Hong Kong Cinemagic
Version française English version
 Critiques   Forum   Facebook  
 Personnes
 Films
 Studios
 Lexique
 Vos réglages

Rech. HKCine
Utiliser la Recherche Google
>> Aide

 Réalisateurs
 Acteurs
 Techniciens
 Producteurs

 Arts martiaux
 Action / Polar
 Comédie
 Drame & Opéra
 Catégorie 3

 Shaw Brothers
 Comptes rendus
 Industrie du film
 Culture et société

 Tests DVD Z2 VF
 Tests DVD SB Z2
 Autres Tests DVD
 Bibliographie
 Guide d'achat

 La Catégorie 3
 Héros handicapés
 Le Japon et HK
 Index des Archives

 BOF & Musique
 PDF & E-books
 Livre d'or VIP

 Plan Du Site
 Archives des éditos
 Aide à la Navigation
 Rédaction
 Historique
 Liens Web
 Le ciné HK et nous
 Livre d'or
 Remerciements
 HKCinemagic 2

Statistiques :
11630 Films
19215 Personnes
1448 Studios
230 Articles
82 Interviews
155 Tests DVD
32452 Captures DVD
3722 Vidéos
Critiques Express

Magnificent Bodyguards    (1978)
Ces dernières années, les grands écrans ont été inondés de films en 3D. Même Hong Kong parvient à s’inscrire dans cette mouvance avec la sortie prochaine de 3D Sex & Zen: Extreme Ecstasy, qui présentera des effets érotiques en 3D. On a ainsi tendance à oublier que le phénomène avait déjà pris son essor dans les années 70. Il suffit de regarder les bandes annonces de pellicules d’exploitation de l’époque pour comprendre qu’une fois de plus, on ne fait que recycler une mode avec des moyens plus importants. Toujours à l’affût de nouvelles idées qui pourraient lui rapporter et compenser son manque de maîtrise de la caméra, Lo Wei décide donc de donner de l’ampleur au kung fu de Magnificent Bodyguards grâce à ce procédé révolutionnaire. Hé oui, à l’époque, Lo Wei et Jackie Chan faisaient déjà des films en 3D !

Au moment du tournage, Jackie Chan a déjà participé à une demi-douzaine de films pour la Lo Wei Motion Pictures, mais il n’est toujours pas devenu le nouveau Bruce Lee, contrairement aux espoirs portés sur lui. La tentative de faire de lui l’antagoniste de la star sur le déclin Jimmy Wang Yu dans Killer Meteors s’est également soldée par un échec. Le capital sympathie de star n’étant manifestement pas suffisant pour subjuguer les foules et compenser l’absence du petit dragon, Lo Wei décide pour ce nouveau film de lui adjoindre des acolytes connus du public. James Tien a déjà entamé sa carrière de traître perfide depuis Hand Of Death, croisant le fer à plusieurs reprises avec Jackie Chan, et a même combattu aux côtés de Bruce Lee (ce qui n’était sans doute pas une chance pour lui). Quant à Bruce Leung, s’il n’a jamais atteint la gloire, son travail aux côtés de Ng See-Yuen, ses superbes coups de pied et ses tentatives de singer le petit dragon (comme dans le psychédélique Dragon Lives Again où il incarne un Bruce Lee arrivé au ciel rencontrant Popeye ou encore Dracula) lui ont permis de se faire connaître. Enfin, pour achever de donner un cachet à son œuvre, Lo Wei obtient les services de l’écrivain Gu Long, un romancier ultra populaire, spécialisé dans la littérature wuxia et rendu célèbre dans nos contrées par les adaptations de ses écrits que Chu Yuan a faites pour la Shaw Brothers.

