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Interview avec Stanley Kwan à Paris
Introduction 1/1 - Page 1
Infos
Auteur(s) : David Vivier
Van-Thuan LY
Date : 2/7/2005
Type(s) : Interview
 
 Liens du texte  
Personnes :
Chow Yun Fat
Cherie Chung Chor Hung
Ann Hui On Wah
Stanley Kwan Kam Pang
Andy Lau Tak Wah
Tony Leung Chiu Wai
Cora Miao
Patrick Tam Kar Ming
Wong Kar Wai
Films :
Passeport pour l'enfer
Center Stage
Love In A Fallen City
Lexique :
Nouvelle Vague
 
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Page 2 : Cinéma de Hong Kong


Pouvoir rencontrer en France un des plus importants réalisateurs du cinéma actuel hongkongais est une occasion à saisir sans hésiter. Cette année, les « Rencontres internationales de cinéma de Paris » nous ont offert cette chance, en invitant cette figure qu'est Stanley Kwan. A cette invitation de converser avec lui, le festival offrait l'opportunité de découvrir des œuvres connus (Rouge, Center Stage), moins connus (Lan Yu, Hold You Tight) mais aussi son documentaire Yang-Yin sur la « confusion des sexes dans le cinéma chinois ».

C'est sous le signe de la convivialité et de l'échange (tout comme le sont ces « Rencontres internationales… ») que s'est déroulé notre entretien avec Stanley Kwan.


Ce cinéaste inventif, mélancolique, reconnu à travers de multiples festivals internationaux, a partagé avec nous, sans détour, ses envies, ses passions, ses influences cinématographiques.
Cet échange nous a intimement confirmé ce sentiment que cet artiste aux convictions profondes est assurément une personnalité du cinéma chinois dont les films, tout comme lui, riches sont à re-voir.

introduction a stanley kwan
Les Rencontres internationales de cinéma à Paris ont rendu cette année un bel hommage à Stanley Kwan.

Cinéaste hongkongais qui excelle dans la description des relations humaines et amoureuses, éminent représentant du courant des « auteurs dramatiques » fort éloigné du cinéma de genre et d’exploitation, Stanley Kwan a pourtant commencé son éducation cinématographique avec les films très populaires comme les productions de la Shaw Brothers, les mélos et les opéras cantonais ou encore les films de Bruce Lee.
Cinéaste sensible, Stanley Kwan est un excellent directeur d’acteurs et surtout d’actrices, comme l’attestent les performances d’Anita Mui dans Rouge (1988) ou de Maggie Cheung dans Center Stage (1991). Stanley Kwan aime aussi mener un travail de réflexion et d’identification entre le rôle et le comédien ou la comédienne qui l’incarne. Certains de ses meilleurs films sont ainsi des jeux de miroirs, des objets pirandelliens passionnants pour nombre de cinéphiles.
Artiste intègre et courageux, Stanley Kwan assume ses choix artistiques comme il assume ses préférences sexuelles. C’est une position suffisamment rare au cinéma, qui mérite d’être saluée.

Stanley Kwan est un homme affable vis-à-vis de ses interlocuteurs. Avec lui, nous avons pu discuter tranquillement de sujets divers et variés. Il ne s’est pas dérobé face aux questions. A travers ses réponses, nous entrevoyons homme cultivé mais modeste, un artiste qui sait ce qu’il veut mais qui doit aussi louvoyer avec les attentes du grand public.

Tout au long de la rétrospective, Stanley Kwan (accompagné parfois du scénariste de ses derniers films Jimmy Ngai) a tenu à venir à la rencontre du public à la fin des projections. Le seul regret qu’on pourrait émettre est que certaines de ces rencontres se sont transformées, malgré le réalisateur, en une conversation avec le présentateur/la présentatrice de la séance, comme si on a estimé que le public présent n’avait pas les capacités intellectuelles requises pour discuter avec le cinéaste…

Nous ne pouvons que remercier encore une fois l’équipe des Rencontres internationales de cinéma à Paris d’avoir eu l’excellente idée de cet hommage, qui a permis aux cinéphiles français de (re)découvrir l’œuvre d’un des plus estimés cinéastes contemporains chinois. Espérons que ses autres films seront un jour projetés en France. Nous aurons alors une idée encore plus juste de sa place si singulière dans l’histoire récente du cinéma de Hong Kong.

