1/ Jade Goddess of Mercy d'Ann Hui (2004)
La vétérante de la nouvelle vague elle aussi n'est pas morte ! Comme dit dans vos commentaires, voilà un film qui montre la Voie de ce que pourraient être les coproductions HK/Mainland. Une oeuvre avec un titre qui serait parfait pour un Girl-with-Guns, mais c'est un beau drame intimiste (spécialité de Hui), doublé d'un très beau personnage féminin, dont la fin éclaire sur ce fameux sobriquet déesse de la miséricorde. Vicky Zhao nous prouvre qu'elle est une des révélations féminines les plus intéressantes depuis 10 ans (avec Cecilia Cheung, Zhou Xun, Karena Lam et quelques autres).
2/ Happy Together de Wong Kar Wai (1997)
Il reste son meilleur film depuis 10 ans, un des sommets de sa carrière avec Chungking Express. Un film qui m'est cher parce que c'est un des derniers grands rôles (LE dernier ?) de Leslie Cheung, décédé en 2003. Même si ça m'agace que WKW soit devenu un cinéaste-chouchou-grigri d'une certaine intelligensia parisienne, qui ignore totalement l'oeuvre de Ann Hui ou Stanley Kwan, même s'il radote depuis 3 films, il reste l'un des réalisateurs chinois les plus intéressants.
Happy Together
3/ The Mission de Johnnie To (1999)
J'ai beaucoup hésité à mettre Too Many Ways..., mais finalement, The Mission est LE modèle absolu du Système Milkyway, boîte de production la plus intéressante, avec l'UFO (mais qui fut créée antérieurement), de la fin des années 90. Une superbe série B, avec 4 des plus grandes gueules du ciné HK, qui dans ses deux scènes de gunfights (le sniper, le centre commercial), nous offre une grande leçon de pure mise en scène. Même la musique (très cheap, mais je pense que c'est volontaire) participe au caractère unique de l'oeuvre. To se concentre plus sur les scènes de suspension que sur l'action pure, tendance qu'on retrouvera dans un de ses autres grands films : PTU.
4/ Full Alert de Ringo Lam (1997)
Ringo pas mort ! De retour à HK après JCVD, Lam sort consécutivement 3 très bons films (The Suspect, The Victim), dont le meilleur est incontestablement Full Alert. J'ai encore une fois longtemps hésité à mettre Too Many Ways To Be Number One de Wai Ka Fai, car il a les mêmes têtes d'affiche, et j'ai finalement opté pour Lam, qui est pour moi l'un des cinéastes les plus passionnants, le choc qu'a été pour moi School on Fire en fait un de mes favoris. Francis Ng et Lau Ching Wan sont LES acteurs emblématiques de la décénnie post-rétrocession : deux gueules inoubliables, un charisme et un talent inégalés, qui ont mis du temps à percer. Quand les grosses stars locales se sont expatriées pour tourner des oeuvres indignes de leur réputation, Lau et Ng ont pu tout rafler sur leur passage, ne laissant que des miettes aux Louis Koo et autres Julian Cheung, qui ne sont pourtant pas mauvais.
Pour ce qui est de Lam, ce film, en fait cette trilogie post rétrocession, nous montre encore qu'il est un cinéaste moralisateur (au sens wilderien du terme) : les mobiles du braquage suicidaire de Ng sont les mêmes que ceux du perso que jouera Lau dans The Victim : la banqueroute et la folle course vers l'argent des hongkongais.
Je crois très fort en un comeback de Lam, après Triangle et je le redis : Ringo pas mort !
5/ King of Comedy de Stephen Chow (1999)
Malgré Shaolin Soccer, malgré Kung Fu Hustle, c'est son meilleur film depuis 10 à mon goût. C'est une des comédies sur l'envers du cinéma les plus émouvantes que j'ai vues (depuis Les Voyages de Sullivan de Sturges), et rarement une affiche n'aura été si bien pensée et n'aura si bien collé à l'esprit du film : on y voit les 3 acteurs principaux (Karen, Cecilia, Stephen) et un chien, sourirent niaisement avec les larmes aux yeux (clin d'oeil à certains animés nippons ?).
Chow SC est entouré de ses comparses habituels (Ng Man-tat, Karen Mok, etc) et LA révélation de Cecilia Cheung, délicieuse et touchante, et nous sert ses parodies habituelles (au début une parodie de The Killer avec Karen en Girl-with-Gun, ou plutôt bazooka, et à la fin, une parodie de City on fire). Cependant, il apporte des touches de nouveautés à son cahier des charges attendu : Ng Man Tat joue un rôle sensiblement différent de l'habitude (avant un gars affublé d'un rire gras et idiot qui abuse de ce pauvre Stephen), qui donne le ton plus adulte du film. Le caméo suprise de Jackie Chan contredit les efforts presque method actor du personnage de Stephen Chow pour devenir un bon acteur. Je me souviens d'un article de HK Orient Extrême qui disait que Chow devrait nous sortir tôt ou tard son Man on the moon (sa carrière ayant de nombreux points communs avec Jim Carrey, son alter-ego US), et que une certaine gravité perce progressivement son oeuvre, et ce film en est l'illustration. |