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Interview Gordon Chan Kar Shan, de The Big Heat à A-1
Fist of Legend, Bruce Lee, Jet Li, Chen Zhen 1/1 - Page 9
Infos
Auteur(s) : Thomas Podvin
David Vivier
Date : 13/1/2005
Type(s) : Interview
 
 Liens du texte  
Personnes :
Tom Cruise
Yasuaki Kurata
Bruce Lee
Jet Li
Yuen Woo Ping
Films :
La Fureur de vaincre
Fist Of Legend
The Matrix
Il était une fois en Chine
Lexique :
Wong Fei-hong
 
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Fist of Legend, Bruce Lee et Fist of Fury
HKCinemagic: Parlons de Jet Li et de Fist of Legend. Comment avez-vous envisagé ce remake ?
Gordon Chan: Je crois que le remake du film de Bruce Lee était un autre de ces paris risqués. Bruce Lee était vraiment un excellent combattant etFist of Fury était comme une bible. Quand on a eu l’idée du film Jet était appréhensif, il m’a demandé si j’étais sûr, et pourquoi lui. Se confronter à la légende était dur pour lui, il pensait que les gens le détesteraient pour cela. J’ai dit qu’il était Jet Li et que Bruce Lee était Bruce Lee. Ils sont très différents. Mais j’allais aussi ajouter les idées de Bruce Lee dans le film. Donc je me suis mis dans les baskets d’un fan de Bruce Lee, même si je n’aimais pas la trame dramatique dans son film car je ne pensais pas que tous les Japonais étaient mauvais.

 



Bruce Lee

 
HKCinemagic: C’était un peu trop manichéen…
Gordon Chan: Oui, je veux dire que ça faisait très hollywoodien. Il fallait faire quelque chose pour remédier à cela. De là j’ai réécrit tout le film et ai recréé un contexte différent. C’est pourquoi Chen Zhen étudie dans une école d’ingénieurs au Japon au lieu d’être ce type plutôt illettré. Il a une petite amie japonaise de surcroît. C’était un point de départ. J’essayais de dire que les Chinois que les Japonais avaient tous souffert de la guerre.
 
HKCinemagic: Vous avez établi des liens entre les deux cultures dans ce film.
Gordon Chan: Oui, et j’essayais de montrer que les Japonais étaient de bons artistes martiaux aussi. Nous sommes tous au même niveau. C’est les méchants qui faisaient que les personnages se battaient. Même un Chinois pouvait être le méchant.
[SPOILER] Dans Fist of Legend, c’est un Chinois, celui en qui on fait le plus confiance qui trahit tout le monde. [/SPOILER]
C’est comme cela que j’ai envisagé tout le film. Je déteste la discrimination raciale. Je hais ces clashs entre cultures. J’aime voir les gens se rassembler dans mes films. C’est pourquoi j’ai fait le film comme ça.

J’ai eu de la chance d’avoir Yuen Woo Ping sur le plateau, il était d’un grand soutien. Je le respecte énormément et lui ai demandé de rejoindre la production pour moi. Il a accepté et on a filmé ce film ensemble, c’était une belle expérience.

 
Jet Li et Yuen Woo Ping
HKCinemagic: Comment communiquiez-vous avec Jet Li sur le plateau ?
Gordon Chan: C’est un acteur tellement agréable. C’est le genre à être à l’entière disposition du réalisateur. Il se met devant vous et dit « fais de moi ce que tu veux ». Il était le patron de la production, c’est lui qui a produit le film et à dégager les fonds nécessaires. Mais il n’a jamais abusé de ce pouvoir. Il n’est pas comme unTom Cruise, il n’a jamais utilisé le fait qu’il était producteur à son avantage.



Jet Li

 
HKCinemagic: Une si bonne entente, cela signifie-t-il qu’un autre projet avec lui pourrait être envisageable ?
Gordon Chan: Oui, j’adorerai tourner avec lui à nouveau.
 