 

La passion du cinema
HKCinemagic : Comment est née votre passion pour le cinéma, et comment êtes-vous devenu réalisateur ?
Stanley Kwan : Quand j'étais petit, il y avait un cinéma juste à côté de chez nous. J'y allais souvent voir les films. Au début, c'était des films cantonais, des opéras filmés, des mélos. Puis il y a eu les films d'action, de chevalerie de la Shaw Brothers . Plus tard, j'allais aussi voir les films hollywoodiens, des grands spectacles comme Ben Hur [William Wyler, 1959] ou La Mélodie du bonheur  [Robert Wise, 1965] par exemple. Mes parents trouvaient que le cinéma était une perte de temps et d'argent, qu'il nuisait à mes études. Ils n'approuvaient pas ma passion. Ils me grondaient souvent, ils me punissaient même. Mais je continuais à y aller. Le peu d'argent de poche que j'avais, je le gardais précieusement pour payer mes séances. Pour assouvir ma passion, je devais renoncer aux autres menus plaisirs enfantins comme les friandises ou les petits jouets.

Plus tard, quand j'ai entamé des études de journalisme et de sciences de la communication, j'ai eu accès à d'autres types de cinéma, comme les films de la Nouvelle Vague française ou le cinéma japonais. A cette époque, je n'osais pas du tout rêver au métier de réalisateur. C'était quelque chose d'inconcevable pour moi. J'allais voir les films de Yasujiro Ozu ou de François Truffaut comme on allait en pèlerinage. Je n'osais pas me mettre à la place de ces génies.

J'avais par contre quelques velléités d'acteur. Au milieu des années 1970, je me suis donc inscrit au cours d'art dramatique de la chaîne TVB [ A Hong Kong, les chaînes TVB et ATV disposent chacune, depuis leurs débuts, d'un centre de formation au métier de comédien. Une fois diplômés, les meilleurs élèves sont pris sous contrat par la chaîne. [Les vedettes comme Chow Yun Fat, Tony Leung Chiu Wai ou Andy Lau sont issus de cette fameuse pépinière de la TVB . - ndlr ]. Mais très vite, j'ai vu que ce n'est pas un métier pour moi ! J'ai donc changé d'orientation en optant pour le métier d'assistant réalisateur, toujours au sein de la TVB . J'ai eu la chance de travailler sur des téléfilms ou des séries avec des gens comme Ann Hui ou Patrick Tam, qui m'avaient formé au métier de réalisateur. Lorsque ces réalisateurs ont quitté la télévision pour se lancer dans le cinéma vers la fin des années 1970, je les ai suivis. D'assistant réalisateur à la télé, je suis alors devenu assistant réalisateur au cinéma, aux côtés des gens qui allaient créer la première Nouvelle Vague du cinéma de Hong Kong.

Enfin, je suis devenu réalisateur à mon tour au milieu des années 1980, avec  Women   [Nü ren xin / Cœur de femme 1985, avec Chow Yun Fat, Cherie Chung et Cora Miao, bientôt réédité en DVD Shaw Brothers chez Celestial - ndlr.]



HKCinemagic : Comment se fait-il que dès vos premiers films, vous avez pu tourner avec des vedettes de l'époque comme Chow Yun Fat , Cora Miao, Cherie Chung ou Tony Leung Chiu Wai  ?
S K : En fait, c'est parce qu'on se connaissait déjà bien avant. Je les ai côtoyés à la télévision, mais aussi sur des films dans lesquels ils jouaient et où j'étais assistant - Boat People (1982) ou Love in a Fallen City (1984) d'Ann Hui , par exemple. Il faut savoir qu'à cette époque, tous les comédiens de Hong Kong voulaient tourner avec les réalisateurs de la Nouvelle Vague , qui avaient la cote. Les gens comme Wong Kar Wai ou moi ont beaucoup bénéficié de l'aura des réalisateurs avec lesquels ils ont travaillé. Ces comédiens me connaissaient bien, alors, quand je leur ai proposé mes projets, ils ont naturellement dit oui. Pour eux, c'était un coup de main qu'ils me donnaient. Comme moi, Wong Kar Wai a pu faire ses premiers films avec de grands acteurs parce que ceux-ci connaissaient bien son travail de scénariste sur les films des autres.
 
