Le déclin des cinémas de quartier et des doubles programmes s'achève par le développement des cassette VHS. Les éditeurs vidéos vont remplacer les distributeurs des années 70 en adoptant la même démarche que les aînés, à savoir le sabrage systématique des films. Le procédé est d'autant plus étrange que les films de Hong Kong ne trouveront plus les chemins des cinémas français. Ils sortent directement en vidéo, le plus souvent sous l'égide du fameux éditeur Réné Chateau Video. Or si pour un cinéma, il est important de garantir un maximum de séances à un film pour optimiser les gains, la vidéo n'a pas vraiment un soucis de temps. Qu'un film fasse 90 ou 100 minutes n'a pas vraiment d'importance. Seulement voilà, les éditeurs vont s'arroger le droit de « réécrire » les films de Hong Kong à moindre frais en les coupant selon leur fantaisie. Après la coupe économique, nous entrons dans l'air de la coupe idéologique.
Arrive Jackie Chan à la fin des années 70. Au début des années 80, l'acteur va signer ses plus grands films en construisant un cinéma populaire à la jonction de la tradition du kung fu pian et du cinéma burlesque américain. Aveuglé par la figure de Bruce Lee, René Chateau est à la recherche d'un successeur au petit dragon. Or la dimension comique de Jackie Chan est gênante. Il faut en faire une star de l'action, pas un clown. La solution est toute trouvée, l'éditeur va s'efforcer de gommer l'aspect humoristique des films de Chan, notamment sur les Police Story. Les deux premiers opus vont se voir ainsi amputer de toutes leurs scènes comiques.
Il ne faudrait évidemment pas mettre tous les éditeurs vidéos dans le même panier. Par exemple un petit label indépendant, Scherzo vidéo, sortira Don't Play With Fire de Tsui Hark dans son intégralité. Mais il faut préciser que ce label a été lancé par un certain Christophe Gans, un amoureux du cinéma de Hong Kong qui utilisera l'édition vidéo, comme un certain Quentin Tarantino plus tard, pour promouvoir le cinéma asiatique. Pour les rares autres films sortis à cette période, ils sont parfois distribués dans leur intégralité, comme les 2 premiers Histoires de Fantômes Chinois, parfois amputés, comme ce fut le cas pour le 3ème opus de la même série, sans doute en raison de sa distribution en salle, afin de satisfaire les exploitants de salle et leur besoin d'avoir un film dont la durée tourne autour des 90 minutes. |