once upon a time in china |
HKCinemagic : Il s'agit sûrement de votre travail le plus connu à HK. Comment avez-vous eu le rôle de Tiger ? Avez-vous eu des instructions de Tsui Hark sur la façon de jouer le personnage ? |
S T : Lau Kar Wing,
était le chorégraphe des combats à l'origine. Il m'a fait passer une audition d'une heure sur la pelouse devant la Film Workshop, des enchaînements, un peu d'acrobatie…ce genre de trucs. Je m'étais dit que je ferais mieux d'avoir l'air familier du style du sud car lui et sa famille étaient connus pour leur ‘Hung Gar'
j'ai donc « tigrisé » un enchaînement du style de l'aigle au début de mon audition, je ne pense pas qu'il ait été dupe. Tsui Hark ne m'a jamais vraiment dirigé en personne. Il était très occupé pour des choses plus importantes. J'aurais aimé qu'il le fasse. |
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HKCinemagic : Y a-t-il eu des tentatives des chorégraphes (le Yuen Clan)
de régler les scènes d'action en accord avec votre personnage, en utilisant plus la boxe anglaise que le kickboxing ? |
S T : Je savais en me préparant pour le premier combat dans le restaurant français que je devais oublier le Kung Fu pour revenir à un « bon vieux style anglais ». Bien que je ne sois pas trop versé dans le noble art, je pensais que je m'en sortirais bien. Mais j'ai essayé pendant une semaine avant le tournage de m'habituer aux bottes et au costume, et de m'entraîner à l'avance, mais je n'ai pas pu. Quand je suis arrivé sur le plateau, j'ai été surpris de voir que les bottes que je devais porter étaient trop petites de 3 tailles (américaines). On m'a dit que je devais les porter de toute façon. Quand j'y suis finalement parvenu, je pouvais à peine marcher seul, sans parler de se battre, et j'étais de très mauvaise humeur. Quand est venu le moment de me battre avec Jet Li, ça a été expédié, j'ai répété rapidement deux fois avec, je pense, Dee Dee et Hung Yan Yan puis nous avons fait deux prises, et ils sont repartis tourner le reste de la scène. Je n'étais pas content du tout. Quand j'ai revu la scène la première fois, j'étais mortifié ! Je pense que si les Yuen avaient été là depuis le début, ils auraient passé plus de temps à s'occuper des personnages secondaires…comme le mien. |
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Yuen Biao Vs Steve Tartalia dans OUATIC |
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HKCinemagic : Vous étiez supposé vous battre contre Jet Li à la fin. Comment vous a-t-on informé du changement final (un bref combat contre Yuen Biao) et comment avez-vous ressenti cela ? |
S T : Philosophiquement. J'avais des problèmes avec l'immigration à ce moment là car les autorités savaient que je travaillais illégalement dans le cinéma, et la Film Workshop n'a pas jugé bon de me couvrir…il était temps de se faire pendre et de mourir. J'ai quitté Hong Kong peu de temps après. |
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HKCinemagic : Quels sont vos souvenirs de ce tournage et que pensez vous du résultat final ? |
S T : Le mieux : Regarder bouche bée Jet réaliser une « vrille papillon » de 720° de révolution (voir photo) pendant les répétitions du combat de l'opéra sur la plage. Il y a eu plusieurs moments comme cela pendant le tournage.
Le pire : Des grands moments sur un grand film entrecoupés de longue périodes d'inaction, je ne pouvais pas travailler ailleurs par contrat. La rétrocession dans l'air du temps, les compagnies qui fermaient…plus de travail pour les gweilos.
Honnêtement, je n'avais aucune idée à ce moment là que OUATIC deviendrait un classique instantané. C'était le pari de Tsui Hark contre le genre gangster/haine/revanche/comédie, il a amené de la fraîcheur aux histoires de héros en costumes. La relation entre les personnages de Yen Shi Kwan et Yuen Biao était très émouvante. Des relations subtilement nuancées, du Kung Fu dur et rapide avec une bonne utilisation des câbles en ont fait un grand film. Bien que j'aurais aimé que mon travail sur ce film soit meilleur… |
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Jet Li Vs Steve Tartalia dans OUATIC |
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Retour aux USA et carrière actuelle |
HKCinemagic :
Qu'est ce qui vous a motivé à quitter Hong Kong et à rentrer aux USA ? |
S T : Je n'étais plus très en fonds, et une escorte à l'aéroport par l'immigration a en quelque sorte précipité mon départ…Hah !...il était temps de partir car il n'y avait plus de travail dans l'industrie du film. |
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HKCinemagic : Ce que vous avez appris à Hong Kong vous a-t-il été utile pour votre carrière de cascadeur et de directeur des scènes d'action ici ? |
S T : Oui. Après mon retour j'ai fait un break puis je me suis associé avec un cascadeur qui connaissait le Kung Fu, Roberto Lopez et nous avons formé notre propre équipe, travaillant sur des petits projets sympas à New York où on se battait et on envoyait voler des gens, incluant nous même, ce qui nous a amené à tourner un film (Manhattan Chase) puis un autre avec Robert Tai au Vietnam appelé ‘Trinity Goes East'
(basé sur la vieille série des Trinita avec Terrence Hill et Bud Spencer). Puis lors d'un voyage à L.A je suis tombé sur une vieille amie de HK, Sophia Crawford, sur le plateau de Buffy contre les vampires, ça a débouché sur un contrat de 5 ans sur cette série et sa dérivée « Angel » en tant que doublure de Spike, puis doublure de Michael Vartan sur Alias et encore dans d'autres productions télés. De 1999 à aujourd'hui, j'ai réussi à me frayer un chemin à Hollywood. Avec pour résultat, des visites fréquentes à mon chiropracteur. |
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To be or not to be (OUATIC) |
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HKCinemagic : Que pensez-vous de la tendance à incorporer de l'action style HK dans les blockbusters et séries télés US récentes ? |
S T : J'adore ça dans la série Matrix, Transporter 1&2 etc... mais je déteste ça dans Scoubidou ou Charlie's Angels. Si l'histoire ne le nécessite pas et si les acteurs ne peuvent pas le rendre crédible sans être doublé jusqu'à écœurement, alors ça ne me plait pas. Si des scènes d'action bien chorégraphiées sont mal filmées, alors c'est de la merde, ou presque…aucun intérêt. Sur Buffy, on préparait des trucs vraiment cool, mais on manquait de temps pour bien les filmer, et on devait simplifier pour que les acteurs puissent le jouer tout en disant leur texte. Je pense qu'on a quand même fait du bon boulot, comme les nombreuses rediffusions le prouvent.
Malgré tout ce que je dois à ce genre, parfois j'aimerais bien un bon vieux style à la Rashomon où à la Macbeth…Pas de câbles, pas d'acrobaties. De toute façon, si Hollywood emploie le style HK sans tout son contenu émotionnel et les éléments qui vont avec, ça ne marchera pas. Ce n'est pas gênant que le style HK et les traditions d'Hollywood soient maintenant presque inséparables. J'ai entendu que beaucoup de réalisateurs influents de Hong Kong dans les années 60 regardaient Hawai Police d'Etat et étaient influencés par leurs scènes d'action à 20-22 images par seconde. Ce qui s'en va vous revient…en pleine face ! Pas vrai ?
A bientôt et merci pour tout votre boulot sur ce super site !...Salute ! |
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HKCinemagic : Merci. |