinema de Hong Kong depuis 1997: L'imagination post-nostalgique) , qui examine le cinéma de Hong Kong depuis la rétrocession. (6)

Elle applique au cinéma de Hong Kong la théorie de l'imagination post-nostalgique à la décennie écoulée depuis la rétrocession. Le thème met l'accent sur la culture visuelle locale, en l'occurrence les films hongkongais. L'image cinématique est analysée dans la manière dont elle est reliée aux réalités socio-politiques plus larges de Hong Kong.

Lee nous donne un rapide résumé historique sur la situation du cinéma de Hong Kong d'avant 1997, puis nous parle de la « post-nostalgie », qu'elle voit comme une tentative sérieuse de retrouver le sens de l'histoire en s'enraçinant consciemment dans la culture populaire locale, particulièrement celle du cinéma. Elle met en évidence Johnnie To et ses films comme figure clé de la transformation du film de genre, et reconnaît son rôle majeur dans l'exportation du genre vers un public international. Elle décrit aussi To comme « un auteur de Hong Kong internationalisé ». Lee consacre trois chapitres de son livre, 72 pages sur 217, à une étude du cinéma d'action de Hong Kong et à l'évolution de son esthétique. Un chapitre de 30 pages est consacré à Johnnie To. Quatre films étayent son argumentation dans ce chapitre: The Mission , Exiled , PTU et Mad Detective.

Lee replace ces films dans le contexte du genre « film d'action », et les compare aux prototypes des films « héroïques » tels qu'ils ont été établis par les films de John Woo, et développés depuis le milieu des années 80. Dans les films de Johnnie To, Lee repère un pas en avant, de « l'action comme spectacle » à l'action comme élément de l'élaboration de la dramaturgie psychologique. Selon Lee, To a réussi à créer un nouveau vocabulaire cinématographique qui fait la synthèse des formes anciennes et nouvelles.

L'étude portant sur un seul film de To, PTU de Michael Ingham, publiée dans la série d'ouvrages regroupés sous le titre « New Hong Kong Cinema Series », est bien différente de la vue d'ensemble proposée par Lee (7). Dans un premier chapitre assez long, Ingham revient sur la carrière de Johnnie To en tant que réalisateur et sur sa place dans le cinéma de Hong Kong depuis les années 80. Son opinion est que To ne doit pas être considéré comme un réalisateur de films d'action. Il remet d'ailleurs en question l'utilisation du terme « film d'action » en tant que genre reconnu de la profession et de la critique, rappelant que l'origine de cette appellation est une classification de vidéo club. Plutôt que de les classer dans le genre film d'action, Ingham classe les films les plus intéressants réalisés par To en solo depuis la création de la Milkyway dans la catégorie des films « policiers » ou « criminels ». Contrastant avec l'analyse des films de To sous le prisme de « l'imagination post-nostalgique » de Lee, Ingham voit les films de To comme s'inscrivant dans un discours sur la violence et le pouvoir, sur le professionnalisme et la responsabilité éthique dans la société de Hong Kong. Il s'agit pour lui d'une caractéristique récurrente des films post-rétrocession que l'on retrouve dans des films comme ceux de la trilogie Infernal Affairs, mais pas dans ceux datant d'avant 1997. Comme Lee par contre, Ingham relie les films de To au genre heroic bloodshed initié par John Woo et Ringo Lam. Il s'intéresse particulièrement à la façon dont To déconstruit le genre et les personnages typiques de cette tradition filmique.

En se penchant sur la question « To est-il ou non un auteur ? », Ingham décrit le cinéma de To comme typiquement hongkongais plutôt que transnational. Il pense que les racines de To se retrouvent autant dans le cinéma de genre de Hong Kong que chez les grands réalisateurs étrangers. Sur la question « auteur », Ingham remarque que peu de réalisateurs hongkongais se considéraient ou se considèrent eux-mêmes comme des auteurs. Il ajoute que To élude la question comme par timidité lors d'une discussion à propos de son travail, et l'appellation n'apparaît pas forcément très utile ou pertinente à Ingham dans son travail sur To.

Les discussions académiques sur le travail de Johnnie To depuis la création de la Milkyway Image en 1997 se limitent à voir To sous deux perspectives qui ne sont pas entièrement compatibles : To comme réalisateur de films de genre, héritier de la tradition locale de l'heroic bloodshed initiée par John Woo, ou To comme un réalisateur hautement idiosyncratique qui ne cadre pas de manière très nette avec la définition classique de « l'auteur-réalisateur ».

Ces deux visions de To ont tendance à être réductrices, et pour se vérifier, doivent laisser de côté nombre de ses films depuis 2000. Ces théories réductrices, qui minorent voire même ignorent complètement la moitié du travail de To, ne semblent alors pas très appropriées comme bases d'analyse pour ce réalisateur et sa filmographie complète. Le fait que To mène une carrière active et prolifique, en constante évolution, vient de plus corser la difficulté. Par ailleurs, ces deux théories ne prennent pas en compte la tension permanente dans la longue carrière de To entre l'art et le commercial, une tension qui s'exerce fortement sur chaque film que To a produit, réalisé, ou co-réalisé.

Cette tension, est un élément aussi important que les autres qui ont fait de To le réalisateur qu'il est aujourd'hui, tension qu'il a lui même reconnue et dont il a parlé dans plusieurs interviews à travers les années. Même si on peut parler d'accomplissement pour Johnnie To avec la reconnaissance qu'il a obtenue récemment comme sujet d'études académiques sur le cinéma de Hong Kong, il manque encore un regard plus acéré pour approfondir son importance et ses apports au cinéma , son importance en tant que réalisateur de Hong Kong « exportable » et son éventuel héritage. Il est peut-être prématuré de faire une analyse définitive sur un réalisateur qui est actuellement au sommet de son art et qui continue à faire des films à un rythme qui serait exceptionnel presque partout ailleurs qu'à Hong Kong. Vu l'image fragmentaire et peu concluante qui ressort de dix ans d'examen des films de To à travers le prisme du film de genre et/ou du film d'auteur, il est peut-être temps de passer à autre chose et se pencher avec un regard neuf sur son travail, d'essayer de trouver des grilles de lectures différentes, plus prometteuses et fécondes pour de futures analyses de son travail.

notes

(1) Andrew Grossman, “The Belated Auteurism of Johnnie To,” Senses of Cinema,
(2) David Bordwell, “The Films of Johnnie To: Louder Than Words—Critical Essay—Biography,” Art Forum, May 2003,
(3) Laikwan Pang, “Post-1997 Hong Kong masculinities,” Laikwan Pang et Day Wong, eds., Masculinities and Hong Kong Cinema, (Hong Kong: Hong Kong University Press, 2005), 35-55.
(4) Stephen Teo, Director in Action: Johnnie To and the Hong Kong Action Film (Hong Kong: Hong Kong University Press, 2007).
(5) Vivian P.Y. Lee, Hong Kong Cinema Since 1997: The Post-Nostalgic Imagination (Houndsmills: Palgrave Macmillan, 2009).
(6) Lee, Hong Kong Cinema Since 1997, 87-88.
(7) Michael Ingham, Johnnie To-Kei-fung’s PTU (Hong Kong: Hong University Press,

 
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