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L' Impitoyable    (1976)
En 1976, la mode des films prenant comme contexte le temple de Shaolin bat son plein et celui qu’on surnomme l’ogre de Hong Kong, le réalisateur Chang Cheh, en a fait le sujet de la grande majorité de ses films. Mais l’homme fort de la Shaw Brothers s’intéresse finalement peu au temple et à l’apprentissage martial, puisque c’est surtout la lutte des patriotes chinois contre les mandchous qui est au centre de son propos. Néanmoins, on trouve deux exceptions dans cette succession de productions. Shaolin Martial Arts se rapproche ainsi de la philosophie d’un Lau Kar Leung, à l’origine de l’orientation du cinéma de Chang Cheh vers les arts martiaux de Shaolin. L’entraînement y a autant d’importance que les combats, et la relation entre maître et élève est au centre de l’intrigue. Shaolin Temple met quant à lui en scène des laïques venant s’entraîner aux arts-martiaux de shaolin avant l’invasion du temple par les mandchous. La bobine dure près de deux heures, et l’intrigue simpliste laisse largement l’opportunité au réalisateur de s’appesantir sur l’apprentissage martial. Ces séquences sont particulièrement farfelues, et même si elles fonctionnent du point de vue ludique, la philosophie martiale reste un peu trop légère. Joseph Kuo Nam Hung, artisan taïwanais spécialisé dans les divertissements efficaces, prend le parti de présenter un temple shaolin mystique, peuplé d’hommes de bronze, et insiste sur l’apprentissage ludique, dans son 18 Bronzemen. Mais c’est véritablement avec 36th Chamber Of Shaolin, réalisé par Lau Kar Leung en 1978 que la philosophie Shaolin va connaître sa représentation la plus vibrante. Le réalisateur prend soin d’habiller son propos d’une intrigue assez proche du cinéma de son mentor Chang Cheh, afin de répondre à la demande des producteurs, mais va s’éloigner de tout ce qui peut ressembler à une véritable dramaturgie autant qu’il le pourra pour se centrer sur le cheminement spirituelle d’un Gordon Liu qui apprend autant à combattre qu’à vivre par les arts martiaux. Le Shaolin Wooden Men produit par Lo Wei s’inscrit entre toutes ces œuvres, tant chronologiquement que thématiquement. Le producteur a toujours été un recycleur, et ses tentatives pour faire de son poulain Jackie Chan une star l’ont poussé à multiplier les genres abordés, toujours sous forme de copies mal fichues.

Shaolin Wooden Men est réalisé par Chan Chi Hwa, avec qui Jackie Chan travaillera à de multiples occasions. Metteur en scène plus audacieux que Lo Wei, ce dernier introduit son propos avec une mise en scène soignée et même plutôt inventive. Outre un montage frénétique qui multiplie les jets de lumière sur des moines à l’air patibulaire de gangsters de western, le décor tout noir et l’utilisation des éclairages créent une atmosphère mystérieuse tout à fait bienvenue. Cet exercice stylistique est l’occasion de présenter notre héros affrontant successivement plusieurs moines. Sur le plan visuel, les vêtements blancs de Chan et les robes oranges des moines ressortent avec flamboyance grâce au fond noir et aux éclairages, contribuant à donner un aspect théâtral à la réalisation. Les affrontements sont par contre bien moins réjouissants, même si on constate une évolution durant ces cinq premières minutes. Les figures sont très techniques, mais il n’y a aucune fluidité dans les enchaînements. Les mouvements sont lents et beaucoup trop décomposés, et la sensation que chaque combattant attend les coups de l’autre est plus pesante que jamais. Le montage relativement plat ne donne pas beaucoup de relief à des chorégraphies datées qui ont vieilli même pour l’époque. Pourtant, il y a quelques moments de grâce, comme l’ajout d’acrobaties plutôt réussies, mais le niveau reste décevant. Sans compter que cette introduction, sympathique dans l’idée, moins dans l’exécution, n’a pas vraiment de justification narrative. L’emploi du rêve paraît finalement assez peu pertinent au regard de l’histoire du personnage.

On appréciera néanmoins la métaphore montrant Jackie se cacher sous un banc pendant que les aboiements d’un chien sont ajoutés pour exprimer sa lâcheté. Mais malgré les quelques bonnes idées, cette première scène biaise l’attente du public, qui imagine alors assister à une succession de combats, ce qui est loin d’être le schéma que va suivre cette première moitié du récit. D’un intérêt plutôt limitée en termes d’intrigue, l’histoire va en effet s’appesantir sur les tribulations et l’apprentissage du jeune muet interprété par Jackie Chan. Comme tout bon héros de film de kung fu d’une production Lo Wei, c’est la vengeance qui sert de carburant au moteur du jeune homme, et c’est cette raison qui le pousse à vouloir apprendre les arts martiaux. La découverte du drame qui a changé sa vie se fait sous forme de flashback, et comme d’habitude, un filtre de couleur accompagne cette scène. Mais c’est l’utilisation d’un objectif grand angle qui donne plus d’intensité au meurtre, immergeant le spectateur dans la perspective de l’enfant assistant impuissant au combat. Chan Chi Hwa se montre une fois encore plus audacieux que Lo Wei dans sa mise en scène, et il multiplie les expérimentations de façon intéressante malgré un budget qu’on devine restreint. Les décors sont en effet peu nombreux et sans éclat, tout comme les costumes.

