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Her Vengeance (1988) |
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Cinéaste que certains qualifieront d'un peu farfelu, voire loufoque, Nam Nai Choi est indéniablement un auteur à part. Même ses détracteurs (mais en existe-t-il?) ne peuvent que reconnaître que l'homme a un sens de la mise en scène unique, à nul autre comparable. Si ses films les plus célèbres sont plutôt classés dans la catégorie des nanars (mais nanars cultes, de haute volée, bourrés d’idées et jamais ennuyants), et que le bis n’est jamais totalement absent de ses œuvres, il a prouvé avec Men From The Gutter qu’il était capable de raconter très efficacement une histoire de facture plus classique. Her Vengeance se situe plus proche de ce film que d’un The Cat.
De film en film, on constate des obsessions récurrentes, des interrogations perturbantes, et un sens parfois surprenant de la psychologie. Car au-delà du déluge d'effets spéciaux, qui évidemment sont trahis par le temps, c'est bien le comportement de ses personnages qui crée une réaction chez le personnage. L’écriture dans les films hongkongais des années 80 était souvent chaotique, avec des héros monolithiques, et bien sûr les films de Nam Nai Choi n‘échappent à cette règle. Mais si ses personnages semblent totalement déconnectés du monde, ils n’en restent pas moins attachants.
Une fois n'est pas coutume, il nous dresse ici un portrait sans concession d'une société où l'individu risque d’être écrasé par les rouages de la société à tout instant, une société en perte d'humanité, aliénée par des valeurs capitalistes décadentes et exacerbées. Ce constat est particulièrement affligeant lors de l'une des scènes les plus terribles du film, lors de laquelle un médecin apprend à notre héroïne qu'elle a contracté une maladie vénérienne. Sans humanité, il s’adresse à elle comme un guichetier de banque annoncerait à quelqu’un qu’il est à découvert. Cette scène est à ce titre l’une des plus terrifiantes du film. Loin des violences des antagonistes, c’est l’indifférence de la société qui éclate au grand jour. Quand on repense à une scène quasi-identique du film Meet The Feebles de Peter Jackson, on ne peut qu'être abasourdi par le désespoir désabusé du film du maître, loin du grand guignol fun du film du néo-zélandais créatif.
Le travail du maître est souligné par une esthétique très recherchée, relativement différente de ce à quoi il nous avait habitués. On est loin de The Cat est ses tendances expressionnistes inspirées du mouvement allemand, Die brucke. S'appuyant sur une image plus proche de l'art abstrait d'un Francis Bacon, Nam Nai Choi semble en effet avoir beaucoup étudié le triptyque d'une crucifixion. Ce parallèle est particulièrement flagrant lors du final éprouvant, où l'on retrouve les couleurs, mais aussi les poses symboliques des personnages. Une ressemblance qui est peut être fortuite, mais qui éveille immédiatement l’intérêt. Si certains choix esthétiques du réalisateur ont parfois été source de plaisanterie, chacun de ses films exprime une recherche artistique certaine, et son passé de directeur de la photographie est toujours mis à profit pour un résultat plus soigné que le tout venant des films de l’époque.
Porté par des acteurs formidables, Pauline Wong Siu Fung et le regretté Lam Ching Ying en tête, le récit du maître se suit avec intérêt autant qu'avec effroi. Les autres acteurs, dans des rôles plus caricaturaux, livrent des prestations excessives, typiques du cinéma de l’époque, pour un résultat réellement éprouvant. Film à part dans la filmographie d'un artiste talentueux, Her Vengeance est plus qu'un simple revenge movie même s’il n’oublie pas le divertissement. Le rythme est d’ailleurs bien moins élevé que dans les autres films du réalisateur. L’action n’est que peu présente. Le suspense est par contre prenant, et la tension omniprésente. Mais c’est l’engagement émotionnel du spectateur qui donne toute sa force à un climax apocalyptique. Quelques passages, comme l’entraînement en fauteuil roulant de Lam Ching Ying versent un peu dans le bis. Mais globalement, la violence est âpre, malsaine, et personne ne s’en sort indemne. La morale n’est pas sauve, la vengeance n’apporte pas la justice, et le prix à payer est amer. L’atmosphère lourde caractéristique du récit laisse sa marque longtemps après que le générique de fin soit terminé.
Nam Nai Choi réalise une oeuvre puissante et indispensable, indéniablement un de ses meilleurs films.
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Léonard Aigoin 6/5/2010 - haut |
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Her Vengeance (1988) |
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Réalisé en 1988, soit un an avant l'instauration de la 3ème catégorie, Her vengeance porte déjà en lui toutes les caractéristiques du genre et en constitue un solide représentant. Le film ne semble pas vraiment bridé par la censure et nous expose sans retenue ses pulsions sanglantes et douteuses. Remake de Kiss Of Death (un sympathique "rape and revenge" de la Shaw Brothers), Her vengeance est (malheureusement) un des films les plus sobres et sérieux du sieur Nam Nai Choi, célèbre pour ses dérapages plus ou moins contrôlés. Au programme des réjouissances: viol collectif et vengeance (on s'en serait douté!). entre ces deux extrêmes, on aura eu le droit à un film plutôt bien construit avec quelques éclairs de violence bienvenus (empalement, attaque à l'acide..). Néanmoins, les fans de Nam Nai Choi seront quelque peu déçus, et il faudra attendre le fameux final en fauteuil roulant pour combler leurs envies déviantes.
Her vengeance fait parti de ces films qui par leurs excès, décidément réservé à un public mature, précipiteront l'avènement du label "Cat3" l'année suivante.
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Martin Vieillot 7/28/2004 - haut |
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