C'est avec Downtown Torpedoes que Medias Asia inaugure sa stratégie. L'idée est clairement de sortir de la petite série B, comme Hong Kong en produit tant. Avec une partie du tournage à l'étranger, un environnement high tech et un travail de production soigné (un son en dolby digital 5.1 notamment), le film veut se démarquer du caractère artisanal de la production hongkongaise et approcher les standards de qualité des productions internationales. Si le studio poursuivra dans cette voie avec des productions comme Gen-X-Cop ou Purple Storm, il n'obtiendra toujours qu'un succès d'estime.
Il faut dire que ces films restent des œuvres bâtardes. Certes, les Hongkongais ont fait des efforts sur le plan technique. Mais en voulant faire des scènes d'action trop ambitieuses, au regard de leurs moyens, ces films continuent d'apparaître comme inégaux et surtout très inférieur à leur modèle avoué, le cinéma américain. La sanction du public est sans pitié. Purple Storm ou Downtown Torpedoes sont perçus avant tout comme des téléfilms « Hollywood night » et pas comme les super productions qu'ils sont en réalité pour le marché asiatique.
Sur le plan du scénario, ces productions évitent de multiplier les intrigues et les genres, comme ont l'habitude de faire les productions locales, pour se concentrer sur une intrigue principale. Ce travail de simplification correspond aux normes narratives des blockbuster occidentaux. Mais le revers de la médaille se révèle être un cruel manque d'invention. Si Purple Storm développe un récit plus intéressant autour d'un héros ambigu, les histoires restent convenues dans leurs déroulements et leurs rebondissements. La volonté de rationaliser le récit semble faire perdre ce grain de folie qui caractérisait le cinéma de Hong Kong.
Le choix des acteurs a enfin joué un rôle dans l'échec commercial de ces films. En choisissant des jeunes premiers et des stars montantes, Medias Asia visait avant tout le public adolescent. Mais cette stratégie n'a pas fonctionné. Le public plus familial n'a pas suivi car ces films ont précisément une identité « jeune » trop marquée. En outre ces jeunes acteurs manquaient de métier pour donner de l'épaisseur à des rôles souvent sans relief. Se contenter d'apparaître à l'écran avec une jolie frimousse ne suffit pas. De fait le casting à la mode finissait par jouer contre le film, au lieu de lui donner de la valeur ajoutée.
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