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The Dark Knight    (2008)
Qu'est ce qu'une bonne adaptation cinématographique de comics? S'il s'agit d'adapter un récit complet, comme c'était le cas pour Sin City ou 300, on peut facilement admettre la transcription exacte de certaines planches de la BD. Ce procédé est cependant plus délicat quand on aborde un comics existant depuis 1939. Alors que faire, adapter une BD en particulier, la transposer simplement, ou bien s'inspirer de ce qui fait l'essence du personnage pour livrer une histoire inédite, une vision nouvelle, mais en parfaite adéquation avec l'esprit de l'œuvre d'origine? C'est ce parti qu'ont choisi d'adopter les frères Nolan, dont la collaboration a toujours donné lieu à des films uniques, et ils réussissent ici l'exploit de livrer un opus digne des meilleurs épisodes du comics.

Car contrairement aux Spiderman de Sam Raimi ou aux excellents divertissements (mais mauvaises adaptations) que sont les Batman de Tim Burton, TDK a été écrit comme un épisode du comics à part entière, dans la lignée des reboots comme The Long Halloween ou The Man Who Laugh (deux arcs écrits respectivement par Jeph Loeb et Ed Brubaker, comics essentiels qui ont redéfini le mythe de façon plus moderne), donnant une vision nouvelle et personnelle du personnage tout en s'inscrivant scrupuleusement dans ce qui fait l'essence de son univers. Les influences revendiquées par l'équipe sont évidentes, mais Nolan ne cède jamais à la paresse en se contentant de copier coller des scènes fortes de ces épisodes, et s'inspire de leur esprit, et c'est bien là la force d'une bonne adaptation. Seule la scène du procès est tirée de The Long Halloween, et sa conclusion est habilement détournée pour introduire le personnage d'Harvey Dent, tout comme la rencontre du trio sur le toit dont l'importance pèsera longtemps sur le récit et ce jusqu'à son dénouement.

Conscient de ses inspirations et respectueux de l'essence du personnage, TDK possède néanmoins une vision unique, transcendée par une dramaturgie soignée comme on n'en avait plus vue depuis longtemps, en particulier devant un film à grand spectacle tel que celui-ci.
En faisant le choix de mettre son héros, omniprésent dans Batman Begins, un peu en retrait, Nolan nous offre 4 personnages principaux, et ce sont au final 5 protagonistes qui se partagent le récit avec intelligence. Un choix qui rappelle les épisodes de Gotham Central écrits par Rucka et Brubaker et qui mettaient en vedette les policiers de Gotham plus que le chevalier noir, rendant chacune de ses apparitions encore plus impressionnante.

Ainsi, l'un des personnages les plus importants de l'univers de Batman, injustement ridiculisé dans les opus de Burton et Schumacher et l’interprétation de Pat Hingle, retrouve sa place de pivot. Le lieutenant James Gordon, magnifié dans Batman Year One redevient le policier honnête et efficace qu'il était, perdu entre ses idéaux, une ville corrompue à l'extrême, et une situation trop dure à gérer pour un homme seul. Magnifiquement interprété par Gary Oldman, le personnage retrouve enfin de sa superbe et participe concrètement aux événements.

Autre réussite et non des moindres, le traitement d'Harvey Dent, l'un des personnages les plus fascinants créés dans l'univers de Batman. En faisant de lui le second héros, Nolan nous offre une vision nuancée et attachante du personnage, faisant monter la tension et nous préparant subtilement au drame qu'on sait inévitable. Alors qu'il existe au moins une dizaine de versions de la transformation de double face (y compris une où il ne s'agit pas de Harvey Dent mais d'un petit voyou qui doit témoigner contre un caïd), Nolan nous en offre une inédite, mais dont la puissance égale la formidable version que Jeph Loeb et Tim Sale ont concoctée dans l'inoubliable The Long Halloween. En effet, sa transformation arrive tard, suffisamment pour donner une force inouïe à sa confrontation avec Batman et Gordon, mais assez tôt pour nous faire profiter de sa nouvelle présence menaçante. Mention spéciale à Eckhart, plus inspiré que jamais, aidé par des effets spéciaux plus vrais que nature.

