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Critiques Express

The Karate Kid    (2010)
On ne le répètera jamais assez, Jackie Chan est un mythe vivant, le personnage ayant à ce point remplacé l’homme que chaque incartade de l’acteur fait l’objet d’interminables débats. Entre les fans inconditionnels, prêts à tout pardonner à leur idole, les déçus qui espèrent encore assister à la résurrection artistique mais restent critiques, et les antis qui de toutes manières ne laissent rien passer, la star est de toutes manières un objet d’attention presque omniprésent. Ces dernières années, sentant peut-être le poids des années et prenant enfin conscience qu’il ne peut plus être crédible en jeune premier athlétique, Chan tente de prouver sa légitimité en tant qu’acteur. On l’a vu ainsi s’écarter progressivement du personnage qu’il a lui-même créé avec tant d’acharnement depuis des années. Mais enfermé dans une image un peu lisse, et habitué à grimacer à des fins comiques, l’acteur a du mal à construire cette nouvelle carrière à laquelle il aspire tant. Il y a une sorte de dédoublement, entre sa volonté de casser son image de gentil garçon et la peur de perdre son public. Shinjuku Incident est l’exemple le plus frappant de cette confusion, puisqu’on y voit un personnage frappé par le destin, cédant à des pulsions surprenantes (outre la violence graphique, Chan se permet une incartade auprès d’une prostituée, lui qui a proscrit le sexe de son cinéma jusque-là), sans qu’on y croit. Et si la démonstration n’est pas concluante, c’est parce qu’au milieu de cette histoire sombre, de ce portrait qui pourrait être sans concession, l’acteur se sent obligé de rassurer : « oui je joue un personnage sombre et plus mature, mais je reste le gentil, celui qui essaie de revenir vers le droit chemin et qui fait la morale ». Cette démarche intéressante mais pas encore concluante, est au centre de ce Karate Kid. Car cette nouvelle incursion Hollywoodienne est à l’image de la carrière récente de Chan : double, oscillant constamment entre sincérité et objectifs purement mercantiles. Il serait naïf de penser que l’argent n’est pas au centre des discussions quand il est question de réaliser un film. Et ce projet de « remake » peut difficilement être appréhendé comme autre chose qu’un véhicule pour Jaden Smith, puisque ce sont ses parents Will Smith et Jada Pinkett Smith qui font office de producteurs. D’ailleurs, tout est fait pour montrer ses talents, de ses démonstrations de danse à sa mise en valeur dans les combats en passant par la chanson du générique de fin dans laquelle il rappe aux côtés du prodige Justin Bieber.

Et la musique joue un rôle non négligeable dans la promotion du film. Dès les premières images, un R’n’B des plus anecdotiques vient nous rappeler que le héros est déjà cool à 12 ans. Comment ne pas aborder l’immanquable utilisation de Lady Gaga, dont l’omniprésence dans tous les médias finit par être agaçante, indépendamment de ce qu’on peut penser de son travail. Par la suite, c’est un rap en mandarin qui s’inscrit dans la promotion d’une Chine moderne, illustrée par des plans répétés sur les infrastructures dernier cri comme le stade olympique. La bande originale en elle-même est orchestrée par James Horner, artiste réputé habitué des grosses productions, qui livre un travail aseptisé (et pas toujours en phase avec l’action) suffisamment propre pour ne pas gêner le grand public tout en donnant l’impression de voir du grand spectacle. Le côté visite touristique est donc tout à fait dans le ton d’un récit qui pourrait presque être considéré comme une grande pub, faisant autant la promotion de sa jeune star que de la Chine actuelle. En plus de rassurer le public en véhiculant une image moderne de Pékin, Karate Kid lui rappelle que l’exotisme ambiant ne le perdra pas, grâce à une philosophie martiale plutôt caricaturale. Les propos philosophiques de comptoir sont nombreux, Chan étant relégué dans un premier temps au rôle d’ermite dont l’isolement pourrait être dû à son obsession pour les proverbes simplistes tels que « Le kung fu est dans tout ce qu’on fait». Même les visions un peu plus dures sur la Chine sont vite contrebalancées. L’éducation presque spartiate d’une jeune fille prodige du piano sera ainsi compensée par la gentillesse du père derrière son masque strict. De même, la violence du maître interprété par Yu Rong Guang servira de catalyseur pour mettre en valeur le sens du « vrai » kung fu, symbolisé par Chan. L’acteur est d’ailleurs une fois de plus sous-exploité, incarnant une nouvelle fois l’antagoniste de Jackie Chan (ce qui semble presque être son seul rôle ces dernières années), sans pour autant le combattre, ce qu’on ne peut que regretter quand on connaît ses capacités martiales. Le propos paraît donc plutôt superficiel, ce qui n’est pas très étonnant dans un remake de Karate Kid.

