Ex mannequin populaire, Jimmy Wong Ka Lok a vite su trouver sa place dans l'industrie du cinéma de Hong Kong (avec Ah Kam). Malheureusement, malgré son potentiel, observé dans certaines productions, il a souffert d'un mal commun aux acteurs de HK : l'étiquette. Jimmy a gentiment accepté de parler de sa carrière. Voici une bonne occasion de découvrir un acteur sous-estimé.
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Passé, premiers rôles et étiquettes |
HKCinemagic :
Pouvez-vous nous parler de vous et nous dire comment vous avez atterri dans l'industrie filmique de HK ? Je sais que vous êtiez mannequin pour Giorgio Armani auparavant. |
Jimmy Wong : Oui. Je suis né ici [à Hong Kong] mais j'ai grandi à San Francisco, je suis allé à l'école et à l'université là-bas et plus tard je suis parti quatre ans en Europe. J'étais basé à Milan mais je bougeais souvent, à Paris et ce genre d'endroit. Je me débrouillais assez bien dans le mannequinnat, donc quand je suis revenu, j'avais encore de bon contacts dans l'industrie. Donc j'ai eu beaucoup d'opportunités professionnelles. A ce moment-là à HK, je suis revenu dans les années 1990, ils cherchaient toujours de nouvelles têtes. Hong Kong était en manque d'acteurs. Donc j'ai eu beaucoup d'offres. Certaines pour des bons films, d'autres pour des films... Je pense que je me suis essayé a beaucoup de choses, mêmes celles qui n'auraient pas convenu à des acteurs qui ont plus de succès. Mais pour moi il s'agissait de bonnes expériences et j'ai accepté beaucoup de rôles de mauvais garçons. J'ai été étiqueté dans ce domaine, malheureusement. Mais j'ai grandi aux USA, donc je m'en moquais. Un rôle est un rôle. C'est juste devenu un peu ennuyeux à un moment. Toujours jouer le même genre de rôle. Maitenant je suis devenu plus difficile dans ce que je choisi. |
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HKCinemagic :
Continuez-vous le mannequinnat ?
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Jimmy Wong : Non, je n'en fais plus. Mais à l'occasion je fais de la publicité pour des produits ou des apparitions promotionnelles. C'est trés courant pour des acteurs en Asie. |
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HKCinemagic :
Avez-vous une quelconque formation en arts martiaux ?
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Jimmy Wong : J'ai fait de la boxe anglaise. Mais j'ai toujours été un sportif. Quand je suis revenu, j'ai appris la boxe thaï. Mais devant la caméra, de vrais combats ne sont pas impressionnants. C'est toujours étrange pour moi car quand j'utilise mes capacités martiales, je me dis toujours : "Non, non, il faut que j'exagère plus le mouvement." Et ça marche ! C'est comme faire de la danse. |
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HKCinemagic : Savez-vous pourquoi on vous catalogue toujours parmi les bad guys ? Puisque, vous avez un bon look et vous pourriez être facilement un des héros. |
Jimmy Wong : Je n'avais pas d'agent à l'époque. Pour beaucoup de rôles, ils voulaient toujours un mauvais petit ami et ils voulaient qu'il soit beau gosse. Et si vous proposez ce type de rôle à des acteurs comme Andy Lau, ils n'accepteraient pas, bien entendu. Cela ne me dérangeait pas de trop. Mais après un temps, cela m'a rendu furieux (rires) Je crois que le premier film que j'ai jamais fait From The Same Family… j'aimais bien le scénario au fait... Et des critiques ont commenté mon interprétation : "Celui qui jouait ce rôle était plutôt bon, surprenant, mais je ne sais pas son nom." [Rires] Je crois que depuis lors, les gens me voyaient bien dans ce type de rôles. Mais ce réalisateur qui a appris à me connaître a écrit le personnage en conséquence, il l'a fait avec moi en tête, et donc ce n'était pas dur pour moi de jouer. C'était un rôle amusant. Mais parfois à HK on ne sait pas trop. On peut avoir une super histoire et un super réalisateur [mais le résultat n'est pas convaincant, ndlr]. J'ai pu travailler sur Ah Kam par exemple. Ce n'était pas un mauvais film. Mais ce n'était pas ce que les gens attendaient ni de Michelle [Yeoh] ni d'Ann [Hui].
La cascade qui a fini en drame dans Ah Kam
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HKCinemagic : Ce film fut aussi touché par la blessure de Michelle Yeoh en plein milieu de la production. Cela a influencé votre rôle ?
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Jimmy Wong : Pas vraiment, le script a toujours été basé sur trois personnes, Sammo, le gamin et moi. C'est un bon film en fait mais je crois que le public s'attendait à un film d'action ou alors un drame. Le rôle de Michelle Yeoh était inspiré de la vie d'une vraie cascadeuse... |
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HKCinemagic : Oui, Yeung Jing Jing. |
Jimmy Wong : Oh, oui, c'est son nom ! Vous me ramenez en arrière (rires).
Un flirt avec Michelle Yeoh dans Ah Kam |
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HKCinemagic : Gardez-vous un bon souvenir de votre travail avec Michelle ?
