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Mélodie pour un truand (1970) |
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The Singing Killer est une sorte de récréation pour Chang Cheh, un film tourné entre des œuvres âpres et brutales (Vengeance ! et The New One-Armed Swordsman pour ne citer que les deux plus connues). Il est donc inutile d’y rechercher autre chose qu’un divertissement qu’on pourra d’ailleurs qualifier de très daté. C’est du reste malheureusement le lot de nombreux films contemporains mis en scène par Chang Cheh et sur lesquels le poids des ans se fait cruellement sentir…
Tout comme Duel Of Fists ou Young People, datant eux aussi du début des années 70, The Singing Killer a un parfum kitch des plus gênants. Si la garde robe de David Chiang n’atteint pas la grandiloquence et le ridicule de celle du premier film (une anthologie de vêtements au couleurs vives, de chemises à froufrous, de pantalon à pattes d’éléphant, de chapeaux à larges bords, de foulards chatoyants…), le spectateur reste trop le souvent le regard figé sur l’écran, étouffant un rire et se demandant s’il rêve ou non. Même si dans le «swingin’ London» de tels accoutrements étaient monnaie courante, voir une star des films d’arts martiaux habillée de la sorte et se déplacer dans les bas-fonds de Hong Kong reste traumatisant !
Passé l’aspect esthétique (non négligeable car il empêchera beaucoup de spectateurs de rentrer dans l’histoire), le scénario est assez intelligent et, finalement, aurait pu tout aussi bien être adapté à une aventure martiale. Peut-être que David Chiang avait envie de jouer de la batterie et chanter à l’écran ? Dans The Singing Killer, l’acteur fétiche de Chang Cheh endosse la défroque d’un ex cambrioleur qui a fait un trait sur son passé : il est en règle avec la loi (la police est au courant de ses forfaits), a payé les frais de chirurgie esthétique de Lily (Wang Ping), jeune victime blessée durant un vol, et est maintenant une vedette poursuivie sans relâche par une horde de groupies hurlantes. Seulement, Johnny n’est pas tout à fait en paix avec sa conscience. Il est tombé amoureux de Lily mais celle-ci a préféré le laisser pour ne plus avoir affaire à un malfrat. Elle se terre quelque part et n’est peut-être pas au courant du changement opéré dans sa vie. Alors, tous les soirs, Johnny chante son grand succès : une chanson d’amour intitulée «Lily»… Mais son passé le rattrape soudain par l’entremise d’une bande de voyous qui lui propose un marché : son aide dans le vol de la clé du coffre-fort de son patron contre l’adresse de Lily. Johnny n’a pas besoin de beaucoup de temps pour réfléchir et il accepte. Il va brutalement retomber dans le milieu qu’il avait essayé de fuir…
Johnny est un personnage qui porte une faute en lui, un passé indélébile que sauront habilement utiliser les membres d’un gang sans scrupules. Pour une fois chez Chang Cheh, le rôle principal n’est pas celui d’un homme héroïque et brave. Même s’il est amené à combattre des voyous et à aller dans le sens de la police, ce n’est pas un justicier : il se démène pour lui, cherche à sortir du guêpier dans lequel il s’est fourré tout seul. Pas de grande cause dans The Singing Killer, on n’est plus proche d’Alfred Hitchcock (la thématique du faux coupable, de la machination) que de Chang Cheh. C’est d’ailleurs un des atouts du film et ce qui, au final, capte notre attention, les quelques numéros musicaux étant plutôt soporifiques. Nous retrouvons tout de même la patte de Chang Cheh dans le malin plaisir qu’il prend à détailler les photos punaisées sur le mur du bureau du patron de la salle de spectacle (Chen Sing) : une multitude de clichés de bodybuilders en slip prenant la pose !
The Singing Killer comporte donc son lot de traîtrises, retournements de situations, combats à mains nues ou aux armes à feu, mais aussi séduction et amour. David Chiang est très à l’aise dans son rôle de vedette et les séquences durant lesquelles il fuit ses fans ont un parfum de vécu. Ti Lung ne fait qu’une courte apparition (avec dialogue !), mais voir les deux compères ensemble est toujours un grand plaisir. Le film a été complètement tourné en studio (hormis quelques scènes), ce qui lui donne un charme étrange et une atmosphère quasi féerique. L’ambiance est ainsi très proche du conte ou de la fable : le gentil prince (David Chiang), la pauvre Cendrillon qu’il recherche (Wang Ping) et les méchants qui veulent l’en empêcher (Ku Feng et Chen Sing). La loi et l’ordre sont incarnés par l’inspecteur (Stanley Fung) et le propriétaire de la bijouterie.
The Singing Killer n’est pas un grand Chang Cheh, mais il pourra en amuser certains par son côté improbable dans la filmographie de l’ogre de Hong Kong !
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David-Olivier Vidouze 2/21/2005 - haut |
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