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Interview de son auteur |
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HKCinemagic : Quel regard portez-vous sur le cinéma de Hong Kong d’aujourd’hui ? |
Julien Sévéon : Assez démoralisant. Depuis la Rétrocession, le cinéma hongkongais a vraiment subi un formatage de plus en plus sauvage. Les réalisateurs n’osent plus s’aventurer vers des sujets thématiquement plus dangereux. Les films de triades il y en a beaucoup moins, les films socio-politiques n’en parlons pas. Ça n'a jamais été une spécialité, mais c’est vrai que maintenant, tous les réalisateurs le disent : « Avec la Chine on ne peut pas se permettre ce genre de films. » Donc il y a une censure, que ce soit une censure concrète ou une auto-censure. En plus, les producteurs se sont rendus compte que l’Occident s’intéressait beaucoup à leurs productions, donc ils ont commencé à formater leurs films pour plaire au marché étranger. Mais en ayant une idée préconçue complètement fausse de ce qu’on attend de leurs productions, c'est-à-dire que leurs films commencent à ressembler de plus en plus à des productions hollywoodiennes. Et ce n’est pas du tout ce que l’on veut ! Et ça, les producteurs ne s’en rendent pas compte mais bon… Effectivement ils arrivent à vendre plus aux Etats-Unis parce que les Américains veulent des trucs formatés. Maintenant, pour l’amateur pur et dur, je crois que c’est plutôt une catastrophe.
Heureusement il y a toujours quelques films qui sortent ; il y a Infernal Affairs, des trucs comme ça qui sont éblouissants. Mais quand on prend, par exemple, le début de la décennie 90 où chaque année - d’ailleurs toutes les deux/trois semaines - on avait un film qui nous collait une baffe, on a maintenant un, deux, trois, quatre, cinq films marquants dans l’année. Ce n’est pas des dizaines et des dizaines de productions. Donc c’est vrai que c’est un peu triste mais on va voir combien de temps ça va durer. Il y aura peut-être une nouvelle génération. Là c’est vrai qu’il y a beaucoup de réalisateurs indépendants, qui travaillent en vidéo, qui essaient de créer des choses. Le problème c’est qu’ils n'ont aucune visibilité parce qu’ils ne sont pas distribués en vidéo, ils n'ont pas de véritables visibilité internationale donc il faut voir leurs films dans des petites salles. Il est possible qu’une nouvelle génération de réalisateurs se développe mais qui n’aura pas du tout l’impact qu’ont eu leurs grand frères dans les années 80 ou 90. |
Brother of Darkness
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HKCinemagic : La catégorie III est-elle aujourd’hui réévaluée par la critique ? |
Julien Sévéon : Absolument pas, pour les médias, la catégorie III ça reste du cinéma trash.
Il y a pourtant beaucoup plus à dire dessus, tout aussi bien sociologiquement qu'artistiquement, que ce qualificatif diminutif. Lorsque l'on ne fait que survoler ce genre, je peux comprendre que certains n'y voient rien d'autre. Il y a certains films érotiques où il n'y a absolument rien à dire. Voilà, le seul intérêt c'est la poitrine de l'actrice. Maintenant il y a certains films érotiques qui sont vraiment de qualité, il y a vraiment des trucs qui sont très très beaux, notamment les films avec Vivian Hsu. C’est vraiment des films qui sont esthétiquement superbes. Les films de Ho Fan qui sont des véritables réussites. Quand on prend Sichuan Concubines, ça aurait été n’importe quel réalisateur occidental, par exemple, ça aurait été Tinto Brass qui aurait fait ça, c’est un truc dont on aurait entendu parler partout. Maintenant, c’est un mec qui s’appelle Ho Fan, que personne ne connaît, qui en plus est chinois donc voilà, ça n'intéresse personne. Mais il y a vraiment des films de qualité. Pareil, par exemple quand on prend Billy Tang, les films qu’il a construits, ce que j’appelle sa « quadrilogie urbaine », c’est des choses exceptionnelles. Il n'y a aucun rapport, on ne peut pas trouver ça en Occident. Donc il y a vraiment des films qui sont incroyables.
Même quand on prend Sex And Zen, il y a un tel sens du délire, de la folie visuelle que ça mérite qu’on s’y intéresse beaucoup plus. J’y retrouvais presque cette sensation du cinéma d’exploitation des années 70 où on ne se donnait aucune limite. Vraiment, le cinéma des années 70, c’était un cinéma où tout pouvait arriver et la catégorie III, c’est vraiment ça. C’est quelque chose où, de scène en scène, on ne sait pas ce qu’il va se passer. Absolument tout pouvait arriver dans ce genre de films ! Rien que pour ça je trouve que c’est un cinéma très intéressant. |
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