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The Protectors (1975) |
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The Protectors fait immanquablement penser à ces vieilles série B américaines des années 50, à l’époque des doubles programmes, où un petit film d’une durée rarement supérieure à une heure vingt et au budget peu conséquent mettait le spectateur en bouche avant la projection du film « de prestige ». Si aujourd’hui beaucoup de ces métrages sont à juste titre oubliés, le genre – car c’est un genre ! – a donné quelques chefs-d’œuvre fulgurants et de nombreux films fort honnêtes ou tout au moins distrayants. The Protectors pourrait se rattacher à cette famille de par son format (moins d’une heure dix), son absence d’ambition thématique et artistique (mille fois vus dans son propos et classique dans sa forme), ses moyens limités (pas de reconstitution flamboyante) et son unique objectif : distraire le public.
Le scénario du film est simple et s’attache à ce qui semble représenter l’essentiel pour un spectateur hongkongais de l’époque : l’action. Certes, on ne pourra reprocher au metteur en scène une absence totale de psychologie, mais celle-ci repose sur des sentiments « primitifs » : jalousie, envie et amour. N’allons pas y chercher une quelconque ambiguïté ! Le générique d’ouverture de The Protectors, dépouillé et efficace, nous montre deux escorteurs et leur patron, le chef Ling (Lo Lieh), le chef Guan (Cheung Pooi Saan) et le chef Fang (Lee Sau Kei), aux prises avec une bande de voleurs. Le spectateur comprend dès lors où se trouve l’enjeu du film : le magot transporté convoité par des hommes sans scrupules. Le générique s’achève sur un plan où Ling et Guan brandissent fièrement les armes de leur compagnie au milieu d’un monceau de cadavres. Leur patron Fang, blessé, se repose plus loin. La scène suivante s’ouvre sur la livraison de la cargaison et le dépit provoqué, chez Guan, par la faiblesse de la rémunération en regard des risques encourus. Ling, lui, se satisfait de la situation : c’est son travail, un point c’est tout. Une déception amoureuse et la rencontre avec un ancien comparse de crime (Wong Hap) vont faire basculer l’endetté Guan dans le mauvais camp : avec l’aide du bandit, il va tendre un piège à la prochaine cargaison pour s’emparer du butin… et laisser accuser, à sa place, le brave Ling.
L’histoire de The Protectors fait irrémédiablement penser à celle de Twelve Deadly Coins : on y retrouve la société de convoyage, les bandits et le pauvre escorteur injustement accusé du vol de la cargaison (Lo Lieh dans les deux films !). Mais là où le modèle s’attachait à enrichir le récit d’une intrigue amoureuse et d’une vengeance entre deux vieux maîtres d’arts martiaux, The Protectors ne semble pas pouvoir décoller du cœur de l’histoire : le larcin. Wu Ma, en la personne de Fang Yan Er (Yeung Oi Wa), fait pourtant une tentative dans ce sens, mais son rôle n’est pas assez développé pour devenir un élément essentiel du récit. Non, décidément, le film ne parvient pas à s’écarter de la quête du chef Ling pour récupérer l’or et prouver son innocence. Lorsqu’on découvre la galerie de méchants qu’a concoctée le réalisateur, il est clair qu’il s’intéresse plus aux joutes viriles qu’aux relations sentimentales (Chang Cheh n’est-il pas, à l’époque, son mentor ?) : Wong Hap en maître de cérémonie, l’ineffable Chan Shen en moine bouddhiste érotomane, Wang Ching et son sourire carnassier, Chan Chuen au regard inquiétant et le grimaçant Dean Shek. Lau Kar Wing et Chan Chuen ont créé pour le film de belles chorégraphies, dynamiques et très à propos dans des paysages naturels (petit budget oblige, les scènes d’extérieur sont privilégiées).
Wu Ma, metteur en scène de The Protectors, est un pur produit de la Shaw Brothers : acteur pour le studio dès le milieu des années 60, il est rapidement repéré par Chang Cheh qui lui confie dès 1969 le poste d’assistant réalisateur (The Singing Thief, The Return Of The One-Armed Swordsman, Dead End…), voire de co-réalisateur, sur certaines de ses grosses productions (The Water Margin, All Men Are Brothers…), et dirige bientôt seul de nombreux films. The Protectors est son onzième métrage pour la Shaw qu’il quittera à la fin des année 70 pour aller rejoindre la rivale Golden Harvest. On sent qu’il n’est pas à son coup d’essai et le travail rendu est plus qu’honorable. Malheureusement, force est de constater qu’en ce milieu des années 70, une poignée de réalisateurs de la Shaw Brothers inonde le marché d’œuvres ambitieuses (The Blood Brothers, Empress Dowager, House Of 72 Tenants, Fourteen Amazons, Intimate Confessions Of A Chinese Courtesan…) et que le modeste The Protectors fait un peu pâle figure…
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David-Olivier Vidouze 8/6/2006 - haut |
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