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Critiques Express

Lost Souls    (1980)
Lost Souls est très certainement ce qui est sorti de plus outrageant et dérangeant des vénérables studios de la Shaw Brothers, la même compagnie célèbre pour ses films de kung-fu classiques et ses opéras chinois précieux. Mais qu’a-t-il bien pu se passer en ce début des années 80 dans la tête des dirigeants de cette institution cinématographique hongkongaise ?

Le film débute par l’arrivée nocturne sur les côtes hongkongaises d’un bateau remplis d’immigrants venus de Chine populaire. A peine la terre du prétendu paradis foulée, une horde de policiers fond sur le groupe et en arrête violemment une très grande partie. Seuls quelques chanceux parviennent à passer entre les mailles du filet et s’enfoncent hors d’haleine dans la forêt environnante. Le jour naissant, les immigrés (Erik Chan Ga Kei et deux acteurs amateurs) croisent sur une route un vieillard (Wong Ching Ho) qui propose de leur porter secours. Ils se rendent dans sa maison et sont brusquement faits prisonniers par de rudes gaillards. Le marché est simple : la liberté contre une rançon versée par leur famille déjà sur le sol hongkongais. La négociation échoue mais les trois réfugiés, à la faveur d’un combat entre bandes rivales, réussissent à fausser compagnie aux ravisseurs.
Mais le répit sera de courte durée : à peine libres, ils se font à nouveaux capturer par un gang très organisé dirigé par le cruel Hok (Chan Shen), assisté de ses sadiques et pervers sbires (Wan Seung Lam, Hung San Nam, Keung Hon…). Les trois chinois sont alors cloitrés dans une vieille étable transformée en prison et bientôt rejoints par une nouvelle « cargaison » d’immigrés. Un étrange homme, Poison Snake (Hung Fung), semble habiter cette sordide geôle depuis longtemps.
Pour les réfugiés, les issues sont limitées : si personne ne paye pour leur libération, les femmes finiront dans un bordel local et les hommes au fond de la mer…

Les dix premières minutes de Lost Souls ne préfigurent en rien ce que le spectateur va goûter pendant le reste du long métrage. Au contraire, il pourrait s’imaginer être devant un film politico-social d’Ann Hui qui s’attacherait à dépeindre les difficiles conditions de vie des réfugiés chinois, passant du régime autoritaire communiste à la jungle et la misère tolérées par les Anglais sur leur colonie. Bien vite cependant, la confusion s’estompe et l’homme derrière la caméra marque de son empreinte les images qui défilent : la pure exploitation prend le dessus pour ne plus le quitter jusqu’au générique de fin.
Lorsqu’il réalise Lost Souls en 1980, He Chi Chiang est déjà un réalisateur d’expérience. Mystérieux - les anecdotes sur sa vie sont multiples, contradictoires et des plus farfelues -, on lui prête une riche filmographie de près de cent films tournés à Taïwan, son pays d’origine. C’est à cette époque qu’il met en scène son quatrième film pour la Shaw Brothers, après le sketch noir Gun dans The Teenager's Nightmare - The Criminals, Part V (1977), la comédie romantique Melody Of Love (1977), le film d’action Bank Busters (1978), le film d’arts martiaux A Deadly Secret (1980) et un sketch du film fantastique Haunted Tales (1980). Dans presque toutes ces œuvres, on sent poindre en lui l’envie de bousculer le spectateur, de le mettre mal à l’aise et le confronter à des scènes qu’il n’a pas l’habitude de voir dans le cinéma hongkongais de l’époque. La meilleure preuve en est le personnage de l’homme de loi interprété par Yueh Hua dans A Deadly Secret : d’un sadisme exacerbé, il n’a de cesse de torturer son prisonnier « fétiche » (Jason Pai Piao), sensé garder un secret… Une approche réellement inédite au sein de la Shaw Brothers en ce tout début des années 80.
Nul doute que Lost Souls est véritablement le premier film à porter la marque de He Chi Chiang : on y voit ainsi les germes de tous les excès de son « chef-d’œuvre » Men Behind The Sun (1989) et, surtout, toute l’hypocrisie de la démarche qu’il emploie à cette occasion (et qu’il réutilisera encore dans son dernier film à ce jour, Black Sun : The Nanking Massacre (1995)). Pour la première fois, donc, le réalisateur se cache derrière de louables intentions - dénoncer les profiteurs de la misère - pour lancer aux yeux des spectateurs médusés des scènes de pure exploitation, mélangeant sexe, cruauté, déviance et humiliation. (Dans Men Behind The Sun, il s’agira de révéler au grand jour les crimes de l’armée d’occupation japonaise en Mandchourie et dans Black Sun, les atroces exactions nippones lors de la prise de la ville de Nankin.) Car si l’on vide Lost Souls de son contenu social, le film s’apparente à un simple film d’horreur dans lequel une bande de malades retient prisonniers de pauvres gens innocents. Ces derniers vont passer par tous les stades, de l’abattement à la rébellion ; certains seront poussés à la traîtrise, alors que d’autres agiront en héros.
Une fois le film lancé, He Chi Chiang enchaîne les séquences sans répit, les protagonistes subissant violence sur violence, humiliation sur humiliation. Force est de constater que pour Lost Souls, le réalisateur est particulièrement attiré par l’aspect sexuel de l’exploitation (alors qu’il privilégiera l’horreur gore pour Men Behind The Sun – mais peut-être est-ce dû aux autorités chinoises impliquées dans ce dernier film et plus enclines à accepter la violence que le sexe ?). Les femmes sont ainsi régulièrement violées, au gré des soudains désirs des gardiens, évaluées comme du bétail avant d’être vendues à un bordel (leur prix est inscrit sur leurs fesses), torturées (avec des glaçons ou de la cire chaude), attachées dans des positions inconfortables, etc. Tous les prisonniers sont nus, sous prétexte qu’ils ne peuvent pas s’enfuir dans cette tenue, douchés à la lance à incendie et frappés avec délectation. On a beau être un cinéaste d’exploitation, on n’en est pas moins un macho réactionnaire : si les viols de femmes n’entrainent que résignation de la part des réfugiés, le viol d’un jeune homme (Erik Chan Ga Kei) par l’ignoble chef de l’organisation (Chan Shen) les conduit directement à la révolte. Deux poids, deux mesures… Autre atteinte à la virilité, le comportement d’une prisonnière a priori devenue folle qui se rue sur les gardiens pour leur toucher le sexe et les fait fuir comme des jouvencelles !
Caractéristique commune à ce type d’œuvres, Lost Souls est un film décervelé, sans aucune cohérence ni vraisemblance. Le spectateur pourra ainsi s’amuser à noter toutes les énormités qui défilent à l’écran, du clandestin avec sa vieille grenade (pourquoi attend-il la fin du film pour la jeter sur une bande rivale alors qu’il aurait pu la jeter depuis longtemps à la tête de ses geôliers ?) à la prison pleine de trous, en passant par la grande supériorité en nombre des réfugiés par rapport à leurs bourreaux… Non, la logique n’est pas une des préoccupations de He Chi Chiang !