Il serait injuste de ne pas parler de la prestation de Maggier Gylenhaal, qui succède brillamment à la très mauvaise Katie Holmes et rend justice à ce personnage intéressant dont on comprend enfin le sens. Alors que Katie Holmes campait une Rachel puérile et très stéréotypée, dont certaines répliques faisaient vraiment récitées, Maggie a une approche plus intime du personnage. Il s'agit d'une femme forte, prête à se lancer dans la bataille, mais aussi de quelqu'un qui souffre, qui espère, qui attend. Et c'est tous ces doutes que le jeu de Maggie nous fait vivre avec un naturel qui permet de s'attacher réellement à ce personnage qui deviendra l'objet du drame.

Mais une critique de TDK ne peut exister sans parler de la prestation du regretté Heath Ledger. Nombre de critiques américains ont parlé d'un oscar pour sa prestation. L'aurait-on abordé sans le décès de l'acteur? Peu importe en fait. Car sa prestation va bien au delà de ce qu'on pourrait imaginer. Fini le clown cabotin et vaguement inquiétant campé par Nicholson. Fini l'amoureux transi à l'opposé du personnage de la BD créé par Burton. L'implication de Ledger est hallucinante, et il nous livre un sociopathe terrifiant autant que fascinant. Il fait honneur à ses interprétations les plus spectaculaires sur papier, sans jamais céder au grand guignol. Ledger est le joker. Le joker terrifie.
Nolan sait de quoi il parle quand il traite les personnages de l'univers de Batman. Il connait parfaitement les relations entre chacun d'eux, et c'est particulièrement vrai pour celle qui lie le héros au clown démoniaque. En faisant de lui une sorte d'anarchiste déterminé à détruire tous les symboles d'autorité, les 2 frères prennent une liberté qui inscrit le joker dans une réalité crédible tout en cernant à merveille l'essence de son génie criminel.

A ce titre, les scènes de l'interrogatoire et de l'hôpital prouvent la maitrise qu'ont les deux frères du personnage et mettent en lumière ses caractéristiques sans jamais céder à la psychologie de comptoir. J'en veux pour preuves les explications de ses cicatrices qui prennent à contre pied les traditionnelles explications de super héros qui montrent que le méchant au fond est gentil, comme dans les Spiderman de Sam Raimi ou le méchant démoniaque n'est toujours qu'un gros nounours au grand cœur qui a pété les plombs ou qui n'a vraiment pas de chance. En effet, on n'explique pas le joker, on admire son œuvre. Car comme il le dit lui-même, il n'est pas fou. That's all part of the plan. Esprit brillant, défini dans la BD comme une "super-personnalité" qui réfléchit à 200 à l'heure, le joker est bien plus qu'un clown qui tue. Le jeu de Ledger est magnifique, et c'est par des petites détails qu'il le rend magique. Le regard fuyant, la langue tirée régulièrement, l'impression, et ce dès le formidable braquage d'ouverture que son attention ne cesse de papillonner, l'esprit sans cesse en éveil.
Son énergie est particulièrement bien exploitée lors des combats. Le joker n'est clairement pas de taille physiquement contre Batman, mais en profitant de procédés peu glorieux, il se permet quelques attaques fourbes lancées avec une énergie presque hystérique, stimulée par sa fascination pour le chevalier noir. Et cette fascination, largement exploitée dans le comics (son "réveil" dans The Dark Knight Returns, une image qui frappe), est des plus palpables lors de l'interrogatoire et de leur dernière confrontation.

Batman n'a pas créé directement le joker comme chez Burton et probablement chez Moore (le second ayant inspiré le premier avec son Killing Joke) Il l'a créé par sa simple présence.

Mais si le joker marque fortement, et que les autres rôles occupent largement le devant de la scène, Batman n'est pas en reste. Alors que les autres adaptations oubliaient qu'on parle toujours de lui dans la BD comme du meilleur détective au monde, Batman Begins entamait des phases d'investigation. Cela va encore plus loin ici lorsque le héros reconstitue une balle en étudiant les impacts et fragments. Car Wayne est également un esprit brillant, ce que les autres réalisateurs ont toujours occulté. Interprété avec une maitrise inouïe par un Christian Bale pour qui le héros et son alter ego n'ont plus de secret, il est clair qu'il n'y a qu'un seul et unique Bruce Wayne, et c'est Bale. Imposant et véritablement effrayant, ce que n'étaient pas les autres acteurs ni leurs costumes, le héros surprend pas des éclats de violence incroyables.