Ce manque de moyens est particulièrement flagrant lorsque les fameux hommes de bois du titre nous sont présentés. Difficile de ne pas ressentir un décalage avec le traitement premier degré en voyant ces hommes affublés de tonneaux, de seaux et de gants de boxe censés être terrifiants. Il y a d’ailleurs fort à parier que les couloirs inondés d’hommes de bois ne sont en fait qu’un seul et même couloir montré sous différents angles. Finalement, les trois premiers quart d’heure se déroulent dans trois décors assez piteux, et la deuxième moitié ne se révèle pas plus généreuse, puisqu’il faudra se contenter du classique petit village avec sa pauvre auberge et d’une plaine pour le final. Mais un scénario solide peut largement compenser le manque de décors et de moyens en général. LesChinese Odyssey de Jeff Lau ne présentent finalement que peu de lieu, et sont pourtant d’une audace tant visuelle que narrative surprenante.

Malheureusement, Chan Chi Hwa a beau être plus besogneux que Lo Wei, il ne parvient jamais à donner de souffle à son récit. La partie apprentissage reste divertissante, même si les techniques sont basiques et que l’entraînement manque d’imagination. Mais les relations maître/élève ne sont pas suffisamment exploitées. C’est d’autant plus regrettable que le scénario offrait des possibilités de s’éloigner du schéma classique. On trouve même quelques bonnes idées de ce point de vue, plus ou moins utilisées dans la conclusion. Mais le traitement reste superficiel, et la spiritualité qui semblait se développer est abandonnée au profit de coups de théâtre bien plus artificiels. Les notions de rédemption et d’évolution ne semblent pas suffisamment forte aux yeux de l’équipe pour dépasser le besoin de vengeance, qu’on tente de faire passer pour de la justice en la légitimant par le regard des moines Shaolin. Ce traitement n’est donc pas seulement décevant, il est aussi douteux, surtout lorsque la musique entraînante vient appuyer l’idée que tuer un criminel est une action positive. Bien sûr, Shaolin Wooden Men n’est ni une œuvre sociologique, ni une véritable invitation à la réflexion. Mais quand on se targue de prend l’apprentissage spirituel de Shaolin, il ne parait pas inapproprié d’approfondir un peu le message. Au-delà du manque de fond, on regrettera la césure trop importante entre les deux moitiés du film. Si la première est presque exclusivement réservée à l’apprentissage, la seconde n’a pas grand-chose à raconter, et on s’ennuie malgré la succession de combats.

Il faut dire que martialement, le niveau reste cruellement décevant. La fameuse traversée du couloir des hommes de bois est plus ambitieuse, mais n’atteint pas des sommets d’ingéniosité. Les bonshommes se contentent de remuer les bras et les jambes de haut en bas, ce qui limite la complexité des enchaînements. Jackie nous gratifie malgré tout de quelques acrobaties très réussies et s’investit pleinement, ce qui rend l’affrontement dynamique. Mais il semble évident que l’espace du couloir et les mouvements des robots lui laisserait largement l’opportunité d’avancer sans recevoir de coup ce qui diminue l’enjeu de cette rencontre. Les combats qui ponctuent le reste du métrage sont médiocres. Les affrontements de groupe sont les moins bons. Non seulement les agresseurs n’attaquent jamais en même temps, mais en plus les échanges sont simplistes et consistent principalement à montrer l’invincible héros passant ses adversaires à tabac.

Et pourtant, il y avait du potentiel, puisque parmi les cascadeurs on reconnaît un Yuen Biao très en forme qui parvient tout de même à nous montrer quelques coups de pied dont il a le secret. Le plus mauvais des combats consistent à mettre face à face le mauvais bougre qu’est le maître de Jackie ainsi que sa bande face aux moines de Shaolin. Les amateurs de duels au bâton ont tout intérêt à ne pas regarder tant la chorégraphie est risible. Tous les acteurs font tournoyer leur bâton sans savoir comment s’en servir. Ce combat est mou et semble plus proche de la parodie. Il faudra attendre le final pour observer des échanges plus consistants. Mais là encore, on se demande ce qui est arrivé à Chan Chi Hwa : les faux raccords s’enchaînent, et l’utilisation excessive des accélérés nous plonge en plein show de Benny Hill. Même le duel entre Jackie et son maître qui est aussi, sans surprise, l’assassin de ses parents, manque d’énergie. Les enjeux dramatiques ne sont pas du tout exploités, et les enchaînements, s’ils sont sympathiques, sont encore ponctués de mouvements beaucoup trop décomposés. On a bien du mal à se satisfaire de combats qui semblent dater du début des années 70. La fin du duel ferait presque penser à une parodie des finish moves du jeu Mortal Kombat.

Martialement, Shaolin Wooden Men est loin d’être le travail le plus flatteur de Jackie Chan. Les combats sont mous, les mouvements peu convaincants, et la majorité des acteurs peu investis. L’apprentissage spirituel manque de fond et de réflexion. L’intrigue est sans surprise, et le déroulement manque d’audace. Pourtant, on ne peut s’empêcher d’éprouver de la sympathie pour les quelques bonnes idées et pour l’envie de faire vivre cette philosophie de Shaolin. A réserver aux inconditionnels de la star, une fois de plus !
Léonard Aigoin 4/8/2011 - haut

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 4/8/2011 Léonard Aig...

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