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Ode To Gallantry (1982) |
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Ode To Gallantry appartient à la toute dernière partie de carrière du grand Chang Cheh, l’Ogre de Hong Kong, marquée par un déclin certain et des budgets de plus en plus modestes. C’est aussi le dernier film qu’il tournera avec l’équipe d’artistes martiaux qu’il avait constituée à Taiwan, les Venoms (Philip Kwok, Sun Chien, Lu Feng et Chiang Sheng - Lo Meng n’étant déjà plus de la partie), formation qu’il ne parviendra par ailleurs jamais à hisser au rang des David Chiang / Ti Lung et autres Jimmy Wang Yu / Lo Lieh.
Scénarisé conjointement avec le fidèle Ni Kuang, Ode To Gallantry est une nouvelle et énième transposition d’un foisonnant roman de Jin Yong. Le spectateur peu attentif pourra, comme on s’en doute, se trouver d’entrée perdu devant la multiplicité des intrigues et des personnages. D’adaptation en adaptation, l’attitude à adopter demeure identique : se laisser porter par l’action et les rebondissements sans se fixer sur une trame qui a tendance à partir dans toutes les directions. Tourné deux ans avant la fin des activités de production de la Shaw Brothers, Ode To Gallantry ne bénéficie pas des fastueux budgets d’antan. Il est d’ailleurs impossible à Chang Cheh de cacher la faiblesse des moyens mis à sa disposition : aucune scène d’extérieur (mais des pelouses synthétiques agrémentées de buissons en plastique), des décors vus mille fois et très chichement équipés (les accessoiristes n’ont pas dû avoir beaucoup de travail), des mouvements de caméra parfois approximatifs et peu de scènes d’arts martiaux (qui impliquent répétitions, temps et donc argent !)… La seule richesse de la Shaw Brothers visible à l’écran, à cette époque, reste le nombre impressionnant d’acteurs connus devant nos yeux : sous contrat et payés chichement au mois pour la majorité, ils sont pratiquement de toutes les productions.
L’intrigue de Ode To Gallantry, si elle semble à première vue complexe, suit un schéma classique de « films de jumeaux ». Une nouvelle fois, deux frères (interprétés par Philip Kwok) séparés à la naissance et élevés, l’un par des bons (ici, en l’occurrence, les véritables parents biologiques, Lau Wai Ling et Tang Ching), l’autre par des méchants (une vieille femme jalouse, Ha Ping), vont voir leurs chemins se croiser. Ils s’opposeront violemment avant un final très prévisible. Ode To Gallantry enrichit cependant cette trame d’un personnage de maître en arts martiaux (Wong Lik), justicier de son état, qui fait régner la terreur parmi les différents clans. Tous les trois ans, il punit les écoles qui se sont écartées du droit chemin en tuant un certain nombre de leurs élèves. Héros ambigu, il incarne à la fois la justice et la cruauté tant il est incapable de pardonner. Comme dans n’importe quel roman de Jin Yong, nous retrouvons avec plaisir le petit monde des clans avec leurs noms folkloriques, leurs armes particulières et leurs chefs charismatiques. Originalité de l’histoire ou du traitement qu’en ont fait Chang Cheh et Ni Kuang, il n’y a pas de lutte entre ces écoles. Tout tourne autour du personnage du « Bâtard » (nom donné par sa mère adoptive au personnage incarné par Philip Kwok), accusé d’avoir violé la fille d’un maître en arts martiaux et de l’avoir ainsi poussée au suicide, mais également promu chef d’un clan malgré lui. Pris dans la tourmente, poursuivi par une armée de chevaliers, le pauvre mendiant nie être celui que l’on nomme Shi Zhongyu tandis que les preuves s’accumulent contre lui…
Philip Kwok est parfait dans le double rôle du « Bâtard » et de Shi Zhongyu, tour à tour homme franc et simple (simplet ?) puis calculateur et sans scrupules. Il semble calquer son jeu sur celui de Fu Sheng, qui aurait facilement pu s’emparer du personnage, en parvenant même à donner une touche d’ambiguïté au titre : si le « Bâtard » se comporte de manière galante (il s’agit ici de chevalerie, pas de séduction !), est-ce parce qu’il possède cette qualité ou par manque d’intelligence ? Parmi les autres Venoms, seul Sun Chien bénéficie d’un honnête temps de présence à l’écran. Lo Meng est absent, Lu Feng est uniquement co-chorégraphe et Chiang Sheng n’apparaît que pour le combat final (impressionnant, certes). Les seconds rôles sont tenus par des habitués des films d’arts martiaux de la Shaw Brothers et leur présence est un indiscutable atout.
Si tout le monde s’accorde à dire que les films des Venoms ne tiennent véritablement que par la qualité des combats, il faut bien avouer que Ode To Gallantry ne remplit par réellement sa part du contrat… Beaucoup trop bavard malgré sa faible durée (moins d’une heure vingt-cinq), le dernier opus de la troupe est malheureusement avare en joutes martiales. Quelques chorégraphies parviennent cependant à retenir l’attention du spectateur avide d’action, parmi lesquelles une joute entre Wong Lik et Philip Kwok et un final réunissant les trois Venoms présents au générique. Victime de son budget étriqué, Chang Cheh a certainement dû freiner ses ardeurs martiales.
Ode To Gallantry marque plus que la fin d’un réalisateur et des Venoms. C’est également la fin d’une époque…
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David-Olivier Vidouze 9/22/2005 - haut |
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