HKCinemagic: Comment avez-vous travaillé sur les scènes d’action avec Yuen Woo Ping ?
Gordon Chan: On ne voulait pas que cela ressemble au film de Bruce Lee. On voulait faire un nouveau film de Jet Li. On a laissé tomber les miaulements de Bruce et tout son style. Après ça, on a réfléchi à quoi faire avec Jet et comment mettre en scène sa puissance.
 
HKCinemagic: Dans le film, Jet est très calme et très rapide quand il frappe.
Gordon Chan: Oui, il est très précis.
 
HKCinemagic: Alors que Bruce Lee est très violent, excité et bruyant.
Gordon Chan: Bruce Lee attaque comme un lion parmi les brebis. Jet joue toujours en défense en fait.
 
HKCinemagic: Au début du film, Jet est attaqué dans la classe mais il ne tue personne, il neutralise ses adversaires.
Gordon Chan: En effet et le maître japonais vient soigner tout le monde. Je pense que le film est en fait une représentation de la philosophie des arts martiaux. Ce n’est que pour l’autodéfense, à n’utiliser qu’en cas de nécessité absolue. On ne va pas battre les faibles, mais combattre les forts.

C’est ce dont on a discuté avec Yuen. Et cela montre qu’il n’est pas seulement un excellent chorégraphe des combats, qu’il ne s’occupe pas que de l’action, mais qu’il discute aussi le concept du film avec le réalisateur. Chacun a des points de vue différents sur les arts martiaux. C’est pourquoi quand j’ai prévu la scène entre Jet et le maître japonais [Yasuaki Kurata], Yuen était content, il savait qu’il s’amuserait bien. Et il a réellement pris son pied. Tout le dialogue entre Jet et le vieux maître représente les idées de Bruce Lee des arts martiaux, sa propre perception des arts martiaux. A mon tour de prendre mon pied. Je ne sais pas me battre c’est certain. Mais je sais apprécier cette philosophie et la transmettre dans un film de kung fu. Fist of Legend était vraiment un film sur les arts martiaux à tout point de vue.



Combat contre Yasuaki Kurata

Donc Yuen Woo Ping s’est vraiment amusé, mais cela a été dur pour lui, pour nous, de trouver le juste équilibre entre le style extrême de Bruce Lee et le style d’action plutôt joli d’un Wong Fei Hung [personnage interprété par Jet Li dans Il Etait une fois en Chine (Once Upon A Time In China, 1991), sorti avant Fist of Legend, ndlr].

L’action dans Il Etait une fois en Chine était presque comme de la danse. C’était très joli mais on ne montrait pas la vraie force. On a donc beaucoup discuté avec Yuen à propos de l’action dans Fist et comment montrer la véritable force du personnage. Je me souviens d’une idée que j’ai bien appréciée. Quand Jet stoppe le coup de pied de son adversaire avec son poing et le repousse. Cela monte la puissance de son personnage. Il n’avait pas encore commencé à utiliser ses jambes dans cet affrontement.

Donc l’action était très réfléchie, préparée et mise en scène. On en a discuté beaucoup : que peut-on faire et comment le faire ?

 
HKCinemagic: Y a-t-il eu beaucoup d’accidents et de blessés durant le tournage ?
Gordon Chan: Beaucoup. Il y en avait tellement que je commençais à avoir peur. J’étais assis près de Yuen Woo Ping et il était toujours comme ça : « Coupez ! Le gars mort là, il a mal à la jambe. Au suivant. ». A un moment, je lui ai mis la main sur l’épaule et lui ai demandé « Ba Ye, Je crois que cela est assez. » Je l’appelle « Ba Ye » [une sorte d’équivalent de « maître », ndlr]. « Ils en ont assez. » Il m’a répondu : « cela fait parti de notre travail. Ne t’inquiète pas. Ils ont l’habitude. Continuons. »