Mais si les productions Shaw mettent en valeur les histoires denses et complexes de l’écrivain dès leur introduction, grâce à une narration qui met en valeur le récit, Lo Wei préfère attaquer sans perdre de temps, démarrant son intrigue par un combat. Outre les partis-pris narratifs douteux, cette première scène permet de constater que le réalisateur n’a toujours aucun sens du cadre (voir son New Fist of Fury). Sa mise en scène est paresseuse et plate, constituée de plans fixes qu’on pourrait croire placés aléatoirement. Le montage est sans génie et n’apporte aucune dynamique aux affrontements. On sent bien que Lo Wei est plus occupé à mettre le maximum d’effets 3D possible qu’à livrer un travail appliqué. Malheureusement, la médiocrité de son travail sera le seul élément constant dans Magnificent Bodyguards. Et ce fameux effet de relief se présente toujours de la même façon : un personnage se trouve face à la caméra et lance une attaque, à la fin de son mouvement, il se fige dans un arrêt sur image, et l’objet se précipite vers le spectateur. Cette technique est utilisée à outrance, en particulier dans la dernière partie du film, sans qu’on ait la sensation qu’il y ait une réelle pertinence ou un véritable apport. Censés favoriser l’immersion du public, les effets 3D semblent avoir été favorisés au détriment du budget pour les costumes et les décors, qui sont encore plus mauvais que dans les productions Lo Wei habituelles. C'est dire... Difficile de rentrer dans un récit où tout semble faux. En comparaison, l’univers très coloré des films de Chu Yuan parvient à créer un univers à part, auquel on peut croire grâce à son côté cartoon. Ici on a plutôt l’impression d’assister à une mauvaise plaisanterie.

Malheureusement, cette tendance à tout mal faire, qu’on avait déjà largement eu l’occasion de constater dans le reste de la filmographie de Lo Wei, va se confirmer de façon spectaculaire. Comme s’il cherchait à convaincre son public qu’il pouvait faire encore pire. Incapable de filmer l’action de façon dynamique, il va ainsi prouver qu’il n’a aucun sens de la narration, réussissant à provoquer l’ennui alors que les combats s’enchaînent à raison d’un toutes les 5 minutes. Si on lisait les dialogues dans un roman, ils provoqueraient déjà l’hilarité par leur manque de substance et leur propension à accumuler les clichés, mais avec la mise en scène totalement plate de Lo Wei, ils atteignent une nullité qu’on pourrait presque qualifier d’héroïque. Mais c’est surtout lorsque le réalisateur se prend pour King Hu qu’on peut mesurer l’ampleur de son génie pour la non réalisation. King Hu avait une approche intellectuelle des arts martiaux, et privilégiait dans ses œuvres les scènes de tension, exploitant le cadre public des auberges pour des scènes inoubliables comme dans Come Drink With Me ou Dragon Inn dans lesquels ce n’était pas tant le combat qui importait, mais plutôt l’attente qui le précédait, et la bataille psychologique qui se livrait. Sans talent, il est difficile pour Lo Wei d’immerger le public dans un suspense de cette envergure. Pourtant, Lo Wei tente à tout prix d’instiller du mystère à son récit, mais son manque de sens de la narration et ses dialogues soporifiques peinent à insuffler la moindre ambiance de suspicion. Il faut avouer qu’il n’est pas aidé par un scénario sans consistance et même sans histoire. Au-delà de l’intrigue sans intérêt, c’est le manque de consistance des personnages qui impressionne. Aucun des héros n’agit jamais de la même manière, à l’image de Ting, celui incarné par Jackie, qui se montre rusé dans le premier tiers du récit, mais est toujours dépassé par les événements par la suite. De plus, notre trio d’amis se comporte plus souvent comme de parfaits étrangers que de vieux alliés. Le coup de théâtre final, en plus d’être prévisible, rend ce parti-pris encore plus ridicule. Pourtant, l’histoire est tellement succincte qu’on a bien du mal à croire que le peu d’événements qui s’y déroulent puissent être aussi inconsistants. On peut résumer l’intrigue à : trois combattants escortent une femme et son frère malade dans les montagnes de la mort, rencontrent beaucoup d’obstacles et remplissent la mission qu’ils s’étaient fixés. Une telle synthèse ne fait perdre aucune des subtilités de l’histoire. Difficile de croire que c’est le même Gu Long que chez Chu Yuan qui a officié en tant que scénariste. Lui qui nous a habitués à un sentiment de paranoïa pesant et à des pièges inventifs enchaine ici les traquenards les plus classiques. Pire, Bruce Leung, censé être sourd, est capable de lire sur les lèvres de personnes perchées à une dizaine de mètres au dessus de lui. Passage d’autant plus important qu’il apprend alors que leurs agresseurs essaient de les tuer, plan dont on se doutait un peu en les voyant leur jeter des rochers en carton pâte au visage. Rochers bien peu convaincants d’ailleurs, avec leur forme carrée. Dans le registre des effets risibles, n’oublions pas cet arbre mort qu’on devine secoué par un figurant pour mimer le vent. Et que dire des dialogues durant lesquels notre héros sourd, entouré de ses amis, se tourne dès que l’un d’eux prend la parole, comme s’il les entendait. Les incohérences dans les actes des héros sont tellement nombreuses qu’on ne les compte même plus. Comme lors de ce passage où James Tien demande aux autres de regarder dans une direction qu’il leur montre avant de leur commander de ne pas regarder.

