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Swordsman 2    (1992)
Swordsman et Swordsman 2 sont les films qui ont relancé un genre en perte de vitesse : le wu xia pian. Swordsman a fondé les bases esthétiques et stylistiques de ce renouveau. Swordsman 2, en raison de son succès critique et populaire, a entraîné un véritable phénomène de mode, le cinéma de Hong Kong proposant dans son sillage, des wu xia pian d'un luxe inouï, une sorte de feu d'artifice avant la crise qui allait toucher ce cinéma.

Modernisation d'un genre

La littérature laissait une large place à la magie et aux pouvoirs surnaturels dans les wu xia pian. Quand le cinéma s'est emparé du genre, il n'a pas pu, pour des raisons techniques, rendre compte de cette dimension. Les effets spéciaux étant trop rudimentaires à Hong Kong, les réalisateurs préféraient jouer sur les capacités athlétiques de leurs acteurs et recourir aux trampolines et aux câbles. Quand à la fin des années 80, Tsui Hark a cherché à relancer le genre, il a voulu revenir à ses origines littéraires en utilisant les effets spéciaux modernes qu'il avait largement contribuer à répandre dans la colonie avec Zu, puis en fondant sa société d'effets spéciaux : la cinefex Workshop.

Dans Swordsman 2, les effets spéciaux sont nombreux, rendant particulièrement spectaculaires les affrontements entre les différents personnages. Epées volantes, arbres arrachés, gouttes d'eau mortelles… le film fourmille d'idées. A l'instar d'Histoires de fantômes chinois, si tous ces effets sont loin d'être parfaits sur le plan technique, ils ont l'avantage de ne jamais être inégaux. Judicieusement bricolés, ils parviennent à donner vie aux visions délirantes de Tony Ching Siu-tung et Tsui Hark, tout en assurant au film une indéniablement cohérence esthétique, un style et un charme qui lui est propre.

Le renouveau du wu xia pian orchestré par Tsui Hark passe également par un travail sur le montage. Découpage extrêmement rapide, voire hystérique, l'action devenant régulièrement illisible, le déroulement du récit est fondé sur le mouvement et la rapidité. Ce style a été très critiqué à la sortie de Swordsman, surtout par les journalistes occidentaux qui n'y voyaient là qu'une succession de plans incompréhensibles. Mais avec Swordsman 2, Tsui Hark et Tony Ching Siu-tung enfoncent le clou. Et le public asiatique suit.

Très proche du manga, cette esthétique déroute parce qu'elle s'attache plus à une représentation visuelle de l'action, qu'à son organisation logique. Pour apprécier ce spectacle, extrêmement déroutant pour le néophyte, il faut accepter de ne pas forcément comprendre les plans qui s'enchaînent. Là n'est pas l'essentiel. Le spectateur doit accepter de se laisser emporter dans un tourbillon visuel d'une beauté sidérante qui est conçu comme un feu d'artifice. A ce titre Swordsman 2 est à prendre comme un hymne au cinéma et à sa nature première : le mouvement.

Finalement le renouveau du wu xia pian tel que l'a conçu Tsui Hark, est très proche de ce qu'il avait fait dans Zu, si ce n'est qu'il n'a pas conservé les personnages surnaturels qui émaillaient le récit de ce film. Wu xia pian oblige, nous sommes plongés dans l'univers des guerriers. Mais le traitement visuel reste fondamentalement le même : une esthétique chatoyante, un montage épileptique et des effets spéciaux pour rendre l'action plus spectaculaire.

La vaine lutte du pouvoir


Comme tout wu xia pian qui se respecte, Swordsman 2, reprend à son compte les luttes de pouvoir entre clan. Mais loin de se satisfaire des discours simplistes et militaristes qui montrent les " bons " vaincre les " méchants ", il se situe dans la continuité des films comme The Sword ou Duel To The Death, dans lesquels l'idéologie guerrière est largement remise en question.

Cette remise en question repose avant tout sur le traitement réservé au personnage principal. Véritable antihéros, Ling n'a non seulement aucune des ambitions du guerrier, puisqu'il n'aspire qu'à la paix, son projet est même de se retirer dans les montages d'Ox avec ses frères d'armes, mais surtout, si c'est un combattant émérite, s'il est bon et droit, c'est aussi un jeune homme naïf, facile à manipuler, voire nigaud quand il s'agit des femmes. Ces défauts font peut-être de lui un personnage attachant, car fondamentalement humain, mais ils conduiront également ses camarades à leur perte car Asia n'aura aucun mal à utiliser Ling en le retenant chez lui pendant la nuit où il les massacrera.