J’ai tant appris avec Yuen, et je le respecte beaucoup. Et à cette époque j’ai aussi appris à respecter les arts martiaux. Ce n’était pas comme s'il se fichait de ses gars, il prenait bien soin d’eux. Mais à cette époque, les blessures étaient plus nombreuses que ce à quoi on s’attendait. Il y avait beaucoup de cascadeurs partout avec des bandages. Yuen m’a dit : « ils sont entrainés à souffrir. Il faut qu’ils fassent de leur mieux. »

A l’époque, l’une des grosses difficultés était que l’on n’avait pas de moniteurs de contrôle (en 1994). Donc, quand on voyait toutes ces scènes d’action, on se fiait seulement à nos yeux, pour voir si ce poing fonctionnait, s’il touchait la figure ou pas, s’il était puissant ou non. Maintenant c’est plus simple, il suffit de rembobiner la vidéo et de regarder le moniteur pour voir si la prise et bonne ou non.

Mais Yuen était très dur sur le plateau.

 
HKCinemagic: Jet li emprunte aussi à Bruce Lee. Quand il se bat dans le dojo, quelqu’un vient par derrière…
Gordon Chan: Oui, il l’attrape [par les parties] et le projette.



Posture à la Bruce Lee

 
HKCinemagic: C’était une idée de Jet de reprendre cette scène ?
Gordon Chan: Non. C’était en fait un petit hommage à Bruce, car c’est une scène très connue. Le spectateur masculin ressentirait aussi la douleur.
 
Chen Zhen
HKCinemagic: Parlons de la fin assez ambiguë… Chen Zhen est-il un espion ?
Gordon Chan: Non, je ne voulais tout simplement pas le voir mourir. Je voulais qu’il survive aux yeux de tous.
 

Chen Zhen 
 
HKCinemagic: Avec cette fin, plutôt ouverte, aviez-vous l’intention avec Jet de faire une suite ?
Gordon Chan: En gros, non. Quand j’ai vu Fist of Fury la première fois, j’étais très triste. A la sortie du cinéma, j’avais comme un poids sur l’estomac. En aucun cas je n’aurais laissé mon Chen Zhen mourir. C’était mon fantasme. Chen Zhen ne meurt pas ! En fait, historiquement parlant il n’est pas mort [tout de suite après cet épisode de sa vie, ndlr].
 
HKCinemagic: Vous avez fait un film plein d’espoir en comparaison avec l’original…
Gordon Chan: Exactement. Il s’agissait d’espoir. Le film montrait que l’on pouvait travailler ensemble, qui que l’on soit on pouvait préserver la paix, arrêter la guerre. En résumé, l’histoire du film était d’arrêter la guerre entre Japonais et Chinois.
 
HKCinemagic: Dans le film original Chen Zhen retourne à Shanghai où il découvre que son maître a été assassiné. De là, il devient complètement psychotique…
Gordon Chan: Oui, le film le montrait entrain de tuer tout le monde. Quand il voit un Japonais ou quelqu’un qui parle le japonais, il le tue. Quel genre d’espoir donne ce film ?

Un Chen Zhen pas du tout content

 
HKCinemagic: C’était tout du moins acceptable dans les années 1970 quand ce film est sorti. En 1994, la réception d’un tel film aurait été la même ?
Gordon Chan: En fait on m’a demandé pourquoi j’avais tant changé [l’histoire]. Après tout « c’est amusant de tuer des Japonais dans le film » m'a t-on dit. Le sentiment en Chine de nos jours est peu différent d’alors. Ils détestent toujours autant les Japonais. Il y a un sentiment antijaponais très fort. Critiquer l’impérialisme nippon et leur machine militaire [de l’époque de la seconde guerre mondiale, ndlr] ne me pose aucun problème, mais pas la population civile. Cela n’a aucun sens, c’est dangereux. Cette discrimination raciale est dangereuse et je déteste cela.

