Arthur Wong : Au début des années 1980, beaucoup de réalisateurs de la "nouvelle vague" sont arrivés, comme Tsui Hark et Ann Hui. Ils ont étudiés à l'étranger et ont trouvé du travail à la télévision à HK, et ils ont professionnalisé ce business. Ils ont créé de nouveaux postes et l'un d'entre eux était
celui de "directeur artistique". Avant on n'avait pas de directeur artistique. Puis, soudainement, tous les réalisateurs se sont intéressés
à la photographie. Ils étaient préoccupés par la lumière naturelle. Je pense que sous un gros spot, on a une ombre très nette qui se projette sur le mur [ce qu'ils n'aimaient pas].
Dès lors, la situation est devenue bien différente. Tous les vieux chefs op/
directeur de la photographie se sont retrouvés sans projet. Personne ne les embauchait. A l'époque la pellicule à haute sensibilité [qui nécessite une exposion plus courte, ndlr] est apparue. Les films ASA. Mais les objectifs rapides et les nouvelles techniques d'éclairage pour créer une lumière douce étaient aussi quelque chose de nouveaux. Le vieux
chef op traditionnel n'allait en général pas regarder les films au cinéma et ne savait pas ce qu'étaient ces lumières tamisées
[à l'inverse d'Arthur Wong, ndlr]. Donc d'un coup, je suis devenu très occupé à cette époque.
La plupart des techniques que j'ai apprises proviennent de livres et des magazines de l'ASC [l'ASC est l'American Society of Cinematographers, l'Association des Chefs Opérateurs Américains, ndlr]. Ces magazines traitaient des films américains et européens et proposaient de longs entretiens sur la photographie. Comment les chefs op réglaient la lumière, etc. Le tout illustré de photos. C'était la seule façon d'apprendre pour moi.
A cette époque, tous les réalisateurs de HK allaient voir les films américains, pas les films locaux. Et ensuite à toutes les réunions de production des éclairagistes, ils [les réalisateurs] nous montraient les scènes de films étrangers, et nous montraient ce à quoi leur propre film devait ressembler.
J'ai même construit plusieurs grues (dolly) sur mesure, j'ai créé le design de bon nombre de grues. En ce temps là, nous n'avions pas de système professionnel de dolly. On supportait simplement la caméra avec des cordes ou on attachait le cameraman à des câbles pour les panoramiques verticaux par exemple. |