Seulement Karate Kid n’est pas un remake. Les seuls points communs avec l’œuvre d’origine sont le titre et le fait qu’un asiatique qui n’est plus dans la fleur de l’âge apprend les arts martiaux à un petit américain. Il est d’ailleurs regrettable de constater que pour vendre, il faut parler de karaté plutôt de kung fu. Pourtant, malgré les facilités du marketing, ou les raccourcis scénaristiques, Harald Zwart livre une œuvre hybride, pleine de sincérité. Ce constat n’est pas évident, la réalisation étant plutôt impersonnelle. Mais Karate Kid est un film qui se découvre progressivement, et sa durée permet de s’immerger progressivement dans cette histoire simple mais touchante. La place d’étranger dans un pays aux coutumes si différentes est d’ailleurs bien retranscrite dans la première partie du récit, qui prend le temps de présenter les personnages et de les immerger dans ce monde très animé. Outre l’aspect carte postale, qui met en valeur de très beaux paysages, c’est réellement ce bouillonnement d’activité qui permet de comprendre la spécificité de cette culture, et c’est finalement dans ces passages qu’on a l’impression que le réalisateur veut nous faire découvrir la Chine, plutôt que quand il nous assène philosophie de comptoir et publicités du parti. De même, on a par moments la sensation d’assister à de vraies références au cinéma de Hong Kong, comme cet entraînement où l’on nous montre les ombres, qui n’est pas sans rappeler Once Upon A Time In China 2. L’apprentissage des techniques de combat est finalement rapidement expédié au profit d’un éveil, certes superficiel mais sincère, à une certaine spiritualité. Et si ces parti-pris donnent un rythme plus contemplatif que trépidant au film, l’action reste présente. Il n’y a en fait que deux scènes spectaculaires, sans pour autant qu’on s’ennuie.
Entre une course-poursuite acrobatique dans les rues et le tournoi de fin, l’équipe de cascadeurs à l’opportunité de démontrer ses talents. Les jeunes athlètes sont en effet impressionnants, même si leur manque d’expérience du point de vue cinématographique se ressent dans leur façon d’interpréter les enchaînements un peu plus élaborés. Globalement, les chorégraphies restent de toutes manières peu élaborées. Il y a bien sûr une volonté de présenter des affrontements plus techniques que dans le film d’origine, mais finalement, on insiste davantage sur quelques coups acrobatiques que sur des figures martiales développées. Le résultat est malgré tout satisfaisant pour une production de genre. Jaden Smith est plutôt souple, mais il ne dégage aucune puissance et n’est pas très crédible en combattant surdoué, à qui il suffit d’apprendre quelques semaines pour battre des jeunes à qui l’on enseigne les arts martiaux depuis des années. Il est bien plus convaincant lorsqu’il doit prendre la fuite. C’est finalement Jackie Chan qui se montre le plus intéressant, même s’il ne combat véritablement que le temps d’une scène. Après avoir cherché à prouver qu’il était encore suffisamment vif pour battre plus jeune que lui dans New Police Story, il corrige cette fois une bande d’adolescents de 13 ans sans aucun remord. Cet affrontement est non seulement plus vif que tous les autres, mais permet de constater que sans câbles ni doublure, la star est tout à fait capable de s’imposer physiquement si la chorégraphie n’est pas trop extravagante. Le montage de ces scènes d’action est à l’image du film : double. On sent la volonté de rendre les duels lisibles, mais la nécessité d’abuser des gros plans et du surdécoupage diminue l’efficacité du rendu. Le résultat reste plus recommandable que ce à quoi on assiste encore dans bon nombre de films à l’heure actuelle.
Mais l’action n’est pas le cœur de l’intrigue, contrairement à ce qu’on pourrait croire. Karate Kid est avant tout l’histoire d’une rencontre, celle de deux êtres qui ont connu la perte et qui semblent ne pas trouver leur place. Jaden Smith joue son rôle sérieusement, et sans se montrer exceptionnel, il livre un bon travail. Mais c’est véritablement Jackie Chan, même s’il n’apparait que tardivement, qui constitue la surprise du film. Si une fois de plus, il surjoue dans une scène dramatique larmoyante, il se montre bien plus sobre que d’habitude. Pour une fois, il n’abuse pas des grands sourires, mais donne du sens à son jeu, nous faisant découvrir progressivement un personnage plus profond qu’il n’y parait. En ne cherchant pas à s’éloigner radicalement de son style de prédilection, les films grands publics, il trouve un rôle dans lequel il réussit à s’immerger, au point de presque disparaître derrière le personnage. Pour une fois, il ne joue pas Jackie Chan, ou Jackie Chan jouant un rôle, il interprète un personnage. Et si la marge de progression existe toujours, il s’investit avec une sincérité réjouissante, qu’on aimerait retrouver à l’avenir. Rien que le fait de le voir jouer un homme de son âge, aux cheveux grisonnants et à la démarche moins assurée, a quelque chose de touchant.

Alors bien sûr, Karate Kid n’est pas un film inoubliable, et ses intentions mercantiles sont évidentes. Mais ces constats ne l’empêchent pas d’être une œuvre sincère et touchante, aux personnages attachants, et qui nous montre un Jackie Chan humain, et plus une image aseptisée ou une anti-image artificielle. Un divertissement pour la famille, qui se permet d’être un peu plus sombre, sans céder à la violence gratuite.
Léonard Aigoin 1/25/2011 - haut

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