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Le dernier homme : Interview Johnnie To (mars 2008)
Introduction à Johnnie To 1/1 - Page 1
Infos
Auteur(s) : David-Olivier Vidouze
Arnaud Lanuque
Van-Thuan LY
Date : 9/3/2008
Type(s) : Interview
 
 Liens du texte  
Personnes :
Stephen Chow Sing Chi
Chow Yun Fat
Ringo Lam Ling Tung
Johnnie To Kei Fung
Tsui Hark
Wai Ka Fai
Wong Tin Lam
Simon Yam Tat Wah
Yau Nai Hoi
Films :
The Enigmatic Case
Filatures
Loving You
Mad Detective
Le Moine fou
The Sparrow
Triangle
Studios :
Milkyway Image (HK) Ltd.
 
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Page 2 : La Johnnie To touch
 
 Notes  
Propos recueillis par Van-Thuan LY, Arnaud LANUQUE et David-Olivier VIDOUZE, entre le 3 et le 5 mars 2008, à PARIS. Recherche par la team HKCinemagic.com.

Certaines questions de l’entretien ont été posées lors de la rencontre entre Johnnie To et un pool de rédacteurs et de journalistes Internet le mardi 4 mars, à l’Hôtel Scribe.

Traduction du chinois vers le français et retranscription par Van-Thuan LY.

Vidéo: Présentation de Johnnie To sur Youtube.


L'année 2008 a commencé en fanfare pour Johnnie To. En l'espace de quelques mois, quatre films avec son nom et celui de sa société de production Milkyway Image au générique ont eu ou auront l'honneur d'une distribution au cinéma en France : Triangle, un cadavre exquis appliqué au 7e art qu'il a co-réalisé avec ses vieux amis Tsui Hark et Ringo Lam, Filatures, premier essai remarquable de son scénariste habituel et disciple Yau Nai Hoi, Mad Detective , un polar très déroutant, semi-fantastique, pour lequel il a retrouvé son complice Wai Ka Fai et The Sparrow, un hommage ludique aux Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy.

La grande rétrospective qui a eu lieu à la Cinémathèque Française entre le 5 mars et le 11 avril 2008 fut l'apogée de la consécration de son œuvre à l'étranger (voir également notre forum pour plus d'infos). A cette occasion, les cinéphiles français venus nombreux ont pu découvrir d'autres facettes de Johnnie To et avoir donc une idée plus juste de sa place dans l'industrie du cinéma de Hong Kong. Heureux et conscient d'être parvenu à un sommet de sa carrière, Johnnie To veut désormais donner une nouvelle orientation à son cinéma.

Lors de son passage à Paris entre le 3 et le 5 mars 2008, à l'occasion de la sortie de Mad Detective et de l'hommage de la Cinémathèque, nos rédacteurs Arnaud Lanuque, David-Olivier Vidouze et Van-Thuan Ly ont pu assister à deux entretiens (l'un formel, l'autre en aparté) avec l'homme au cigare, plus expansif autour d'un bon verre. A l'heure où ses projets américains et européens se concrétisent, il a fait le point avec nous sur le chemin parcouru. Ensemble, nous avons longuement évoqué sa carrière, sa vision du cinéma et ses projets. Au fil des jours, le cinéaste nous est apparu comme un bon vivant, éloquent et facétieux. Homme de ressources, Johnnie To a su, avec intelligence, patience, louvoiement et ténacité, bâtir une œuvre, imposer un véritable style et conquérir une position élevée au sein du cinéma de Hong Kong. Désormais, il est aussi devenu une référence incontournable pour les cinéphiles du monde entier.

Dans la première partie de l’interview, To évoque ses débuts et ce qui l’a poussé à devenir réalisateur, le « style Johnnie To », l’histoire des triades et leurs implications dans la vie de Hongkongais et le cinéma local, ses comédies, ses bons et mauvais films, comment il produit ses films, et ses collaborateurs.

Dans la seconde partie de l’interview, nous discuterons des femmes dans ses films (et de sa maman), de ses acteurs fétiches (de Lam Suet à Wong Tim Lam), de la coupe de cheveux de Chow Yun Fat dans All About Ah Long, de ses confrères réalisateurs et on enterrera le cas Patrick Yau une bonne fois pour toutes. On évoquera aussi son dégoût pour la télévision, sa possible collaboration avec la Shaw Brothers, les jeunes cinéastes à Hong Kong et les copieurs, ses projets avec Delon et Jia Zhangke et comment il aurait pu tourner Collatéral.