Ces réserves bien naturelles mises à part, Lost Souls est un film diablement efficace pour qui aime le genre. La mise en scène est nerveuse, la caméra souvent portée au cœur de l’action et les temps morts très rares. De plus, le réalisateur a fait le choix d’utiliser nombre d’acteurs non professionnels, particulièrement pour les personnages de réfugiés (parmi eux, le spectateur reconnaîtra cependant Hung Fung, Erik Chan Ga Kei, Leung Jan Lei, Chow Kin Ping, Stephen Chan Yung et Ngai Tim Choi). Il est vrai que pour ces rôles « limites », il eut été difficile d’obtenir des acteurs de premier ordre. Côté tortionnaires, les visages sont plus familiers, avec en tête le grand Chan Shen, méchant parmi les méchant dans la cosmogonie de la Shaw Brothers, entouré des seconds couteaux Wan Seung Lam, Keung Hon et Hung San Nam.

Lost Souls est le dernier film que He Chi Chiang tourne pour la Shaw Brothers. Il faut attendre trois ans pour qu’il repasse derrière la caméra à l’occasion d’un film mettant en scène des enfants pratiquant les arts martiaux, Young Heroes, une production chinoise. Six ans plus tard, avec Men Behind The Sun, il revient à ses amours et dépasse largement Lost Souls dans le genre…
David-Olivier Vidouze 12/3/2008 - haut

Lost Souls    (1980)
Lost Souls se situe dans un contexte social bien précis : l’arrivée massive de réfugiés clandestins chinois à la frontière hongkongaise. A ce propos, le titre chinois du film est "Da She" qui signifie en argot « Frapper les serpents ». Expression décrivant la vague de répression et de violence s’abattant sur les malheureux réfugiés.

Lost Souls n’est définitivement pas un film d’auteur puisque son réalisateur n’est autre que TF Mous, le réalisateur de l’indéfendable Camp 731 ! Le film est très marquant et dur à oublier, contenant un grand nombre de scènes de violences très graphiques manifestement influencées par le Salo de Pasolini…
Lost Souls n’est d’ailleurs pas un manifeste pour l’intégration puisque que les chinois y sont dépeint avec condescendance comme des êtres pitoyables et dangereux.

Un grand film malade !

Source : Kenny WOO
Martin Vieillot 7/29/2004 - haut

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