Mais qu’on se rassure, si Lo Wei et Gu Long livrent un mauvais travail, les acteurs font leur possible pour se montrer dignes de leur médiocrité. A commencer par Jackie Chan, dont seule la prestation dans Eagle Shadow Fist peut rivaliser avec son interprétation de Ting. Lorsqu’il se présente comme un combattant fier et arrogant, on retrouve certaines de ses habitudes de jeu habituelles, qu’il maîtrise assez bien, mais rapidement, il semble mal à l’aise, n’ayant aucune idée de quelle expression adopter. C’est particulièrement vrai dans les longs et ennuyeux dialogues où il secoue la tête en regardant dans le vide. Il ne parvient jamais à convaincre et va rapidement être éclipsé par un James Tien plus sûr de lui. Si le vétéran ne livre pas sa meilleure prestation et que son jeu est également parfois approximatif, il manifeste une présence bien plus importante. Quant à Bruce Leung, il est totalement en retrait, à tel point que son personnage n’aura même pas l’honneur d’avoir la moindre motivation pour participer à l’aventure. Le grand méchant démoniaque nous refait le coup du rire démoniaque à chaque phrase, à tel point qu’on en vient à se demander s’il souffre de troubles obsessionnels compulsifs. A l’image de James Tien, qui semble incapable de s’empêcher d’arracher les visages ou les membres de ses adversaires, dans des effets gores hilarants. Cette violence aussi subite qu’exacerbée tranche avec le ton général, le final affichant d’ailleurs une brutalité qui le rapproche davantage des œuvres de Chang Cheh que de celles de Chu Yuan. Du moins s’il existait des enjeux dramatiques.

Mais qui se soucie de l’histoire tant qu’il y a des combats ! Et de ce point de vue, Lo Wei se montre généreux. Les chorégraphies sont par contre plutôt inégales. La première est ponctuée d’affrontements à la chorégraphie répétitive. Ce sont les affrontements de groupe qui sont privilégiés, et les mouvements sont peu variés. De plus, les cascadeurs bougent un peu plus lentement afin de donner l’impression que les héros sont plus rapides, ce qui rend les enchaînements peu fluides. Jackie et Bruce Leung sont en pleine forme et bougent très bien et les acrobaties de l’un et les coups de pied de l’autre sont bien mis en valeur. James Tien est nettement plus rigide. On constate néanmoins qu’il s’est amélioré depuis Hand Of Death, et même s’il se montre toujours plus convaincant avec une arme, il parvient plus ou moins à faire illusion à mains nues. Il faudra néanmoins attendre le dernier tiers du film pour assister à de véritables joutes martiales. Les enchainements deviennent plus techniques, les formes plus précises, et certains échanges sont même plutôt complexes. Le final, long et varié, multiplie les opposants et les techniques de façon spectaculaire, même si l’affrontement avec le chef est un peu moins réussi, à cause d’une utilisation trop abondante des câbles (qui ne sont même pas cachés) et des trampolines. Du point de vue martial, le spectateur qui aura subi une première heure insipide, se réjouira de la qualité des combats du dernier tiers, qui sans être inoubliables sont martialement plutôt intéressants.

Magnificent Bodyguards est un film de Lo Wei, il reste donc médiocre, raconté et filmé sans talent, et joué avec platitude, mais son dernier tiers assure le spectacle de façon efficace.
Léonard Aigoin 3/19/2011 - haut

Index de la page
 3/19/2011 Léonard Ai...

 Publicité avec Google AdSense   Participer au site   Contact   FAQ   Utilisation contenu du site   Disclaimer   Rapport d'erreur  
copyright ©1998-2013 hkcinemagic.com