La longue interview ci-dessous se compose donc de questions posées par Van-Thuan et comporte aussi la retranscription de l’interview groupée que To a accordée à un groupe de journalistes à l’Hôtel Scribe le mardi 4 mars. Les réponses ont été classées par thèmes.

Nous avons pu, au final, obtenir une des interviews les plus exhaustives de Johnnie To existantes ! Bonne lecture !

photo par VTL pour hkcinemagic.com
Johnnie To à Paris en mars 2008 (photo hkcinemagic.com)

rétrospective à paris

HKCinemagic : Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que La Cinémathèque Française allait organiser une rétrospective de vos films ?

Johnnie To : Bien sûr, j’ai été très agréablement surpris quand j’ai appris la nouvelle - c’était au début de 2007. C’est un grand honneur pour moi que mes films soient projetés à la Cinémathèque Française, à Paris. La Cinémathèque Française a une longue histoire ; c’est une institution prestigieuse. Je suis vraiment très heureux d’être invité dans ce haut lieu de la culture française.

Cet hommage m’a aussi fait l’effet d’un grand coup de couteau : grâce à lui, j’ai pris conscience que je suis arrivé à un tournant de ma carrière, il marque symboliquement une coupure entre ce que j’ai fait jusqu’à présent et mon futur de cinéaste. J’espère que ma carrière va prendre une nouvelle orientation après. Finalement, je pense que cette rétrospective est arrivée au bon moment ! Peut-être qu’il y aura une suite à cet événement dans 10-20 ans !? (rires)

Le public français va pouvoir découvrir un grand nombre de mes films et avoir une meilleure idée de mon œuvre. Une trentaine de films produits par ma société MilkyWay Image seront présentés au public ; je ne sais pas si d’autres cinéastes ont eu un tel honneur, mais c’est vraiment beaucoup. Je tiens à remercier tous les responsables de la Cinémathèque à l’origine de ce projet, ainsi que toutes les personnes qui ont participé à sa réalisation.

 
HKCinemagic : Une telle rétrospective a-t-elle déjà eu lieu à Hong Kong ?
Johnnie To : Non. Mais récemment, les Archives du Film de Hong Kong [i.e. La Cinémathèque Hongkongaise] ont rendu un hommage à mon mentor Wong Tin Lam. [ndlr : Law Kar, le directeur des Archives du Film de Hong Kong, est un ancien critique et scénariste. Dans les années 1970-1980, il a travaillé aux côtés de Wong Tin Lam et de Johnnie To à la T.V.B.]

Simon Yam dans The Election
Ses débuts et inspirations
HKCinemagic : Comment êtes-vous devenu cinéaste ?
Johnnie To : Un peu par hasard. A la sortie du lycée, je ne savais pas trop quoi faire de ma vie, mais je devais déjà travailler. [ndlr : Johnnie To est issu d’une famille nombreuse et très pauvre, qui a vécu dans un bidonville de Hong Kong dans les années 1950-1960.] J’avais quatre options : je voulais devenir policier ou footballeur, mais j’avais aussi répondu aux annonces pour être agent des télécoms de Hong Kong ou coursier à la chaîne de télévision T.V.B. Finalement, c’est la T.V.B. qui m’a appelé la première. Je me suis donc retrouvé comme coursier dans cette grande maison au début des années 1970. Ensuite, j’ai gravi les échelons pour devenir assistant à la réalisation sur les séries télévisées, notamment auprès de Wong Tin Lam. [ndlr : A l’époque, Johnnie To s’est aussi inscrit au cours d’art dramatique que la T.V.B. venait de créer. Il y a rencontré des futures vedettes comme Chow Yun Fat ou Simon Yam.] J’ai appris le métier de réalisateur sur le tas, sans avoir fait des études spécialisées. Vers 1973, j’accède au poste de réalisateur. En 1978, j’ai eu l’occasion de réaliser mon premier film de cinéma, The Enigmatic Case. Ce film avait plein de défauts. Je me suis rendu compte qu’il me restait vraiment beaucoup à apprendre du métier de cinéaste ! Je suis donc retourné à la télévision pour retrouver le cinéma seulement sept ans plus tard.