Combat au Dojo

 
HKCinemagic: Etiez-vous content du résultat sur ce film ?
Gordon Chan: Quand le film est sorti, les recettes n’étaient pas extraordinaires. C’était moyen. [Fist of Legend a engrangé 14,8 millions HKD en 15 jours d’exploitation, entre le 22/12/94 et le 05/01/95. A titre de comparaison, en 1994 le grand vainqueur au box office était God of Gamblers Return avec 52 millions HKD, ndlr].

Les critiques n’ont pas même pris la peine de critiquer. Ils n’ont pas mentionné le film. Deux de mes amis critiques ont dit que le film était mauvais et m’ont demandé ce que j’avais essayé de faire. J’étais vraiment très déçu car personne n’avait fait mention de ma réécriture des aspects historiques du film ou des aspects humains des personnages. Deux ans plus tard, un professeur a écrit un article sur ces aspects du film. Je suis devenu bon ami avec ce professeur. Je lui ai dit que son article prouve que mon film n’était pas un gâchis entier. Sinon, cela aurait été un total gâchis. Avec ce résultat au box office le film n’a pas perdu d’argent, mais n’en a pas gagné beaucoup non plus. Après tout, Jet Li était supposé être une superstar, quelqu’un capable de battre des records au box office. Mais les gains du film étaient moyens. Je suis allé voir Jet pour m’en excuser. J’étais très reconnaissant que Jet me dise que cela n’était pas grave et que ce film était l’un des meilleurs qu’il avait jamais fait.

 
HKCinemagic: En effet, vous pouvez être fier d’avoir fait l’un des meilleurs films de Jet Li.
Gordon Chan: Oui, et finalement, quasiment dix ans plus tard, et cela fait en fait deux ans, Quentin Tarantino est venu à HK et est allé voir Jet [probablement en 2003, ndlr]. Jet m’a dit qu’ils ont passé toute la nuit à discuter de Fist of Legend, et que Quentin pouvait en réciter tous les dialogues. Jet m’a dit « peut-être qu’après tout ce film m’a beaucoup apporté».
 
HKCinemagic: Les frères Wachowski furent influencés par ce film pour The Matrix. Ils ont embauché Yuen Woo Ping. C’est un signe aussi…
Gordon Chan: Oui, c’est pourquoi je dis souvent « ne considère pas ce que tu as fais comme du gâchis tout de suite ». Cela peut paraître mauvais sur le coup, mais par la suite se développer en quelque chose de positif. Quand des Français m’ont dit que le film sortirait en France, j’étais très surpris. [Le film fut distribué par Metropolitan Filmexport en juin 2001, ndlr].

Il y a deux ans à Cannes, je suis allé à une des soirées, et une dizaine de jeunes Français m’ont arrêtés, se sont agenouillés pour me saluer. Je leur ai dit : « Vous faîtes quoi ? Vous devez faire erreur sur la personne. » Ils ont dit : « Fist of Legend ». J’étais très heureux. Ce film fut une expérience très fructueuse et on ne se sait jamais comment un projet peut se révéler être positif.

 
HKCinemagic: The Matrix était un succès grâce à vous.
Gordon Chan: Non, c’était grâce à Yuen Woo Ping.
 
HKCinemagic: Le succès de Fist of Legend était dû à un excellent travail d’équipe.
Gordon Chan: Je crois que le job du réalisateur est de créer des raisons et des moyens pour que tous travaillent de concert. Ils doivent y avoir des motifs derrière chaque action et chaque prise. Même les chorégraphes des combats on besoin de connaître les motivations des personnages. Donc le job du réalisateur est de créer ces motivations, que les gens sachent pourquoi ils font ce qu’ils doivent faire.

Je suis assez fier de Fist of Legend. Je me suis impliqué dans tous les aspects de la production. J’ai même fait le design du poster. J’ai créé aussi le costume de Jet et ai insisté pour qu’il le porte car avant on le voyait plus comme incarnant le personnage de Wong Fei-hong.

Affiche chinoise de Fist of Legend

 
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