En parallèle du festival, se tenait pendant quatre jours le marché du film au sein du Convention Center à Wan Chai (détruit par les Gen X Cops à la fin du film du même nom). Quatre jours de folie oú producteurs, acheteurs, acteurs, réalisateurs et journalistes se réunissent pour discuter gros sous, ragots et parfois cinéma. Un univers où les sourires de façade sont nombreux et où votre statut dépend des quelques mots inscrits sur la carte pendue autour de votre cou. C’est toutefois une belle occasion de croiser de manière tout à fait naturelle des figures légendaires de l’industrie. Cette année, on pouvait ainsi rencontrer Yuen Tak, Kara Hui, Leung Kar Yan, Tsui Siu Ming et encore bien d’autres. En se promenant entre les divers stands, on pouvait collecter d’intéressantes informations sur les projets en cours de concrétisation dans cette région du monde. Voici un petit résumé des différentes découvertes qu’on pouvait y faire.
Parmi les stands les plus en vus, on trouvait celui de la firme de Raymond Wong, Mandarin Films. Le succès local et international de Ip Man a fait beaucoup pour la bonne santé de la compagnie et c’est logiquement la promotion de Ip Man 2 qui occupait l’essentiel de l’endroit. Les extraits des impressionnants combats attiraient l’attention et il y a fort à parier que le film, tout comme le premier volet, bénéficiera d’une distribution vidéo assez large à travers le monde.
A noter que le succès du film de Wilson Yip a déclenché un petit revival du film de Kung Fu. Media Asia essayait ainsi de vendre The Legend of Chen Zhen réalisé par Andrew Lau et avec l’inévitable Donnie Yen dans le rôle titre. Shu Qi et Anthony Wong l’accompagnent. Les premiers échos de ceux qui ont eu l’occasion de le voir sont malheureusement négatifs (préparez vous à des combats sur-découpés).
Un vétéran de l’industrie comme Joe Cheung a également profité de l’engouement pour le genre pour revenir à la réalisation. Le metteur en scène de The Incredible Kung Fu Master et Flaming Brothers n’avait plus tourné depuis plus de 10 ans, occupé qu’il était à gérer la guilde des réalisateurs. Décidemment un authentique homme d’exploitation, il a récemment terminé un film consacré… au Wing Chun ! Le long métrage se concentre sur la genèse de l’art martial à travers la jeunesse de Yim Wing Chun. La jeune femme va de rencontres en rencontres, et à travers ses expériences, en vient à élaborer le fameux style de combat. C’est évidemment Stephen Tung Wei qui s’occupe des chorégraphies. Deux jeunes acteurs de Chine Continentale tiennent les premiers rôles (« obligation commerciale » dixit Joe Cheung lui-même) entourés par de nombreux vétérans de Hong Kong.
Du côté de chez Wong Jing, l’heure est au recyclage (mais est-ce bien nouveau?). Sa compagnie essayait ainsi de vendre sa dernière grosse production, Future X-Cops. Un film au concept proche de son Future Cops réalisé 18 ans plus tôt et qui voit Andy Lau se transformer en un croisement de Robocop et de l’Inspecteur Gadget pour affronter un Fan Siu Wong tendance Docteur Octopus du Kung Fu. Malgré les nombreux effets spéciaux présents dans le film et l’implication d’Andy Lau (une des dernières grosses stars de la SAR), on a du mal à croire que le long métrage fasse un carton…
Du côté des projets annoncés, Wong essayait de nous refiler Aladina. Vendu sur la présence annoncée des Twins au générique (qui n’ont pas travaillé ensemble au cinéma depuis 2007 suite au scandale Edison Chen), le film voit les ex-stars de la canto pop faire office de génies de la lampe. Une idée qui avait déjà utilisé par Wong pour Whatever You Want avec un Michael Wong déchaîné en bon génie des 1001 Nuits. Ce sera difficile de faire mieux.
Bien plus motivant, même si cela sent également le réchauffé, était Naked Soldiers. Une énième variation sur le concept de Naked Killer (souvenez-vous Naked Weapon ou le moins connu Lethal Angels) qui prouve qu’il n’y a guère besoin d’avoir plus que des jolies filles et de l’action pour attirer le chaland ! Le pitch voit un riche mafieux Russe et ses gardes du corps tués dans un hôtel de Hong Kong. Des exécutions similaires ont lieu à travers le monde (USA, Japon…) sur des membres haut placés de la pègre. Interpol écope de l’affaire et c’est la « charmante et sexy professeur d’arts martiaux Maggie » qui s’en occupe. Ses investigations la conduisent à suspecter une mystérieuse tueuse dont les forfaits remontent à 20 ans en arrière et qui n’est pas étrangère au passé de Maggie…
Ca ne sent guère le chef d’œuvre mais pourvu que le projet soit confié à un efficace mercenaire (Herman Yau ? Clarence Fok ? Tony Ching Siu Tung ?) qui n’hésite pas à jouer pleinement la carte de l’action et du sexe, cela pourrait toujours être sympathique.
