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Le Maître d'armes (2005) |
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Pour commencer, signalons que la copie visionnée est d’une durée de 98 minutes. La version intégrale devrait combler les coupes évidentes et le manque de profondeur des personnages secondaires.
Une plate-forme de combat, une foule en délire, un Jet Li impérial comme on ne l’avait pas vu depuis longtemps. Trois combattants occidentaux. Chacun à leur tour, ils vont l’affronter : mains nues, lances, épées. Jet Li met à chacun une raclée sans appel. Le film n'est même pas commencé depuis cinq minutes que l'on se dit déjà que Fearless a tout d’une réussite.
Quand vint l’annonce d’un projet de film d’arts martiaux en costume sous la direction de Ronny Yu avec Jet Li dans le rôle principal et Yuen Woo Ping à la chorégraphie, beaucoup entrevirent la possibilité de revoir un grand film martial made in HK (assez rare ces dernières années). Si Danny The Dog n’était pas exempt de défauts, il montrait pourtant que Jet Li en avait encore sous le pied et qu’il n’était jamais meilleur combattant que quand Yuen Woo Ping s'occupait de la chorégraphie (Fist Of Legend, La Secte du lotus blanc…). Cette association, qui plus est à HK, laissait présager de très grandes scènes martiales. De plus, il était temps que l’acteur revienne à Hong-kong pour nous faire oublier ses échecs Hollywoodiens. Quant à Ronny Yu, après lui aussi, avoir suivi une carrière américaine très inégale (seule La Fiancée de Chucky s’avérant être une réussite), son retour dans l’ex-colonie promettait d’être des plus alléchants. Rappelons que l’homme est le réalisateur de Jiang Hu, tout simplement l’un des plus beaux films fait à Hong Kong. Les grands maîtres d’arts martiaux Chinois ayant réellement existé ont souvent fait l’objet de plusieurs films. Citons les plus connus : Wong Fei-hong bien entendu, Fong Sai-yuk, Hung Sie Kuan… Bizarrement le pourtant célèbre Huo Yuanjia n’était apparu que dans un film, l'excellent Legend Of A Fighter de Yuen Woo Ping (déjà) en 1982. Son premier et meilleur disciple, Liu Zhensheng, fut plus utilisé au cinéma que son maître : La Fureur de vaincre, Fist Of Legend, la série télé Fist Of Fury. Fearless devait donc combler ce manque (notons que le film de et avec Bruce Le, Fire On The Great Wall / Le Défi de la grande muraille, réalisé en 1990, avait repris nombre d'éléments clés de la mythologie d'Huo Yuanjia ainsi que celle de son disciple Zhensheng).
Bien qu’Yves lui ait consacré un excellent dossier sur le site, rappelons très vite qui est Huo Yuanjia (Houo Yuan Kia, Huo Yuan Chia, Fok Yuen Kap selon les transcriptions) : né en 1869, l’homme deviendra célèbre à partir de 1895 à Tianjin en relevant de nombreux défis. En 1909, il fonda à Shanghai l’institut Jingwu. Cette école était surtout réputée pour l’apprentissage moderne des arts martiaux. Cette modernité valut à Huo Yuanjia d’être assassiné en 1910 par les Japonais qui ne voulaient aucunement assister à l’évolution des arts martiaux Chinois. Avec un tel matériel scénaristique et tout ces talents divers réunis, Fearless partait gagnant. Résultat : une nouvelle réussite du cinéma martial en provenance de l’ancienne Mecque des films de frappe.
Doté d’un budget confortable, le film propose de beaux décors, des costumes impeccables, une figuration assez imposante. De plus certains lieux naturels sont de toute beauté ce qui renforce le plaisir pris à visionner le métrage. Côté histoire, légère déception concernant l'école Jingwu. On voit l'ouverture et après plus rien. De petites scènes au sein de ce mythique institut martial où Huo Yuanjia enseignait à ses élèves auraient été fort appréciables. Mais dans l’ensemble, l’histoire est très bien menée (à défaut d'être conforme à la réalité, mais Fearless étant un film et non un documentaire, cela ne constitue en rien un défaut majeur ni dans le cas présent un non-respect du personnage, bien au contraire).
Côté casting, revoir Jet Li en très grande forme est un réel plaisir. En tant qu'acteur il en impose autant que dans ses meilleurs films. Le reste de la distribution n'est pas vraiment mise en valeur mais remplit son boulot efficacement. (La version intégrale devrait logiquement étoffer les seconds rôles).
Venons en maintenant aux combats. Après un gros passage à vide lorsqu'il travaillait à Hong-kong (Legend Of Zu, Black Mask 2, Crazy Kung Fu, House Of Fury), Yuen Woo Ping nous prouve encore une fois (si nécessaire) qu’il est l’un des plus grands chorégraphes actuels. Le film propose deux types de combats : câblés et réalistes. Le mélange des deux s'accorde à merveille. On a droit à des combats en équilibre (le fight sur la très grande plate-forme) qui nous remémorent les films de frappe des années 90. Concernant le combat pur, que du bonheur. Des mouvements précis, rapides, une souplesse et une virtuosité toujours présentes, Jet Li, bien que doublé pour certains plans, en impose encore pour notre plus grand plaisir. Sa maîtrise du nunchaku à trois branches est impressionnante. Le combat contre Nathan Jones dégage moins de bruit et de fureur que dans L’honneur du dragon mais la corpulence de l'acteur est beaucoup mieux utilisée, de ce fait le combat ne semble pas totalement irréel. Mais le meilleur combat du film reste ce duel à l'épée qui nous nous replonge dans les bombes martiales des années 90 (Once Upon A Time In China, Iron Monkey, Fong Sai Yuk...). Une maison de thé. Huo Yuanjia contre son rival. En l'espace de cinq minutes, tout vole en éclat. Les deux adversaires voltigent, démolissent le mobilier, cassent leurs épées sous l'impact des coups, se projettent dans le décor, tombent violemment sur des jarres... Un pur moment d'anthologie! De plus, le film ne tombe pas dans l’humour burlesque déversé en grosse quantité dans les productions en costumes des années 90 : Fearless est une oeuvre sombre et violente ou Huo Yuanjia n’est nullement tourné en ridicule.
Un Jet Li resplendissant, un personnage historique qui méritait bien un film. Fearless est une bombe. Quelques petites baisses de rythme et des détails de l'histoire trop vite expédiés empêchent pourtant le film de se hisser parmi les plus grands chef-d’œuvres du genre. (La version intégrale me semble indispensable. Rien que pour le périple rédempteur de Huo Yuanjia, où nous pouvons déceler l'infuence du Musashi version Inagaki, je pense que le film sera encore plus passionnant) Mais l'essentiel est là : le plaisir, le plaisir retrouvé de savourer un bon film d’arts martiaux Hongkongais comme dans le temps.
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Denis Gueylard 2/13/2006 - haut |
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