Hong Kong Cinemagic
Version française English version
 Critiques   Forum   Facebook  
 Personnes
 Films
 Studios
 Lexique
 Vos réglages

Rech. HKCine
Utiliser la Recherche Google
>> Aide

 Réalisateurs
 Acteurs
 Techniciens
 Producteurs

 Arts martiaux
 Action / Polar
 Comédie
 Drame & Opéra
 Catégorie 3

 Shaw Brothers
 Comptes rendus
 Industrie du film
 Culture et société

 Tests DVD Z2 VF
 Tests DVD SB Z2
 Autres Tests DVD
 Bibliographie
 Guide d'achat

 La Catégorie 3
 Héros handicapés
 Le Japon et HK
 Index des Archives

 BOF & Musique
 PDF & E-books
 Livre d'or VIP

 Plan Du Site
 Archives des éditos
 Aide à la Navigation
 Rédaction
 Historique
 Liens Web
 Le ciné HK et nous
 Livre d'or
 Remerciements
 HKCinemagic 2

Statistiques :
11630 Films
19215 Personnes
1448 Studios
230 Articles
82 Interviews
155 Tests DVD
32452 Captures DVD
3722 Vidéos
L’ascension de Johnnie To
Addendum: Points de vue des hongkongais 4/6 - Page 18
Infos
Auteur(s) : Marie Jost
Date : 28/2/2011
Type(s) : Analyse
Reflexion
Information
 
 Liens du texte  
Personnes :
Johnnie To Kei Fung
Wai Ka Fai
Films :
Election 1
Exilé
The Mission
Needing You
Running On Karma
 
< Précedent
Page 17 : Sebastian Yim, l'étudiant
 
Suivant >
Page 19 : Can Tse, la cinéphile


" Le plus souvent, il y a de l'organisation derrière ce chaos. "

Ross Chen est le fondateur de LoveHKFilm.com, un site en anglais dans lequel il a critiqué 2000 films depuis 2002. Les critiques qu'il signe sous le pseudo Kozo sont considérées comme éclairées et distrayantes par les fans anglophones des films de Hong Kong. Chen est aussi le rédacteur en chef pour le magasin de vente en ligne de produits de divertissement asiatiques YesAsia.com et il écrit pour plusieurs festivals de films asiatiques, que ce soit à HK ou à l'étranger, comme le Udine Far East Film Festival, le Hong Kong Asian Film Festival et les Asian Film Awards.
Propos recueillis par Thomas Podvin (par email), 10/04/2011

 

Un critique et cinéphile hongkongais

HKCinemagic : En Occident, on apprécie Johnnie To pour ses films de gangsters comme The Mission, PTU, Exiled ou Election. Comment sont reçus et vus ces films à HK, en comparant avec les films plus commerciaux de To tels que Yesterday Once More, Wu Yen, Love on a Diet, Running on Karma, Needing You, etc. ? Est-ce que le public local et les fans prennent les films de gangsters de To au sérieux ? Est-il respecté à HK du fait de ses succès et récompenses glanées à l'étranger ?
Ross Chen : D'après ce que je comprends, le public normal aime et respecte les films policiers de Johnnie To comme des exemples de réalisations de qualité. Cependant, cette popularité n'est rien comparée aux productions commerciales que vous mentionnez. Tout simplement car ces films appartiennent à des genres plus populaires, et de façon plus importante, ils mettent en scène des grosses stars.

En tant que cinéaste, Johnnie To a obtenu un large respect, ceci s'étant concrétisé par une couverture médiatique plus sérieuse, ou du moins, pas une couverture plus fast food et dans les chroniques de potins mondains. Ce respect provient de plusieurs choses : son ancienne carrière à la télévision chez TVB et les éloges qu'il a reçues. Sa popularité internationale aussi joue un rôle, car cela crée l'événement, mais son succès a aussi été important en Asie, principalement avec les récompenses aux Golden Horse Awards et Hong Kong Film Awards. Ses succès locaux et à l'étranger se sont en quelque sorte auto-alimentés l'un l'autre.

Too Many Ways To Be No1,
© Milkyway Image (HK) Ltd., Golden Harvest Ltd.
 