HKCinemagic : Vous avez évoqué Truffaut. Vos premiers films sont justement des hommages à la gent féminine. Est-ce dû à votre cinéphilie, à l'influence d'Ozu et de Truffaut ?
S K : Ce n'est sans doute pas la seule explication. Le contexte familial a dû jouer un grand rôle. Mon père est mort lorsque j'avais 13 ou 14 ans. J'ai vu ma mère qui, du jour au lendemain, devait assumer la charge de toute la famille. Elle travaillait dur pour nous élever. J'ai vu que c'était quelqu'un de très fort, qui avait beaucoup de ressources en elle. Et il y avait beaucoup de femmes à la maison. Donc mon expérience personnelle était sans doute aussi importante que ma cinéphilie.
 
HKCinemagic : Quelles sont vos influences cinématographiques ?
S K : J'aime beaucoup les films d'Ozu, car ses films parlent de la famille, du rôle des femmes au sein de la famille. Ils me rappellent ma propre histoire. Mais à vrai dire, je n'ai pas vraiment de modèle cinématographique. Si mes films parlent souvent des femmes, c'est avant tout dû à mon propre passé et à mon orientation sexuelle. Tout au long de ma jeunesse, j'ai pu observer ma mère et les autres femmes de mon entourage. La découverte de mes préférences sexuelles a sans doute aussi joué un rôle. Ce travail d'identification s'est fait de façon plus ou moins consciente.
 
HKCinemagic : Est-ce que quelqu'un comme Sun Yu [1900-1990, grand cinéaste shanghaien, pionnier du cinéma chinois – ndlr.] vous a t-il marqué ?
S K : Il faut savoir qu'il nous est très difficile d'avoir accès à ses films, même après la libéralisation entamée depuis 1978. Il a certes tourné des films avec Ruan Ling Yu comme Le petit jouet (1930), ou avec Li Lili comme La Route (1934), mais pour moi, c'était surtout la jeunesse qui le passionnait. Je ne pense pas qu'il s'intéressait plus particulièrement à la femme. Ses films ont une grande poésie, ils reflètent l'exubérance de la jeunesse. Lorsque je préparais Center Stage(1990), je n'ai pu ramener que deux VHS de ses films des Archives du Film de Pékin. Comparé à Ozu dont je possède beaucoup de films à la maison, c'est bien sûr Ozu qui m'a plus marqué que Sun Yu.

Ozu était un cinéaste de la famille. Tous ses films sont centrés sur les rapports familiaux : liens père-fils, mère-fille, père-fille, etc. On dirait que sa caméra n'a jamais quitté le cocon familial. Quelqu'un qui a passé sa vie à filmer le même thème doit avoir une grande passion pour ce thème. Il ne pouvait pas s'en éloigner. Bien sûr, ma propre expérience a fait que je me suis très vite reconnu dans ses films.


Il était un père (Ozu)

Quand je préparais mon documentaire Yang+/-Ying (1996), j'ai pu entretenir avec Hou Hsiao Hsien , lui aussi grand admirateur d'Ozu [ Hou Hsiao Hsien a rendu hommage à Ozu avec son Café Lumière , 2004 – ndlr.]. Nous avons donc discuté ensemble de notre passion pour ce cinéaste. Nous avons conclu qu'un bon film doit pouvoir traduire ce sentiment, exprimé en huit mots (ou en huit caractères en chinois) : « Être proche avec distance, être distant sans oublier. » [« Ji jin que yuan, ji yuan que jin »-ndlr]. Que ce soit Ozu, Hou Hsiao Hsien ou tout autre grand cinéaste, je pense qu'on peut apercevoir cela dans leurs œuvres. Un bon réalisateur doit savoir transmettre sa passion pour un thème donné au public, tout en conservant une certaine distance avec son sujet. On ne devrait pas foncer tête baissée dans le thème traité. Il faut savoir s'en éloigner de temps à autre, et revenir au bon moment. Le recul est nécessaire si on veut que le message passe.
 
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