Johnnie To : Dans les années 1950-1960, Hong Kong n’était pas encore très développé. A cette époque, il y avait environ 400 à 500 000 membres de triades sur tout le territoire, pour une population d’à peine quelques millions de personnes. C’était vraiment beaucoup. Il y avait de nombreuses triades ; certaines étaient composées d’à peine quelques centaines de personnes, d’autres pouvaient atteindre des milliers, sinon plus. Dans mon entourage, j’avais des amis ou des voisins qui en faisaient partie. Donc, inévitablement je connaissais l’existence des triades.

Pour moi, il y a deux facteurs qui favorisent l’implantation des organisations de type triades ou mafias : c’est la pauvreté et l’immigration. Quand on est en terre étrangère et qu’on est pauvre, on a besoin de la solidarité, du soutien des compatriotes. On doit organiser la communauté pour se protéger. Au début, des associations d’entraide se créent pour venir en aide aux nécessiteux, des groupes d’auto-défense apparaissent pour lutter contre les agressions extérieures, des amicales de commerçants voient le jour pour défendre les intérêts communs. Petit à petit, ces mouvements peuvent se transformer en réseaux mafieux. Le Hong Kong des années 1950-1960 était une terre d’émigration pour les Chinois venus du continent [ndlr : principalement des provinces limitrophes du sud]. Ces immigrés étaient très pauvres. Il y avait là un terreau très favorable au développement des activités illicites des triades. Les triades œuvraient principalement dans trois grands secteurs : les jeux, la prostitution et la drogue.

Les triades sont dirigées par des gens qui sont prêts à tout pour atteindre leur but. La soif du pouvoir et des richesses les pousse à utiliser tous les moyens. Ils emploient des méthodes illégales et violentes pour parvenir à leurs fins. Ce sont des gens qui ne respectent pas la loi ni la morale. Personnellement, je déteste les triades. D’ailleurs, les membres de triades qui ont réussi cherchent à quitter le milieu…