HKCinemagic : Les critiques étrangers semblent analyser et critiquer To d'un point de vue occidental, oubliant parfois les éléments de culture chinoise présents dans les films de To. En tant que critique hongkongais, pouvez-vous nous donner quelques indications pour mieux aborder ses films ?
Ross Chen : Johnnie To a beaucoup d'éléments de culture chinoise dans son œuvre, mais je pense que ce n'est pas très important lorsqu'il ne travaille pas avec Wai Ka-Fai. Apprécier les films de To pour leur culture est en fait plus aisé qu'on pourrait le penser, plusieurs de ses thèmes étant universels. Fraternité, honneur, ce genre de chose n'est pas unique à la culture chinoise. Certaines choses requiert une connaissance spécifique, comme la descritption des triades dans Election et même Exiled, mais ces choses sont facilement compréhensibles. C'est plutôt simple, vous le voyez, le lisez, et le comprenez.

Cependant, lorsque To travaille avec Wai Ka-Fai, le besoin de comprendre la culture devient beaucoup plus important. Tous deux aiment l'ironie, mais To semble l'aborder de façon visuelle et sans le même nombre de niveaux de lecture que Wai Ka-Fai. Wai Ka-Fai tente tellement de niveaux avec ses personnages, thème et histoire qu'il n'est pas surprenant qu'il tâtonne plus de que To. Ensemble, les deux sont surprenants, car To retranscrit visuellement les idées de Wai. C'est à cet instant que leur travail est des plus magistral, lorque les images et les idées se joignent sans mot dire. Je pense que les œuvres de la Milkyway sont largement supérieures quand les deux travaillent ensemble, plutôt que séparément. Et même, là, je dirais que le sommet de la carrière solo de Wai (Too Many Ways To Be No1) éclipse les films de To en solo, avec l'exception possible des films Election.

Concernant les indications, la plus importante est de surveiller Wai Ka-Fai. S'il fait partie de l'équipe technique d'un film de To, on doit faire un peu plus attention que s'il s'agit d'un film de To en solo. Bouddhisme, karma, etc., ils sont présents dans leurs œuvres conjointes -- même dans les comédies romantiques. Et la culture locale est importante aussi. Je pense personnelllement que Needing You est un film génial, et tout cela on le doit à la façon qu'ont To et Wai de retranscrire si bien la culture locale. La politique interne au bureau, la famille, le business -- tous ces trucs sont représentés si bien dans ce film qu'il lui donne une épaisseur, un ton, une réalité que vous ne trouverez simplement pas dans Don't Go Breaking My Heart, par exemple.

Au final, le meilleur conseil que j'ai est de faire des recherches. Un spectateur peut apprendre beaucoup en regardant les films de Johnnie To et Wai Ka-Fai. Si un de leurs films n'a pas beaucoup de sens, on se doit de faire des recherches et de lire sur le sujet avant de le mettre à l'écart immédiatement. Le plus souvent, il y a de l'organisation derrière ce chaos.

 

Wai Ka-Fai et Johnnie To au Udine Far East Film Festival en 2008.
Photo © Frédéric Ambroisine, utilisée avec sa permission.

 
HKCinemagic : Quand un nouveau film de Johnnie To sort à Hong Kong, est-ce que les critiques locaux analysent ce film de lui-même ou ils le replacent dans le contexte de l'œuvre de To, comme les critiques occidentaux le feraient ? A l'Ouest, les films de To ne sortent pas forcément dans l'ordre chronologique et parfois avec plusieurs années de retard par rapport à HK. Les critiques occidentaux ont alors très peu d'éléments pour remettre le film en contexte. Au contraire, à HK, il y a la promotion du film pour sa sortie, le buzz autour, les interviews de To à la radio, la télévision, les magazines pour la campagne marketing du film, ainsi que les activités promotionnelles avec les acteurs du film. Et bien sûr, les magazines de potins, très présents à HK. Ces éléments vous influencent-ils en tant que critique ?
Ross Chen : L'analyse critique fonctionne de la même façon en Occident et en Orient. Vous avez les critiques qui replacent les films de To en contexte et il y a ceux qui s'occupent de tout cela de façon unique. Même alors, contextualiser l'œuvre de To peut avoir ses problèmes. Les critiques de l'Ouest et de l'Est aiment grouper ses films policiers en ignorant ses comédies et romances. C'est très triste, puisqu'en fait pas mal de la personnalité de To peut être vue dans ces films. Ce n'est pas comme s'il faisait des âneries quand il ne fait pas un polar, mais trop fréquemment, les critiques agissent comme si ces films ne méritent pas l'attention.