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Jimmy Wong : Oui, on s'entendait bien. On est devenu de bons amis. Et tout s'est bien passé avec l'équipe technique aussi. Mais, pour ce film, qui était mon second à ce moment-là, c'était un peu difficile. Pour mon premier film, il s'agissait d'un drame, donc je devais jouer un peu de façon exagérée. Quand on doit jouer normalement, de manière sobre, c'est plus dur que ce que à quoi vous vous attendiez. Et cela n'a pas été plus aisé pour moi car j'ai travaillé avec Michelle Yeoh et Ann Hui qui sont très connues. J'aurais probablement pu faire mieux. |
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HKCinemagic : Est-ce qu'Ann Hui vous a aidé à construire votre personnage ?
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Jimmy Wong :Oui. Mais c'est le genre de réalisatrice qui ne vous dirige pas mais vous laisse jouer. Je m'attendais à beaucoup d'instructions mais je n'en ai pas eues ! Je suppose que c'est peut-être pour cela qu'elle me voulait pour ce rôle. Elle ne voulait pas que je joue, mais que je sois moi-même. Mais je n'étais pas habitué à cette époque pour comprendre cela.
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HKCinemagic :
Donc le résultat final vous a pleinement satisfait ?
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Jimmy Wong : Oh, c'est sûr que j'aurais pu faire mieux. Mais j'étais un acteur sans trop d'expérience à l'époque, j'aurais pu surjouer facilement. Donc c'était peut-être mieux ainsi... |
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HKCinemagic :
SDU 97 était principalement tourné aux Philippines. D'habitude, la plupart des acteurs qui jouent là-bas n'en sont pas contents. C'était pareil pour vous ?
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Jimmy Wong : Les ouvriers sont bon marché aux Philippines. Vous pouvez tout faire sauter aussi (rires). Et il y a beaucoup d'armes. Mais, oui, les conditions étaient plus dures, mais ça allait encore. Les choses ne sont pas aussi professionnelles qu''ici, pour les explosions par exemple, il faut faire attention. Je me souviens, il y avait un type avec une commande à distance. Un groupe de gens nous poursuivait et après qu'un d'entre eux saute, il actionnerait la commande à distance. Mais le type courait et juste au moment où il est passé dessus, il a déclenché l'explosion sur lui (rires) Il a eu des égratignures aux jambes et il a fait un peu d'hôpital. |
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HKCinemagic :
Ces conditions ne vous stressaient-elles pas ?
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Jimmy Wong : Ce n'était pas si mal. Beaucoup de petits problèmes. Concernant pour la plupart les fumigènes et les petits rochers. Mais c'était amusant en quelque sorte. Parce qu'à Hong Kong en général pour ce genre de film ils vous diront : "OK, sur ce plan utilise 6 à 8 balles, ne t'excite pas !" Là-bas on peut vraiment y aller (rires). C'est peu cher.
Jimmy à l'action ! |
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HKCinemagic :
Avez-vous eu un entraînement pour préparer votre rôle de SDU (forces spéciales) ?
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Jimmy Wong : Pas vraiment. Mais je suis un sportif et faire mes propres cascades ne me gêne guère. Les réalisateurs aiment ça. J'essaye de tout faire. |
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HKCinemagic : Combien de temps à durer la production ? |
Jimmy Wong : Je crois que j'étais là pour deux mois. Mais je pense que l'on a tourné pendant moins de trente jours. |
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HKCinemagic : Qu'avez-vous pensé de Cho Wing ? C'était sa première réalisation.
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Jimmy Wong : J'ai bien aimé, c'était très Kung Fu ! J'ai beaucoup appris à ses côtés. Pour le style d'action, cela m'a bien plu. Mais on n'avait pas de bon réalisateur pour les scènes dramatiques, et l'histoire était un peu poussive. Mais ça se passe comme ça à HK ! (Rires) Pour moi, c'était une bonne expérience, c'était très éducatif pour moi au niveau de l'action. Il y a des scènes pour lesquelles je suis très satisfait. Je me souviens, il y avait une scène dans une demeure. Cette maison était sur trois étages et j'ai peur du vide ! Et le réalisateur m'a demandé : "Peux-tu aller en haut, sauter au dessus de ça, puis descendre et glisser le long des escaliers ?" J'ai dit : "D'accord." J'avais vraiment peur, je pensais que si je ratais le saut je serais mort ! Ce serait un chute de six mètres, avec rien au bout. Donc j'ai répété tout près avec les escaliers. J'ai répété, j'étais prêt et l'ai fait pour de vrai et il n'y a eu aucun problème. Mais ce qui s'est passé c'est qu'ils ont mis la caméra excatement au même niveau sans montrer la hauteur. Donc à la fin, il semble que je l'ai fait sans avoir pris aucun risque ! Ce genre de choses arrive parfois à Hong Kong . Quand je fais certaines choses, je suis si content. Ici, j'ai vraiment essayé de maîtriser ma peur... Et si cela avait été une grosse production ça aurait eu l'air de quelque chose que ferait Jackie Chan. Mais ici, ça n'avait l'air que d'un petit saut. Un saut de six mètres qui a l'air d'un saut de 1,50 mètre (rires).
Une cascade qui est décevante à l'écran pour Jimmy. |