Car Batman est une créature de la nuit, un justicier qui mène une véritable guerre contre le crime, comme en témoigne la batmobile nouvelle génération, aussi spectaculaire que celle que Miller créa pour son The Dark Knight Returns. Et cette guerre, il la mène dans les rues, armé de gadgets sophistiqués et de ses poings, dont il fait largement l'usage ici. Une autre qualité qui manquait aux autres versions, trop avares en combats de rue. Ici on a droit à 5 combats à mains nues dans lesquels toute la maîtrise du héros est mise en valeur. Et Nolan a retenu la leçon de Batman Begins: les affrontements sont filmés en plans larges, le montage beaucoup moins cut, pour des affrontements homériques. Les chorégraphies sont d'une brutalité sans concession et chaque coup fait mal, ce qui donne des combats vraiment hargneux. Les coups pleuvent en plein visage et les impacts se ressentent! On regrettera que les opposants du héros ne soient pas toujours très réactifs néanmoins. Un défaut qu’on ne retrouve pas dans le meilleur affrontement, celui de la boite de nuit. En plus des combats, n'oublions pas le braquage d'ouverture et la découverte du batpod, qui donne lieu à des cascades motorisées aussi impressionnantes que maitrisées. Mais les deux gros morceaux de bravoure restent l'introduction de Batman, qui répond à celle du joker avec panache, et le final contre le SWAT, sans doute l'un des sauvetages les plus héroïques jamais vus à l'écran.
Juxtaposant l'un des passages les plus dramatiques du film à une chorégraphie démentielle, elle met en relief l'intensité du dilemme et les limites que le héros est près à dépasser pour sauver des vies.

De plus les scènes d'action font partie intégrante du récit et s'y intègrent naturellement. La séquence à Hong Kong, qu'on ne croyait jamais mieux filmée la nuit que par Johnnie To, jusqu'à ce que Nolan s'en charge, est ainsi essentielle. Visuellement magnifique, cette séquence, bien loin d'alourdir le récit ou de ralentir le rythme, donne un peu d'espoir à cette première partie, avant de lancer le crescendo d'horreur qui mènera à un final incroyable.

Mais aussi brillants soit le scénario et la réalisation de Nolan, ils n'auraient pas autant de force sans la BO. Reprenant des thèmes de Batman Begins en les assombrissant, elle accompagne avec élégance le film. Le thème du Joker fait froid dans le dos et reste dans les esprits longtemps...L'usage de deux notes qui reviennent à la charge continuellement au milieu d'une musique électronique agressive se révèle très efficace. Le thème principal de Batman, repris à plusieurs reprises, est modifié pour y intégrer celui du joker, comme pour souligner la complémentarité des deux opposés, et le rythme plus oppressant des mélodies crée un effet qui provoque l'angoisse. Le thème qui accompagne le dénouement en est un parfait exemple, exprimant à la fois le tragique et l'aspect malsain de la situation.

A ce titre, le final atteint des sommets et réunit toutes les qualités qu'a offert le film jusque-là. D'une intensité incroyable, il met en exergue les destins tragiques, les pertes, les sentiments des protagonistes, avant de tout faire voler en éclat dans une conclusion apocalyptique qui montre quel vrai héros est Batman, même si le public ne le perçoit pas ainsi, rappelant, sans jamais le copier, le splendide final du crossover War Games qui voyait Batman dans une position assez proche.

Nolan réalise un film qui marque, qui rend ses lettres de noblesse au genre et au personnage, et qui sera dur à surpasser, même pour la même équipe. Monumental. Vivement Juillet 2012 pour la conclusion de la trilogie !
Léonard Aigoin 7/8/2010 - haut

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 7/8/2010 Léonard Aig...

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