En ce qui me concerne, je prends en compte toute information que j'ai quand j'écris une critique sur un film de To -- ou de n'importe quel réalisateur d'ailleurs. Les anciens films sont importants, bien sûr, tout comme les informations sur les stars, le casting, le thème ou même les pressions sur la production du film. Tout cela fait la différence, et cela joue un rôle pour déterminer les intentions du cinéaste quand il travaille sur le film. Cela joue aussi un rôle dans l'attente qu'ont les spectateurs.

Pour les critiques occidentaux, leur contexte pour To est largement basé sur les genres et la réputation sur Internet. Aussi, de nos jours ils ont le bénéfice des sites des news en anglais sur les films asiatiques. La balance peut pencher un peu trop du côté des films policiers, mais au final, il y a de nombreuses façons de critiquer un film et il n'y a pas vraiment de bonne ou mauvaise façon. Ce qui est mauvais c'est de ne pas être honnête ou juste, et d'exclure un film en se basant uniquement sur son genre. Ou, il ne faut pas se dire expert quand on ne l'est pas. Comme dire que tel film est "le meilleur film que Johnnie To a jamais fait" quand on en a vu que cinq ou six. Les critiques occidentaux comme orientaux font ce genre d'erreurs.

 
HKCinemagic : En tant que cinéphile basé à HK, quel est votre film favori et pourquoi ?

Ross Chen : C'est dur de choisir un film favori de Johnnie To, car ce serait ignorer les mérites individuels d'un film et se tourner vers ses goûts personnels. Je vais essayer néanmoins. Si je devais choisir un film solo de To, je choisirais Election 2 ou The Mission. Le premier est plus mature et traite de la culture et de la politique régionale, tandis que le dernier est un film achevé et divertissant qui ne demande pas beaucoup de connaissance ou de réflexion pour le comprendre. Les deux sont très bien faits ceci dit.

Pour une collaboration entre Johnnie To et Wai Ka-Fai, je choisirais probablement Needing You ou Running On Karma. Le premier est plus divertissant et développe des personnages standards de comédie romantique d'une façon cinématique unique. Pour moi, le second film est génial car il propose un message de cinéma très prosaïque - le pardon, devenir un homme meilleur, etc. - et le fait de manière fort irrésistible.

De façon générale, je pense que les films n'ont rien de bien neuf à dire, et ce qui fait des films spéciaux est la façon dont les cinéastes disent les choses. Johnnie To et Wai Ka-Fai savent vraiment comment reconditionner des figures de style courantes du cinéma et les rendre neuves et intéressantes.

 
HKCinemagic : Quand vous allez au cinéma voir un film de Johnnie To, en attendez-vous beaucoup ? Répond t-il normalement à vos attentes ?

Ross Chen : Bien sûr qu'il y a des attentes quand je vais voir un film de Johnnie To ! Si je respecte ou admire quelqu'un, alors j'attends beaucoup de cette personne. Ceci dit, les films ne répondent pas toujours à mes attentes, mais il y a beaucoup de facteurs qui y contribuent. Je crois que Johnnie To essaie --peut-être pas toujours avec succès, mais il est clair qu'il tente QUELQUE CHOSE quand il fait des films. De ce point de vue, je suis toujours prêt à donner une chance à ses films.

 

Le site de Ross Chen, alias Kozo, LoveHKFilm.com, http://lovehkfilm.com/

 
Page :  1  2  3  4  5  6  7  8  9  10  11  12  13  14  15  16  17  18   19  20  Top
Précedent :
Page 17 : Sebastian Yim, l'étudiant
Suivant :
Page 19 : Can Tse, la cinéphile

 Publicité avec Google AdSense   Participer au site   Contact   FAQ   Utilisation contenu du site   Disclaimer   Rapport d'erreur  
copyright ©1998-2013 hkcinemagic.com