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Addendum: Points de vue des hongkongais |
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" Wai Ka Fai se soucie de l'histoire, tandis que Johnnie To se concentre toujours sur le visuel. " |
Can Tse est une cinéphile de Hong Kong diplômée en cinéma et télévision à l'école de communication de la Hong Kong Baptist University. Tse a commencé à étudier Johnnie To quand la Milkyway Image commençait à s'établir. En 1999, elle a eu la chance de voir The Mission à l'université avant sa sortie publique et elle a participé à une table ronde avec Johnnie To. Elle a suivi la carrière de To de près depuis lors. Elle a travaillé pour deux éditions du festival de Hong Kong en tant que saisonnière. A part Johnnie To et Wai Ka-fai, Tse apprécie aussi le cinéma de Jeff Lau, Wim Wenders, Ingmar Bergman, Ozu Yasujiro, Hou Hsiao Hsien, Theo Angelopoulos et Abbas Kiarostami.
Propos recueillis par Thomas Podvin (par email), 12/04/2011 |
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Une cinéphile hongkongaise
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HKCinemagic :
En tant que cinéphile basée à HK, pouvez-vous nous donner quelques conseils pour mieux aborder les films de Johnnie To ?
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Can Tse : J'aime beaucoup personnellement Running on Karma. C'est un film commercial bien équilibré, d'un point du vue du contenu et de l'esthétique. Mais son succès est aussi dû au scénario de Wai Ka-fai. Après tout, les co-réalisations de To et Wai sont très caractéristiques si on les compare avec les projets solo de Johnnie To. Parmi ses projets en solo, j'aime The Mission, car ce film montre le côté auteur de To. |
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HKCinemagic : Aimez-vous les films de gangsters de To (Breaking News, Election, The Mission, PTU…) autant que les comédies avec une forte ortientation féminine, comme celles avec Sammi Cheng et Andy Lau ? |
Can Tse : J'aime les deux. Evidemment, les comédies sont faites pour un public plus large. Bien sûr les réalisateurs parviennent à conserver leur propre style avec de bonnes histoires, mais toutefois ces comédies n'ont pas l'ambition d'être des chefs-d'œuvre du 7ème art. |
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HKCinemagic : En Occident, on apprécie Johnnie To pour ses films de gangsters comme The Mission, PTU, Exiled ou Election. Comment sont reçus et vus ces films à HK, en comparant avec les films plus commerciaux de To tels que Yesterday Once More, Wu Yen, Love on a Diet, Running on Karma, Needing You, etc. ? Est-ce que le public local et les fans prennent les films de gangsters de To au sérieux ? Est-il respecté à HK du fait de ses succès et récompenses glanés à l'étranger ? |
Can Tse : Si vous prenez les résultats au box office comme indication de mesure de la popularité d'un film, la popularité des films de To a beaucoup varié. Prenez The Mission, qui est un de ses premiers films d'auteur, il fut bien reçu par la critique, mais a rapporté peu d'argent au box office. PTU et Exiled n'ont pas été bien reçu au box office local non plus. Election était une exception : sa sélection officielle au festival de Cannes a fait grand bruit à HK. Et puis la violence extrême montrée dans le film et le côté mystérieux, les rituels des triades (Election fut classé Category III à HK - pour les plus de 18 ans seulement – à cause de la description détaillée des traditions des gangsters locaux) ont aussi attiré le public. Pour le grand public, les films de gangsters de Johnnie To sont bien sûr bien connus, recevant beaucoup de récompenses, très estimés par les critiques et avec un grand succès outre-mer, mais ne sont pas très lucratifs normalement. Ils sont en quelque sorte rangés dans la catégorie des films pour les fans plutôt que des blockbusters. Mais To est toujours l'un des cinéastes les plus respectés de HK aujourd'hui, avec beaucoup de succès commerciaux mais aussi beaucoup d'éloges des critiques grâce à ses projets personnels moins commerciaux. |
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HKCinemagic : Il y a pas mal d'éléments de culture chinoise dans les films de To. Je pense par exemple aux notions de destin et de karma, qui semble intéresser particuliérement To et son collègue Wai Ka Fai. Par exemple Running on Karma, dont le script est basé sur des croyances bouddhistes, a déconcerté beaucoup de critiques, journalistes et spectateurs occidentaux. Mad Detective contient aussi beaucoup d'idées spécifiques que des spectateurs non-chinois connaissent peu. En tant que fan hongkongaise, pouvez-vous nous donner quelques conseils pour mieux aborder ses films ? |
Can Tse : L'une des raisons les plus importantes pour laquelle j'aime les films de Johnnie To et Wai Ka Fai, c'est que leurs films sont vraiment "chinois". Donc, vous voyez, je pense que les Occidentaux peuvent avoir des problèmes pour comprendre leur films de façon approfondie, surtout les histoires de Wai Ka Fai. J'ai lu une interview de To dans laquelle un critique lui demandait la signification des révolvers dans ses films, tout en évoquant la connotation phallique. Vous savez ce qu'a répondu To ? Il a dit que cela n'avait rien à voir avec la question de sexe. Il adore les films de samouraï, et au 21ème sciècle, les révolvers et pistolets ont remplacé les sabres des samouraï du passé. C'est tout ! Je dois dire que Johnnie To et Wai Ka Fai ne sont pas diplômés en cinéma. Ils ont appris à faire des films à la TVB, la chaîne de télévision locale, en apprenant les techniques les plus basiques pour raconter une histoire avec des images, mais ils ne sont pas des spécialistes universitaires du cinéma, et ils ne vont pas jouer avec des théories compliquées et ce genre de choses. Leurs films sont simples et directs. C'est très vrai dans leurs comédies dans lesquelles on peut voir beaucoup d'éléments spécifiques locaux et une façon de penser orientale. Donc pour comprendre leurs films, ne les sur-interprétez pas.
NB : En ce qui concerne le karma et le destin, c'est tout à fait le style de Wai Ka Fai et non de To. Bien sûr, To est d'accord avec beaucoup d'idées de Wai, mais l'on peut voir dans les projets solo de To qu'il en fait moins référence, et qu'il utilise un peu plus d'humour noir et de techniques cinématiques stylisées. Wai Ka Fai se soucie de l'histoire, tandis que Johnnie To se concentre toujours sur le visuel.
Wai Ka Fai et sa plume. |
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HKCinemagic : A HK, il y a la promotion du film pour sa sortie, le buzz autour, les publicités à la radio, la télévision, les magazines pour la campagne marketing du film, ainsi que les activités promotionnelles avec les acteurs du film. Et bien sûr les couvertures par les magazines de potins. Ces éléments vous influencent-ils beaucoup lorsque vous allez voir les films de To ou en discutez avec vos ami(e)s ? |
Can Tse : En fait, Johnnie To est un des cinéastes locaux qui essayent de rester le plus loin possible des potins. Il n'accepte des interviews que rarement, contrairement à d'autres réalisateurs. Le casting de ses films ne comporte pas de grandes stars la plupart du temps. OK, Richie Ren et Simon Yam sont des artistes connus, mais ils ne sont pas le genre d'artistes qui attirent les potins. Donc les films de Johnnie To sont assez isolés de ce type de médias. Qu'en est-il des ses films commerciaux, me diriez-vous ? Comme ses comédies avec Andy Lau et Sammi Cheng ? Ils attirent beaucoup de potins, bien sûr, c'est une stratégie promotionelle avec les casting aussi. Donc vous voyez pourquoi Johnnie To n'embauche jamais de grandes stars pour ses projets non-commerciaux. |
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