L’Empire de Chine agonise. Le dernier quart du XIXe siècle est marqué par la décadence de la dynastie mandchoue des Qing... De toutes puissantes armées, tour à tour rivales ou alliées, s’opposent constamment tandis que le peuple s’enfonce dans la misère et la famine. Les stratagèmes de la cour impériale autour de l’impératrice douairière Cixi sont bien loin de la réalité, dure et crue. Dans ce contexte, le hasard des conflits unit trois hommes qui se jurent fidélité : le général Pang, déchu de l’armée impériale (Jet Li), Er-Hu, un chef de village meurtri par la misère de son peuple (Andy Lau) et Zhang, son fidèle et jeune bras droit (Kaneshiro Takeshi). Le pacte scellé dans le sang se transforme rapidement en une échappée guerrière suicidaire, en une fuite en avant contre la fatalité.
Critique
Du sang et des larmes dans l’Empire du Milieu
Peter Chan réalise ici une brillante fresque héroïque aux dimensions shakespeariennes. Très librement inspiré d’un fait réel, The Warlords n’est pas exactement une nouvelle version de Blood Brothers de Chang Cheh. Les thèmes brassés...
Le titre chinois du film est TOU MING ZHUANG (投名状). Cette expression, difficile à traduire, signifie quelque chose comme "Une preuve d'engagement". Elle vient d'un épisode du roman "Au bord de l'eau" (水浒传) : celui où Lin Chong (林冲) doit tuer un homme pour pouvoir intégrer la fraternité de Liangshan. Depuis, Toumingzhuang est synonyme de rite d'intégration dans le langage des sociétés secrètes (aujourd'hui, "un gros coup" qui forge le respect...).
Peter Chan a nié avoir voulu faire un remake de Blood Brothers (刺马) de Chang Cheh. Il s'est contenté de reprendre cette histoire vraie des annales judiciaires de la fin des Qing (Manchous) pour l'interpréter à sa manière. Il se focalisera sur la conduite, les interrogations morales des différents protagonistes de l'histoire. Les personnages de son film ne seront pas simplement bons ou mauvais comme dans le film de Chang, ils évolueront tous dans une sorte de zone grise où ils risquent de se perdre. Ainsi, Andy Lau, qui interprète le deuxième frère juré dans l'histoire, recevra un défi (un "toumingzhuang") pour prouver sa loyauté et son courage : il va devoir tuer le premier homme qui va croiser son chemin. Or, cet homme malchanceux sera celui qui lui a sauvé la vie jadis. Tang le 2e Tigre (唐二虎) - nom du personnage d'Andy Lau - le tue, pour respecter son engagement vis-à-vis de ses deux autres frères jurés. Ce geste immoral et inhumain le précipitera dans la chute. Contrairement au film de Chang Cheh, ce personnage sera considérablement étoffé dans celui de Peter Chan.