Arthur Wong : En fait mon premier film date de 1979, Fool Escape. C'est une comédie appartenant à Lau Kar Leung et à son frère, à leur société de production. Quand j'étais à la Shaw Brothers, je leur ai demandé de m'envoyer aux Etats-Unis ou en Angleterre pour étudier le cinéma et en échange j'étais prêt à signer un contrat de cinq ou sept ans. Ils ont refusé. Puisqu'ils produisaient 150 films par an, pourquoi enverraient-ils quelqu'un apprendre quelque chose et revenir et leur dire : "Oh c'est dépassé ou ce n'est pas bien" ? Donc j'ai appris sur le tas, à distinguer le bon du mauvais.
A l'époque à HK, le disco était très populaire. C'était la folie du disco avec Saturday Night Fever et j'étais encore un jeune homme quand je suis devenu cadreur de la première équipe. J'avais 23 ans. J'adorais le disco et certains réalisateurs voulaient que je devienne acteur, et j'ai commencé à écrire mon premier scénario sur le disco et les jeunes hommes qui s'engouffraient dans cette mode. La société de production refusa que je fasse ce film, car ils craignaient la censure, ils craignaient que tous les étudiants ne pensent qu'à jouer ou à danser. Cette mauvaise influence sur la jeunesse les mettrait dans le collimateur des censeurs. Donc il
y avait une forte chance pour que le film ne passe pas la censure.
Je n'avais que 23 ans, j'étais furieux et j'ai demandé la résiliation de mon contrat. Je suis parti de la SB, convaincu que je pouvais trouver d'autres
producteurs capables d'accepter mon projet. Donc j'ai tout quitté, même mon contrat de cadreur et suis parti de la SB. C'était une mauvaise année pour moi, car toutes les autres sociétés disaient la même chose : Si le plus grand studio n'est pas prêt pour ce projet, nous ne sommes pas prêts non plus. Bien évidemment.
Donc j'avais démissionné, étais abattu et de mauvaise humeur. Lau Kar-leung est venu me parler : "D'accord, fais-le pour moi, mais sans disco. Pense à une comédie d'action pour moi." Donc j'ai réalisé [et écrit] mon premier film.
Après ce premier coup d'essai, je me suis rendu compte que je n'avais pas d'expérience en tant que réalisateur, j'étais trop jeune. Donc j'ai préféré être un cadreur réputé plutôt qu'un mauvais réalisateur. J'ai rapidement rejoint une nouvelle boîte spécialisée dans les comédies, la Cinema City. Le patron de la Cinema City était un de mes bons amis, Karl Maka. On s'est rencontré quand je travaillais sur une production internationale, il était le premier assistant réalisateur, j'étais aussi un assistant. Nous sommes devenus de bons amis. Après quelques années, il m'a dit qu'il ouvrait sa propre boite et m'a demandé de la rejoindre. Peu après, et heureusement, chaque film de la Cinema City est devenu un grand succès au box office. |