Enigmatic Case
HKCinemagic : Est-ce vraiment un hasard si vous avez embrassé ce métier ?
Johnnie To : Quand j’étais petit, mon père travaillait dans un entrepôt qui se trouvait derrière un cinéma. Tous les jours, en rentrant de l’école, j’allais retrouver mon père en passant devant ce cinéma. Je pouvais assister aux projections, mais je n’avais pas le droit d’entrer dans la salle. J’ai alors vu tous les films… derrière l’écran, à l’opposé des spectateurs qui avaient payé leur place ! C’étaient mes premiers – et étranges - souvenirs de cinéma. Un peu plus tard, j’étais devenu un spectateur assidu. J’allais au cinéma pour avoir des sensations fortes. Outre le cinéma local, j’allais voir les westerns, les films de gladiateurs, mais aussi les polars avec Alain Delon par exemple. En effet, j’ai toujours aimé le cinéma !
 
HKCinemagic : Quels sont vos cinéastes préférés ? Ceux qui vous ont le plus inspiré ?

Johnnie To : Ma référence absolue est Akira Kurosawa. C’était un immense cinéaste. C’était aussi quelqu’un qui avait un véritable point de vue sur son art et sur la vie. J’aime la philosophie de la vie qu’il véhiculait dans ses films. J’admire sa maîtrise du langage cinématographique. Il m’inspire toujours.

Quand j’étais jeune, j’aimais aller voir les films d’action. Je recherchais l’excitation, l’aventure, au cinéma. Je regardais les films sans trop me demander comment on les faisait. Jusqu’au jour où j’ai découvert les westerns de Sergio Leone. Je me souviens des gros plans dans ses films : c’était extraordinaire. On pouvait même voir le grain de peau des acteurs ! Avec ses films, j’ai pris conscience qu’on pouvait faire bouger une caméra ! C’est en regardant les films de Leone que je me suis rendu compte qu’il y avait un langage du cinéma. J’adorais Pour une poignée de dollars [ndlr : remake non avoué de Yojimbo de… Akira Kurosawa] et ses autres films avec Clint Eastwood. Consciemment ou pas, Sergio Leone fait aussi partie de mes maîtres. J’aime aussi le style de Sam Peckinpah, de Martin Scorsese et de Francis Ford Coppola.

On dit souvent que mon cinéma est proche de celui de Jean-Pierre Melville. Mais je dois vous avouer que, pendant longtemps, je ne savais pas qui il était. Très jeune, j’adorais les films d’Alain Delon – dans les années 1960 à Hong Kong, on pouvait voir beaucoup de films européens ; ce n’est plus le cas aujourd’hui où le cinéma hollywoodien règne en maître. J’allais les voir sans me demander qui les avait réalisés. Or, il se trouve que certains films d’Alain Delon étaient réalisés par Melville. Je me suis peut-être imprégné du cinéma de Jean-Pierre Melville sans le savoir…


Wong Tin Lam dans The Mission
HKCinemagic : Vous avez dit que c’est avec Loving You que « le style Johnnie To » a vu le jour. Et pourquoi pas sur All About Ah Long, où l’on voit aussi beaucoup d’éléments qui vont constituer votre marque de fabrique ?
Johnnie To : De mon point de vue, avant Loving You, je faisais un cinéma totalement commercial. Tous mes films étaient tournés vers le box-office. L’important était qu’ils rapportaient de l’argent. Je devais obéir à mes patrons producteurs. La réalisation était pour moi un travail, une source de revenus. Puis, après le tournage de The Mad Monk je crois [ndlr : Johnnie To ne s’est pas bien entendu avec la vedette de ce film, Stephen Chow], je me suis posé la question sur le devenir de mon cinéma ; je me suis demandé quel allait être mon avenir. Devais-je continuer sur la même voie ? Pendant toute l’année 1995, je n’ai pas tourné. Puis j’ai fait Loving You, premier fruit de ma réflexion. Je m’étais dit que je devais avoir ma propre vision du cinéma. J’avais pris la décision suivante : à partir de maintenant, je ferai ce que j’aime, et non plus ce que les autres aimeraient que je fasse.
 
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