HKCinemagic :
Les acteurs avaient-ils une formation initiale en Wing Chun ? |
Leo Au-Yeung : Avant le premier film sur Ip Man, le Wing Chun était peu répandu ou du moins peu connu du public. En Chine Continentale par exemple, il est peu connu. Dans les villes comme Foshan il y a des écoles de Wing Chun, mais ce n'est certainement pas un style très répandu. En comparaison, la situation est différente à HK, car Ip Man a importé ce style là-bas et les pratiquants d'arts martiaux ont touché plus ou moins au Wing Chun. Cependant pour le film, la plupart des acteurs et des cascadeurs étaient de Chine Continentale et n'ont jamais eu d'expérience du Wing Chun et n'y connaissaient rien. Donc pour beaucoup c'était une nouveauté ! |
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HKCinemagic : Quelle est la différence entre travailler avec des acteurs et des élèves ? |
Leo Au-Yeung : C'est complétement différent ! J'enseigne à mes étudiants la méthode lente et old school, car ils ont du temps pour assimiler tout cela. Il n'est que juste qu'ils apprennent le style dans son entier et deviennent vraiment compétents. Car c'est une question de vie ou de mort,
là dehors ! Les acteurs n'ont pas besoin de tout cela, mais ils doivent pouvoir convaincre qu'ils maîtrisent le style à l'écran. Bien sûr, s'ils devaient mettre en pratique ce qu'ils montrent dans une situation réelle, ce serait complètement différent. |
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HKCinemagic : Une
des critiques de Ip Man concernait le manque d'authenticité du Wing Chun à l'écran. Le contre argument étant que dans un film d'autres éléments sont incorporés pour rendre l'action intéressante pour le public. Qu'en pensez-vous ? |
Leo Au-Yeung : Les films sur Ip Man ne sont pas des vidéos pour l'apprentissage du Wing Chun. Le but premier est d'intéresser plus de gens à suivre cet art martial, et en même temps de montrer les beaux aspects du style Wing Chun. Donc évidemment, il doit y avoir des compromis à faire car les mouvements du Wing Chun sont souvent petits et peuvent être parfois difficiles à filmer. La caméra aime capter les mouvements amples qui montrent vraiment la puissance et même si on peut montrer les petits mouvements avec des plans serrés, il doit quand même y avoir une grosse démonstration des mouvements les plus puissants. Je pense que Sammo Hung
est vraiment excellent dans ce domaine car il a tellement d'expérience aves les films d'arts martiaux. Aprés avoir donné des explications aux acteurs et cascadeurs sur le Wing Chun, Sammo a lui la capacité de rendre tout cela photogénique. C'est
un compromis que nous avions ensemble pour ajouter ce style exceptionnel aux scènes d'action. |
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HKCinemagic : A quel degré étiez-vous impliqué dans les chorégraphies de Sammo Hung ? |
Leo Au-Yeung : Quand les story-boards étaient créés au préalable, nous savions d'avance combien de minutes et de secondes chaque scène de combat durerait, où elles se déroulaient et combien de personnes étaient impliquées, et ainsi de suite. Donc avant de faire quoique ce soit, nous comprenions quelles étaient les motivations derrière la scène et le but de chaque scène d'action. Par exemple, si le personnage de Donnie Yen serait très agressif, ou qu'il se retiendrait et toucherait juste son adversaire. Pendant la chorégraphie, Sammo me demandait quand l'adversaire attaque Ip Man d'une façon particulière, comment un expert en Wing Chun se défendrait. De là, je lui montrais une variété de coups différents et il choisissait celui qu'il considérait le plus intéressant, d'un point de vue de l'histoire et d'un point de vue photogénique. Les combats étaient conçus de cette façon, une étape à la fois. Il y a énormément de temps et de planification qui entrent en compte pour la création de ces scènes. Par exemple, la première scène de
combat dans Ip Man dure 30 secondes, mais il nous a fallu une semaine entière pour l'élaborer et tout coordonner ! C'est comme cela que ça fonctionne : pas à pas. |
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Leo Au-Yeung s'entraîne avec Tony Leung Siu Hung |
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HKCinemagic : Quel était votre objectif personnel pour amener le Wing Chun sur grand écran ? |
Leo Au-Yeung : Mon idée était toujours que s'il y avait une chance de montrer le pur Wing Chun, je le ferais. Par exemple, le mouvement de main, même si par manque de temps on ne pouvait montrer que cinq mouvements, je voulais que les acteurs les fassent de la façon la plus précise possible. Je voulais vraiment que cela soit authentique. |
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Léo et Tony Leung Siu-hung
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HKCinemagic : Avez-vous travaillé avec quelqu'un qui vous a laissé une forte et positive impression ? |
Leo Au-Yeung : J'ai été très impressionné par Tony Leung Siu Hung qui a travaillé comme un des chorégraphes d'action. C'est un type qui a tant de talent et d'expérience, j'ai beaucoup de respect pour lui. Dans le premier film, il était le bras droit de Sammo et a étroitement collaboré avec Sammo, l'a remplacé lors de ses absences et a mis beaucoup de ses idées dans les chorégraphies. En ce qui concerne la préquelle sur laquelle j'ai travaillée,
The Legend is Born --Ip Man, Tony a travaillé comme chorégraphe de l'action donc c'était super de le voir sur le plateau une nouvelle fois. Il est assurément
un des noms pour l'action made in Hong Kong. J'ai été aussi très impressionné par tous les cascadeurs qui ont appris leurs mouvements et sont vraiment motivés pour bien faire et travailler en équipe. Fan Siu Wong, l'acteur qui joue le combattant du Nord dans le premier Ip Man, était vraiment agréable car il travaille très dur et fait toujours de son mieux. Il n'y a pas d'ego ou d'arrogance, il veut juste faire au mieux. Il apparaît aussi dans The Legend is Born et Ip Man 2. Honnêtement, j'ai été impressioné par toute l'équipe derrière les films de Ip Man, car faire des films est un effort collectif. Ils ont tous du mérite. |
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Entraînement de Fan Siu Wong |
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HKCinemagic : Avez-vous passé un peu de temps avec Donnie Yen ? |
Leo Au-Yeung : Malheureusement, j'ai eu peu de contacts avec Donnie car bien que j'ai fait beaucoup de travail préparatoire avec les acteurs, les cascadeurs et les chorégraphes en Chine, Donnie suivait son propre emploi du temps à Hong Kong. Cependant, il a pu travailler avec mon maître, Sin Kwok Lam, en préparation du film. Ils se sont entraînés pendant six mois avant que Donnie ne tournent ses scènes. C'est dommage que je n'ai
pu travailler de façon plus étroite avec Donnie, mais c'était bien qu'il puisse passer autant de temps à s'entraîner et préparer le film. |