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Critiques Express

Vengeance Of A Snowgirl    (1971)
Dernier film de Lo Wei à la Shaw Brothers, l’œuvre aurait aussi du être la dernière de Cheng Pei-pei l‘année suivant "l’Ombre du Fouet", mais ayant préféré tourner "les Griffes de Jade" avec Ho Meng-hua, elle délaissa le rôle à Li Ching, la Baby Queen du studio. Cette dernière est souvent apparue dans des wu xia pian majeurs de la Shaw Bros. ("La Rage du Tigre", "Les 14 Amazones", "Le Complot des Clans"), mais on ne peut la considérer comme une des grandes dames de l’épée, à la façon d’une Cheng Pei-pei, d’une Shih Szu ou d’une Hsu Feng, car elle était plutôt réduite au rôle de groupie du héros masculin (Lei Li, Chu Liu-xiang), ou complétait un casting de stars. Choisie par défaut, Li Ching trouve pourtant l’un de ses meilleurs rôles, et prouve qu’à l’instar de ses aînées, elle pouvait parfaitement porter un film de cape et d’épée sur ses épaules. On ne peut que regretter qu’elle fut si souvent employée dans des rôles de baby-queen dans des mélos trop sucrés, où on lui demandait surtout de jouer les filles mignonnes, sans la moindre ambigüité.

"Vengeance of a Snowgirl" peut se lire comme une sorte de "Beyond Hypothermia" avant l’heure, car comme dans le polar/mélo produit par Johnnie To 25 ans plus tard, il conte l’histoire d’une femme froide au sens propre comme figuré, qui va être progressivement réchauffée par l’amour, mais au moment de le trouver, sa vie s’achèvera dans la mort (et la froideur littérale). Le handicap de l’héroïne vient du fait que le jour de la mort de ses parent, elle était enfant cachée avec l’épée tant convoitée dans une grotte, ses jambes dans une source d’eau glacée, ce qui les a paralysées. Tien Feng, au contraire de ses trois complices, cherchera à faire disparaître sa détermination haineuse (d’où l’importance du personnage de son fils amoureux) et à l’aider à surmonter son handicap, une source miraculeuse pouvant les réchauffer.

Si la figure du héros masculin handicapé est courante dans le film de cape et d’épée chinois et japonais, son homologue féminin est quasi inexistant, car pas assez glamour. On peut admettre l’idée d’un héros peu attirant physiquement, maigrichon, handicapé, et surmontant tous les obstacles (tel Jimmy Wang Yu), l’héroïne martiale doit toujours être très belle et apprêtée, d’où ces quantités de films old school où les actrices ont des chignons incroyablement élaborés, même dans les scènes de combat ("Seven Swords" doit être l‘un des rares wu xia où l’héroïne martiale n‘est pas apprêtée). La femme handicapée a plus sa place dans les mélos transformistes à oscar, que dans le cinéma d’action. Le seul autre exemple célèbre de wu xia présentant une héroïne handicapée est le petit classique de Wu Ma, "The Deaf and Mute Heroine", jouée par Helen Ma.

Li Ching étonne dans la première partie du film, car le spectateur habitué à ses minauderies, ne soupçonnait sans doute pas qu’elle pouvait jouer le rôle d’une femme vengeresse aussi déterminée. Dans la scène où elle indique à l’un des fils de Tien Feng qu’elle a tué son oncle, et que son père est le prochain sur sa liste, elle fait passer un éclair de folie dans son regard, le tout avec un large sourire. Bien évidemment, il faut faire fi des approximations de l’époque : Li Ching est handicapée, mais peut voler ou monter à cheval (son kung-fu le lui permet), Lo Wei laisse des plans au montage où elle peut plier les jambes, alors qu’une minute plus tôt elle s’excusait devant un prince de ne pouvoir s’agenouiller.

Tout comme Helen Ma se servait de miroirs pour compenser sa surdité dans les scènes de combat, Li Ching cache l’épée du Phenix de Jade dans une de ses béquilles, qui lui servent d’appui au combat. Cependant, d’un point de vue martial, on ne trouve pas l’aspect pédagogique des films de héros masculins handicapés, expliquant au spectateur comment il va compenser son handicap ; comme dans le film de Wu Ma, les capacités martiales de l’orpheline handicapée ne sont pas expliquées (même si Li Ching évoque le nom d‘un maître), le spectateur se dit juste que c’est sa détermination dans un monde hostile qui l’ont rendue forte.

Dans la deuxième partie du film, elle joue dans un registre plus habituel, correspondant au dégèlement de l’héroïne, progressivement touchée par l’intégrité et l’amour de Yueh Hua. Ainsi, la fin ne propose pas de climax vengeur comme la plupart des films d’arts martiaux, mais verse dans le mélodrame féminin sacrificiel (Li Ching ayant été une Reine du mélo avec des films comme "Susanna"). Bien évidemment, comparée à l’héroïne de "Kill Bill" (qui ne renonce jamais à sa vengeance, malgré les larmes), le spectateur actuel peut trouver l’héroïne trop archétypale, mais l’histoire met nettement l’accent sur l’idée de dégèlement, et non sur un quelconque suspens vis-à-vis de la vengeance servant de point de départ.

L’absence totale de style personnel de Lo Wei est compensée par un scénario riche, mêlant arts martiaux, fantastique et mélodrame (Ni Kuang y participe), ce qui fait de ce film l‘un des meilleurs de son réalisateur. Il aurait pu être un grand classique aux mains d’un réalisateur plus ambitieux, qui aurait exploité l’idée de dégèlement avec un sens plus baroque, plus d’audace, ce qui aurait compensé le côté kitsch de la statue humaine de glace et des décors des endroits clés (le volcan, et surtout la source pouvant guérir les jambes de l‘héroïne). C‘est un reproche analogue que certains faisaient à "Beyond Hypothermia", trouvant que la très belle idée de température corporelle inférieure à la normale n’était pas exploitée à fonds.

En résumé, un wu xia pian féminin old school de très bonne facture, on se dit que Cheng Pei-pei avait eu moins de flair de préférer tourner "L'Ombre du fouet" (sur les deux projets que lui avait proposés Lo Wei), mais l’œuvre nous permet de voir une Li Ching inédite.
Anne Saïdi 8/29/2008 - haut

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 8/29/2008 Anne Saïdi

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