En outre Ling n'est jamais en mesure de triompher du destin. Toutes ses aventures découleront d'un simple geste altruiste, aider son ami Ying à retrouver son père. Prisonnier dès lors d'une spirale d'aventures, il se retrouve malgré lui au cœur d'une lutte fratricide qui n'est pas la sienne. Sans projet politique, il n'agira que pour des raisons personnelles, c'est à dire pour venger ses camarades morts.

Pire encore ! En s'impliquant dans cette lutte, s'il parvient à renverser le tyran Asia, il ne fait que mettre au pouvoir un autre Asia, un double qui est d'autre que le propre frère du premier. La lutte du héros aura donc était vaine et comble de cynisme, Ling doit trouver refuge au Japon, le pays des alliés d'Asia. Ainsi la violence n'apporte aucune solution, elle ne fait que déplacer le problème.

Regard pessimiste sur les jeux du pouvoir et antihéros, avec Swordsman 2, Tsui Hark revisite la philosophie du genre sur un mode distancié et critique. Le film ne tourne pourtant pas à la caricature. Si l'humour est loin d'être absent, le contexte politique de l'époque (on est à quelques années de la rétrocession) est trop pesant pour ne pas donner une certaine gravité à ce regard que porte le film sur le pouvoir.

Asia : une allégorie sur le pouvoir

Personnage fascinant et hautement complexe, Asia est sans aucun doute l'invention la plus intéressante de Swordsman 2, qui s'il est mieux réalisé que le premier opus, n'apporte finalement rien de plus sur le plan formel et idéologique.

Guerrier en quête de pouvoir, Asia pratique une politique totalitaire en écartant tout opposant et en cherchant à accroître son pouvoir. Manipulateur, jouant aussi bien sur l'appât du gain que sur la terreur, il applique une démarche machiavélique. Son projet n'est pas pour autant purement maléfique, puisqu'il affirme à sa maîtresse que son but est de parvenir à la stabilité pour pouvoir vivre en paix. Néanmoins il incarne la dictature dans toute sa splendeur : s'imposer par la violence et tout mettre en œuvre pour se maintenir au pouvoir.

Evidemment, tout de rouge vêtu, il est facile de le rapprocher du pouvoir communiste. Si Tsui Hark n'est certainement pas un partisan du régime chinois, il a néanmoins eu l'intelligence d'éviter de faire d'Asia une caricature grossière de la dictature. L'idée de génie aura été d'opérer cette transformation en femme de ce fou de guerre qu'est Asia. Ce dernier est en effet si désireux d'étendre son pouvoir qu'il a suivi à la lettre l'enseignement du parchemin sacré. Or celui-ci exigeait une émasculation. Non seulement Asia s'est exécuté, mais plus il pratique l'enseignement du parchemin sacré, plus il devient femme jusqu'à en devenir véritablement une.

Ce qui est passionnant, c'est que cette transformation n'est pas que physique. En étant pris pour une femme par Ling, Asia va découvrir des sentiments nouveaux. En effet leurs rapports ne s'établissent pas sur un rapport de pouvoir comme Asia en a l'habitude, mais sur le partage, du vin notamment, et sur la complicité. Cette expérience va causer une brèche dans le système de pensée d'Asia. Il existe autre chose que la terreur et la domination. Dès lors le personnage doit assumer ces deux positions inconciliables. Et c'est cette brèche qui entraînera d'ailleurs sa perte, Ling, son ami, lui portant un coup fatal.

Cette dualité fait d'Asia un être tragique. Sa soif de pouvoir devient l'instrument de sa perte. Non pas parce qu'il trouve plus fort que lui, mais parce qu'au cœur de la pratique du pouvoir qu'incarne le parchemin sacré, se trouve les conditions de sa propre déchéance. En devenant femme, symbole de la vie et de l'amour, Asia perd sa stature d'homme impitoyable qui faisait sa réussite.

Jamais Tsui Hark n'aura poussé sa réflexion politique aussi loin. Asia constitue sans doute l'un de ses plus beaux personnages. Personnage ambivalent, magnifiquement servie par Brigitte Lin, il aura permis de mettre en scène les inquiétudes des Hongkongais face à la rétrocession. Mais plus que cela, il donne aux spectateurs une vision complexe et fascinante du pouvoir politique quand il se fait dictature. Un sujet qui reste d'actualité dans un monde où la démocratie n'est une réalité que pour une minorité d'individus.
Laurent Henry 7/6/2008 - haut

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 7/6/2008 Laurent Hen...

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