Le combat des Christophe Gans et autre Quentin Tarantino pour sortir le cinéma de Hong Kong du carcan populaire et le faire entrer dans la culture des jeunes urbains et des geek, le succès incroyable de Matrix, le passage de certaines star aux USA comme Jackie Chan ou Jet Li, pousse certains studios américains à investir dans les catalogues hongkongais. Miramax, renommé par certains "Miram axe" (hache) va faire beaucoup de dégâts. Et il ne sera pas le seul…
Si les américains vont agir par calcul économique (ramener les films à 1h30 pour leurs sorties en salle), comme par soucis idéologique (éliminer les éléments comiques trop éloignés des habitudes occidentales), ils vont introduire un nouvel élément : la chirurgie esthétique.
Dans les années 90, le problème, du point de vue américain, est que le cinéma de Hong Kong est jugé techniquement trop limité pour plaire au public américain. Les distributeurs vont donc se lancer dans des opérations de cosmétique pour rendre les films plus acceptables. Ce processus commence avec Rumble in The Bronx de Jackie Chan. Nous sommes en 1995 et la superstar asiatique voit arriver, comme beaucoup de ses compatriotes, la rétrocession à la Chine avec inquiétude. Il souhaite donc réorienter sa carrière vers l'international et notamment vers le public occidental. Avec une intrigue se déroulant essentiellement à New York, Rumble in The Bronx va permettre à l'artiste de tenter de séduire le public américain et européen qui le connaît surtout par l'entremise des cassettes vidéos. Mais pour opérer cette opération séduction, les concessions vont être nombreuses. D'abord le film va connaître 17 minutes de coupes afin de le ramener sous la barre des 1h30 et autoriser ainsi plus de séances pour les exploitants de cinéma. Une séquence d'action va être ajouter pour, comme toujours mettre en avant l'action au détriment de la comédie. Mais surtout Jackie Chan va être doublé, alors qu'il parle essentiellement anglais dans le film. Sauf que son accent est jugé trop prononcé. La musique se voit également remaniée avec notamment une chanson en anglais qui remplace la chanson en cantonais du générique de fin. Ces deux changements complètent ainsi une révision très poussée du film qui n'a plus grand-chose à voir avec la version originale. Le succès en salle du film aux États-Unis conduit les distributeurs à considérer qu'un film de Hong Kong ne peut être montré en l'état. Il faut l'adapter aux goûts du public occidental. Tous les films qui sortiront au cinéma connaîtront alors de lourdes défigurations.
Le plus bel exemple de maquillage d'un film de Hong Kong est sans contexte Black Mask. Sorti en 1996 à Hong Kong, il va rapporter 12 millions de dollars sur le territoire américain en 1999. Avec Jet Li à sa tête et son statut de « film ayant inspiré les créateurs de Matrix », le bon coup commercial était à portée de main. Mais pour se faire, le film va être littéralement réinventé. Comme d'habitude le film va être coupé. Artisan, le distributeur retire tous les plans jugés trop choquants. La musique est entièrement revue pour intégrer une bande son Hip Hop, le tout réenregistré en 5.1 pour correspondre aux standards technologiques US. La photo étant jugé trop sombre, le film va être ré-étalonné en s'inspirant de la photo de Matrix, si bien que tout le métrage prend une teinte verdâtre. |