HKCinemagic: Vous êtes le seul occidental à être sous contrat avec la très puissante TVB. Pouvez-vous nous raconter en quoi consiste une journée de travail lorsque vous tournez pour les studios ? |
Gregory Rivers:Tout dépend du rôle. Si je dois jouer dans un bureau, on va tourner la plupart des scènes durant une ou deux nuits en essayant de tourner le plus possible. Dans ce cas précis, en général la journée commence à 16h avec essayage costume, maquillage, coiffure et on commence à tourner vers 17h. Je joue rarement dans toutes les scènes en une nuit. En règle générale, on tourne une scène, je fais un break durant une ou deux autres scènes puis j’en tourne une autre et ainsi de suite jusqu’à ce que le tournage prenne fin vers 3h ou 4h du matin. Une scène prend en général 45 minutes à filmer.
Les tournages extérieurs sont beaucoup plus longs qu’en studio parce qu’à l’extérieur, il y a juste une camera alors qu’en studio ils tournent avec trois ou quatre cameras. Le mois dernier, on a tourné une scène dramatique, pour une série dans laquelle je joue, quand j’ai quitté [les locaux de la ] TVB, il était à peu près 11h du matin et on est allé déjeuner dans un restaurant juste à coté. Après ça, on s’est rendu sur les collines et on a tourné environ 5h sous la chaleur, il devait faire 35°C et pas d’ombre. On est rentré aux studios vers 20h. Pour ce tournage, on a eu 9 heures de voyage pour filmer juste une seule scène. Ceci étant ce n’est pas la règle générale. La plupart des scènes en extérieur prennent en général 1h à filmer et lorsqu’on tourne entre 6 et 10 scènes, ça prend une journée de tournage. Pour la plupart d’entre nous, c’est plus agréable de jouer en studios avec la climatisation, le café et les cafétérias aux alentours. |
|
HKCinemagic: Pensez-vous avoir contribué un peu à l’amélioration de l’image des occidentaux aux yeux du public HK grâce à votre travail à la télé et cela en donnant une image plus réaliste des occidentaux ? |
Gregory Rivers: Oui je le pense, tout comme l’a fait Kiu Po Po en apportant une autre image des Indiens et Pakistanais au public hongkongais. J’aime penser à ça quand je suis dans mes mauvais jours. |
|
HKCinemagic: De quel rôle êtes-vous le plus fier ? |
Gregory Rivers: Il y en a plusieurs dont je suis fier depuis la fin de mes études à Los Angeles en 2003. Notamment celui du chef dans The Gateau Affairs, celui de l’officier de police dans CIB ou le pilote dans Always Ready. J’ai récemment joué dans une série et j’ai beaucoup aimé le rôle, c’était un vrai défi de jouer un tel personnage sans pour autant tomber dans les clichés que les gens attendent en général avec ce type de rôle. Je pense m’en être bien sorti. |
|
HKCinemagic: Vous avez également eu pas mal de petits rôles dans certains films, comme dans A Punch to Revenge dans le rôle d’un trafiquant d’armes. Quels sont vos souvenirs de ces tournages ? |
Gregory Rivers: En fait, je ne m’en souviens pas ! C’était de si petits rôles, les tournages ne duraient pas plus d’une journée. |
|
HKCinemagic: Forced Nightmare est une comédie fantastique classique avec le spécialiste du genre Lam Ching Ying. Les rumeurs disaient qu’il n’aimait pas beaucoup les occidentaux…L’avez-vous ressenti ainsi lors de ce tournage ? |
Gregory Rivers: Je n’ai tourné qu’une seule nuit pour ce film et c’était plutôt pas mal. Je n’ai rien ressenti de particulier ou d’ondes négatives de la part des autres acteurs. |
|
HKCinemagic: L’un de vos plus grands rôles a été dans Legendary Couple Couple où vous jouiez un policier plutôt impitoyable qui essayait d’attraper Simon Yam. Aviez-vous de bonnes relations avec Vincent Wan (votre partenaire dans le film), Simon Yam et Chingmy Yau durant le tournage ? |
Gregory Rivers: Ca s’est bien passé, c’est un plaisir de travailler avec Simon. J’ai eu la chance de le revoir quelques mois après lorsque je tournais dans Exodus. |
Exodus
|
HKCinemagic: Aviez-vous assez de liberté pour créer votre personnage ou est-ce que tout était déjà balisé par le réalisateur pour jouer le “ méchant garçon occidental ” ? |
Gregory Rivers: De mes souvenirs, j’ai eu une liberté complète là-dessus mais j’ai très peu de souvenirs du tournage de ce film. Je me souviens m’être caché derrière la voiture de police quand Simon m’a jeté une pomme dessus mais c’est tout. |