Les temps ne doivent d’ailleurs pas être roses pour le mogul qui, malgré un emploi du temps qu’on imagine bien rempli, a fait œuvre de présence durant les quatre jours pleins du salon.
Les choses sont encore moins flamboyantes du côté de la célèbre firme IFD. Avec son petit stand étriqué et ses affiches d’un autre temps, on peut légitimement se demander comment la firme parvient encore à survivre. Joseph Lai assurait en personne les ventes et ne cachait pas que sa compagnie avait connu des jours meilleurs… Outre ses inusables films de Ninjas, IFD proposait une bonne quantité de dessins animés d’une qualité qu’on imagine douteuse et des co-productions avec la Chine Continentale comme Dragon The Hero surfant tant bien que mal sur le culte de Bruce Lee.
Parmi les projets les plus excitants trouvés sur cette édition du marché du film, AVP occupe une bonne place. Le film réunit Andy On, Philip Ng et Vanness Wu dans un polar d’action se voulant dans la lignée de SPL et des films d’Heroic Bloodshed de la grande époque. Le tournage est prévu pour avoir lieu dans le Sud-Est Asiatique (Indonésie ou Malaisie) permettant ainsi d’aller aussi loin que nécessaire dans la violence et la noirceur sans avoir à se préoccuper de la censure chinoise. Vanness Wu jouerait le grand méchant du film, un rôle à contre-courant de son image de chanteur à minettes. AVP est la première production de Silent Partners, une compagnie nouvellement formée par le journaliste d’Impact Mike Leeder et ayant pour objectif de développer des longs métrages mélangeant Orient et Occident. Le réalisateur Seamus Walsh (Monster Safari, 2007) est aux commandes du projet.
Media Asia mettait elle beaucoup d’espoir du côté de City Under Siege réalisé par Benny Chan. Longtemps considéré comme le roi du polar d’action hongkongais, le réalisateur de Big Bullet et Divergence a du pain sur la planche face à la concurrence que lui livre des réalisateurs comme Dante Lam, Soi Cheang ou le duo Felix Chong / Alan Mak. Il décide cette fois d’ajouter un twist fantastique à son film. On y suit une troupe de cirque qui suite à des mutations se retrouve fort de super pouvoirs. Ils se lancent dans une série de crimes violents qui met la cité en péril. Seul un d’entre eux, un clown (!) refuse de suivre la voie de la criminalité et s’oppose à eux.
On trouve au générique Aaron Kwok, Shu Qi, Zhang Jing Chu, Jacky Wu Jing et Collin Chou. Au vu des premières images présentées sur le stand, le metteur en scène semble avoir assuré et son film s’annonce aussi violent qu’impressionnant. Sa sortie est prévue pour le 19 août à Hong Kong.
Le groupe Emperor avait également un film de Benny Chan en tête de gondole, le Shaolin avec Jackie Chan et Andy Lau comme stars. Au vu des nombreuses affiches du long métrage présentes sur le stand, la compagnie d’Albert Yeung semble avoir de gros espoirs quant au succès de l’œuvre. Il n’y avait malheureusement pas plus d’images disponibles que celle correspondant à la bande annonce officielle pour se faire une idée.
On trouvait également quelques images du Triple Tap de Derek Yee mais rien de bien nouveau par rapport à ce qu’on peut trouver à travers la toile.
Un autre réalisateur d’importance travaillait à monter ses derniers projets lors du marché du film. Teddy Chen, auréolé du succès de son Bodyguards and Assassins, n’a eu aucune difficulté à mettre en branle un remake du film de Chor Yuen, The Enchantress. Chen n’en assurera pas la réalisation mais prendra le poste de producteur, laissant la mise en scène à Derek Kwok (The Moss, The Gallants).
On pouvait également trouver sur un petit stand modeste d’étonnantes affiches annonçant le premier rôle uniquement dramatique de Jet Li. Ocean Heaven, réalisé par le metteur en scène débutant Xue Xiao Lu. Cette production de Chine Continentale aborde le sujet difficile des parents et de l’autisme de leurs enfants. Jet joue le père et son fils handicapé est interprété par l’acteur Wen Zhang. L’action a lieu dans le parc aquatique de la ville portuaire de Qingdao (d’où ce visuel très marin). Pas de date de sortie encore connue.
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