Durant le Festival International du Film de Hong Kong (HKIFF), édition 2008, Arnaud Lanuque a rencontré le réalisateur de Besieged City, Lawrence Ah Mon (ou Lawrence Lau) et ils ont discuté de l'utilisation d'acteurs non professionnels sur Besieged City et le film avec l'équipe de baseball de
HK, City without Baseball. Voici la retranscription de l'entretien.
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L'équipe du film avec le producteur Dennis Chan et le metteur-en-scène Lawrence Lau |
interview avec lawrence lau à propos de Besieged city |
HKCinemagic :
Avez-vous approché ce film différemment de vos autres films avec de jeunes gens ?
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Lawrence Ah Moon : Sur ce film, j'ai essayé de m'éloigner du style fiction documentaire, j'ai tenté d'en faire un polar. Besieged City est différent de Spacked Out et Gangs car j'ai essayé de développer davantage les relations au sein de la famille, de développer ces personnages de frères et sœurs. C'est ce que j'ai tenté de faire. Il y avait une histoire très touffue, mais nous avons laissé l'histoire sortir d'elle-même grâce
aux actions des personnages, et non pas à cause d'influences extérieures. Nous avons choisi une approche un peu plus introspective ici, alors que mes autres films sont plus expensifs. Telle était notre approche. |
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HKCinemagic :
Restez-vous en contact avec les jeunes et suivez-vous l'évolution de leur mentalité ? Ils évoluent assez rapidement.
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Lawrence Ah Moon : La recherche est important. Je demande toujours à mes scénaristes de faire des mois de recherche avant de commencer à écrire un script. Ils y ont pratiquement passé un an, à trouver le matériau de départ et faire la recherche adéquate. On peut se le permettre car nous sommes une petite boîte de production. |
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HKCinemagic :
Quand vous réalisez de tels films, utiliser des acteurs amateurs est une nécessité ? |
Lawrence Ah Moon : Oh, tout à fait ! Dans l'ensemble, quand vous travaillez avec des acteurs de ce jeune âge- 14, 15 ans - il y a très peu de comédiens déjà confirmés. Et puis, bien sûr, vous voulez des gens qui soient familiers avec le même type d'environnement social, qui proviennent de cette classe sociale,
que même s'ils ne sont pas de vrais acteurs leur état d'esprit est en adéquation avec leur personnage. Cela aide vraiment à faire ressortir le réalisme du film. C'est très dur pour de vrais acteurs de se mettre dans des situations dans lesquelles ils ne sont pas du tout familiers. Ce n'est pas qu'ils ne sont pas capables de le faire, beaucoup d'entres-eux sont de bons acteurs capables de développer ce type de rôles, mais c'est beaucoup plus difficile pour les acteurs et les réalisateurs. Je trouve les acteurs amateurs plus naturels, plus spontanés. C'est pourquoi j'aime bien travailler avec eux. |
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HKCinemagic :
Avez-vous une méthode particulière pour obtenir de telles performances de leur part ?
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Lawrence Ah Moon : La recherche d'acteurs, le casting dure
un long moment. Sur Besieged City, cela nous a pris deux mois, nous avons auditionné beaucoup de gens. C'est une question de trouver la bonne personne pour le bon personnage. Et nous développions aussi le script en même temps, donc nous informions le scénariste du type de personne que nous avions en tête pour ces rôles. Certaines choses étaient ajoutées par les acteurs eux-mêmes. Ma méthode alors, était de ne pas les laisser voir le script. Ils connaissaient uniquement les grandes lignes de l'histoire et ce que faisait le personnage et comment il avançait tout au long du film. |
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HKCinemagic :
Leur donniez-vous des informations sur leur passé ?
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Lawrence Ah Moon :
Un peu. On leur laissait savoir quel genre de personnage ils jouaient, qui ils sont, leurs relations entre eux, mais mis à part cela, on ne leur donnait pas le script à lire. Sur le plateau, on explorait les tenants dramatiques avec eux. Et si il y avait certains dialogues que nous souhaitions vraiment garder, on leur montrait ces quelques lignes. Mais, même dans ce cas, nous n'étions pas stricts sur les mots exacts à employer. Ils communiquait ainsi le sens à leur façon et cela rendait la scène plus naturelle.
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