|
HKCinemagic: : Et par rapport à la course-poursuite ? |
Gregory Rivers: C’était sympa, on a filmé ça un dimanche c’est pour ça qu’il y avait autant de philippins ce jour-là [le dimanche a HK, c’est le jour de congé des femmes de ménage d’origine philippine, ndlr]. Le plus difficile c'était les escaliers parce que je devais courir vite sans tomber. |
|
HKCinemagic: Sur Funny Business, vous avez eu l’occasion de collaborer avec Michael Hui, avez-vous apprécié ? |
Gregory Rivers: Voilà un film dont je me souviens, l’une de mes meilleures expériences sur un film. Michael était génial. Mon rôle était plus épais et le scénario était rigolo. En plus de ça, on a tourné en Chine, chose que je n’avais jamais faite. J’ai un très bon souvenir de ce film. Et je trouve qu'il était plutôt bon. Ça a mis du temps à sortir au cinéma parce que les Chinois trouvaient que le chef du village avait l’air d’un idiot, ce qui est inacceptable en Chine. Ils ont beaucoup coupé avant de le montrer et à cette époque-là pour faire un film en Chine, il fallait avoir l’approbation totale pour sortir le film du pays. |
|
HKCinemagic:
Vous avez un petit rôle dans Banana Club qui a été tourné en 1996. Connaissiez-vous ce programme culte de radio qui a inspiré le film ? |
Gregory Rivers: Je n’en savais rien. Je pense que vous en savez plus que moi. Sur le tournage, les gens étaient très sympas et détendus. On a tourné la scène du club dans un bunker chinois. Ce n’était pas un scénario compliqué. |
Banana Club |
HKCinemagic: Dans Those Were the Days et Her Fatal Ways 4 vous jouez des personnages plus réalistes à savoir un occidental vivant à HK et qui tombe amoureux d’une Hongkongaise. C’est une réalité très peu montrée dans les films ou les séries. A votre avis, pourquoi est-ce si peu montré ? Vous êtes-vous inspiré de votre propre situation pour ces rôles ? |
Gregory Rivers:
.
Le plus gros problème, c’est que les rôles qu’on nous propose sont rarement ceux des gens de tous les jours. On ne joue jamais le mec d’à côté, qui tombe amoureux ou qui a une petite amie locale, et ce aussi bien au cinéma que dans les séries télé. On est choisi pour jouer principalement parce que dans le script il y a un rôle d’occidental. On ne nous propose pas de rôles que l’on propose à des acteurs chinois.
Mais la situation change comme avec Kiu Po Po et Bo Wai Kit [Brian Burrell] qui jouent des rôles de « voisins de paliers » dans des séries télé et peu à peu, les gens ici commencent à accepter que les occidentaux sont aussi des gens normaux. Ce n’était pas le cas il y a 20 ans quand la plupart des occidentaux vivaient ici en tant qu’expatriés avec un train de vie supérieur aux autres. On verra donc de plus en plus d’occidentaux dans ce genre de rôle. |
Those Were the Days |
HKCinemagic: Avez-vous aimé votre collaboration avec Do Do Cheng, actrice très populaire ? Avez-vous eu une quelconque influence sur le processus créatif de Her Fatal Ways 4 ou dans la composition de votre personnage ? |
Gregory Rivers: Do Do Cheng était très professionnelle, c’était son quatrième opus de Fatal Way et elle savait exactement ce qu’elle voulait. J’étais nerveux parce que c’était mon premier grand rôle. Heureusement, Alfred Cheung, le réalisateur a été fantastique. Il m’a soutenu et encouragé tout le temps durant et j’ai eu beaucoup de plaisir à jouer dans ce film. Je ne me souviens pas avoir eu à beaucoup développer mon personnage, j’ai juste joué à l’instinct.
En repensant à tous les films dans lesquels j’ai joué, et les séries télés, il y a une chose qui me vient à l’esprit. Au tout début de ma carrière, je jouais des rôles sans trop y penser dans le sens où je voulais avoir plusieurs alternatives avec les personnages, les actions et scénarios. Alors qu’aujourd’hui, j’ai une approche différente et je passe plus de temps à faire en sorte que mes personnages soient plus intéressants et plus humains. Je pense que le résultat va de soi. Ceci étant, il reste encore beaucoup à apprendre et j’espère avoir encore beaucoup d’opportunités pour pouvoir utiliser ce que j’ai appris. |