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Exilé (2006) |
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Johnnie To a, depuis quelques années, les faveurs des critiques, nombreux sont ceux à s’extasier sur le style de ses polars et histoires de triades. Depuis le succès international de The Mission (1999), la renommée du sieur To et de sa compagnie de production, la Milkyway, n’a cessé de croître et le réalisateur a enchaîné les films avec plus ou moins de réussite, jusqu’aux récents Election 1 et 2 qui ont remporté un franc succès. Il n’était donc pas étonnant que, sur sa lancée, Johnnie To annonce qu’il allait tourner une « suite » à The Mission éveillant par cette déclaration l’intérêt, et suscitant l’impatience de nombreux fans ravis de pouvoir retrouver cette mythique bande de gangsters. C’était oublier que Johnnie To est un réalisateur opportuniste et que, grisé par ses récents succès et sa désormais bonne réputation internationale, il allait céder à la facilité en nous proposant un film vide, prétexte à une surenchère d’effets de style.
Exiled n’est pas une suite de The Mission, Le réalisateur a bien su jouer sur l’effet d’annonce et entretenir le doute, mais il peut néanmoins en être rapproché car il en reprend les acteurs et la trame scénaristique minimaliste. Ce n’est pas un défaut en soi, le problème est que To donne ici vraiment l’impression de s’auto-parodier en grossissant le trait. Pendant certaines scènes on se surprend à avoir envie de rire face à une telle accumulation (dès le premier gunfight nous avons droit à tous les poncifs avec en prime une porte volant au ralenti laissant présager du pire pour la suite… ).
Bien sûr c’est un plaisir de voir réunis à l’écran ces acteurs que l’on apprécie (Anthony Wong, Francis Ng, Simon Yam, Lam Suet, Roy Cheung) mais cela ne suffit pas à faire d’Exiled un film de qualité. Ce qui est extrêmement gênant c’est que tout parait trop évident et prévisible dans ce film. Tout d’abord le jeu des acteurs, seul Anthony Wong réussit à ne pas agacer même s’il nous propose une interprétation qui sent le déjà-vu, quant à Simon Yam il est tout simplement insupportable. Ensuite, les petits rebondissements de l’histoire que l’on devine avant qu’ils ne se produisent. Sans oublier cet hommage au western (Johnnie To en fait tellement avec ses plans qu’il faudrait être aveugle pour le manquer), ainsi que la conclusion du film… Tout est évident et manque de finesse. Très vite on se lasse de voir les personnages attendre, être pris dans des fusillades au ralenti, se jeter des regards entendus, fumer en prenant la pose et encore attendre derrière leurs lunettes noires... Nous aussi nous finissons par attendre que le film se termine sachant très bien comment tout cela va finir.
Pourtant, Exiled avait certains atouts sur lesquels il aurait pu jouer. Tourné à Macao il avait l’avantage de rompre avec l’univers des polars urbains donnant aux protagonistes la possibilité d’évoluer dans un espace différent de celui de l’architecture moderne de Hong Kong. Le choix de reprendre des personnages auxquels le public était déjà habitué et qui ne nécessitaient donc pas un développement particulier, aurait éventuellement pu permettre de s’attarder sur d’autres figures (par exemple faire quelque chose pour ces personnages féminins qui sont affligeants, réduits à des stéréotypes : soit la mère, soit la prostituée…). Mais Exiled rate son but, et il ne ressort de ce film qu’une impression d’exercice de style, une succession de scènes très travaillées mais complètement lisses, le tout étant un peu trop long pour être supportable.
Exiled s’avère être un film décevant qui ravira les amateurs de belles images habitées de gangsters classieux, machistes et frimeurs.
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Annabelle Coquant 4/9/2007 - haut |
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