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Interview de son auteur |
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HKCinemagic : Quel était l’impact de cette vague de films dite de catégorie III sur le cinéma de Hong Kong ? |
Julien Sévéon : Elle a vraiment permis au cinéma hongkongais de ne pas couler, tout simplement. C’est vrai qu’on dénigre la catégorie III, en disant que ce sont des films trash. C’est vrai qu’il y a beaucoup de films trash, il y a un peu de tout, mais comme la blaxploitation dans les années 1970 aux Etats-Unis, ça a permis aux studios, aux majors américaines de ne pas sombrer. Il n’y aurait pas eu la blaxploitation, le cinéma américain collapsait complètement. Et à Hong Kong c’était ça : les Cat III ont permis à plein de producteurs de garder la tête hors de l’eau, ça a permis à de nombreux réalisateurs de continuer à tourner, aux techniciens de pas tous se retrouver au chômage. Donc économiquement, ça a été quelque chose de très intéressant. Maintenant, il y avait tellement de films, qui étaient tournés avec quelques centaines de HK$ et qui au box office faisaient à peine plus… Je crois que le plus bas box office ça fait trois ou quatre mille HK$. Il y avait des trucs, c’était des flops complets. Les producteurs réussissaient peut-être à se faire dessus trois cents HK$. Donc ça leur suffisait. Maintenant parmi tous ces films il y en a des dizaines et des dizaines qui ont complètement disparu. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de copie vidéo, les copies cinéma elles ont aussi disparu. Donc c’est vrai, il y a tout un pan là-dessus qu’on ne retrouvera jamais. |
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HKCinemagic : Quel était le public visé par ces films ? Dans quel type de salles étaient-ils projetés ? |
Julien Sévéon : Si on parle vraiment de la vague d’exploitation, c’est vrai que c’était un produit plutôt masculin. Les films sont plutôt axés sexe et violence. Maintenant, ça n’empêchait pas des couples d’y aller aussi. Et puis quand on prend des films, par exemple comme Viva Erotica, là ça touchait absolument tout le monde. Donc on ne peut pas dire. Quand on prend un film érotique, c’est sûr que ça va être une population plutôt masculine, mais quand c’est des films d’horreur ou des films violents interdits aux moins de 18 ans, il va y avoir des garçons, des filles qui y vont. On y va en couple aussi parce qu’on a la petite amie qui flippe, on la prend alors dans les bras…Donc c‘était assez large en fait. |
Elvis Tsui dans Viva Erotica
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HKCinemagic : Quel était le budget moyen d’un film de cat. III ? Est-ce que c’était rentable ? |
Julien Sévéon : Il y avait vraiment tout. Il y avait des micro-productions où c’était vraiment quelques milliers de HK$, tournées en quelques jours, ou des plus grosses productions qui coûtaient quelques millions de HK$. C’était un spectre vraiment très large et ça se voyait au box office parce qu’on retrouvait aussi bien des titres de catégorie III parmi les tout premiers au classement jusqu’aux tout derniers. Quand on prend le résultat du box office annuel, on retrouve des titres de catégorie III à tous les niveaux. Parmi les plus bas, parmi les plus hauts, parmi les moyens, donc ça touche vraiment tout. |
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HKCinemagic : Existe-t-il des équivalents à la cat. III dans le reste de l’Asie ? |
Julien Sévéon :
Il y a un cinéma d’exploitation qu’on trouve un petit peu dans le cinéma japonais qui est plus axé sur les productions pour la vidéo, le V-cinema. En Thaïlande, il y a toute une production qui s’est développée depuis quelques années mais là aussi c’est directement en vidéo. En Corée du Sud aussi, le plus gros du cinéma d’exploitation c’est par la vidéo. Donc maintenant si on regarde le véritable cinéma d’exploitation en Asie, il se développe par la vidéo. A la même époque, si on parle vraiment des années 90, en Corée du Sud il n’y avait pas d’équivalent, aux Philippines il y avait les films érotiques qui étaient encore très importants. Mais ce mélange violence extrême/horreur extrême/ érotisme, tout ça soutenu par un fond politique très important : il n’avait aucun équivalent dans le reste de l’Asie à l’époque. |
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