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Naked Ambition (2003) |
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Qu’il est loin le temps où les comédies sexy de la Shaw Brothers submergeaient les écrans de Hong Kong. Même l’époque des catégories III racoleurs, complaisants dans leurs abus envers le sexe faible semble être révolue. Le début du 21ème siècle marque un retour au conservatisme sexuel, tout du moins dans les apparences. Les relations sexuelles de tous poils restent un sport très pratiqué mais affiché de manière moins ouverte que dans les années 70 pour prendre l’extrême inverse. Hong Kong, ville au croisement de la mentalité Chinoise et des influences Occidentales, a toujours eu une position médiane, libérale par certains aspects mais jamais de manière trop osée. La colonie suivait les évolutions du moment en la matière sans chercher à les dépasser. Son cinéma suivait le même schéma, à l’exception peut être de la phase des catégories III violents, fruit d’un climat politique spécifique à Hong Kong. Avec le retour mondial à un certain ordre moral, l’industrie cinématographique Hong Kongaise s’est donc logiquement refroidie ces dernières années. Dans ce contexte, Naked Ambition, long métrage ouvertement sexy ET grand public, apporte un peu de fraîcheur qui fait plaisir à voir.
Chan Hing Kar et Dante Lam dévoilent rapidement leurs intentions avec cette introduction qui voit Louis Koo entouré d’une bonne trentaine de jeunes filles topless : Naked Ambition sera érotique ou ne sera pas ! Mais la manière d’appréhender cette facette est un curieux mélange entre modernisme et anciennes traditions locales. L’actualisation du thème sexy se sent à travers la volonté de Chan (authentique cerveau du film, plus qu’un Dante Lam chargé de la facette technique, sur le modèle du tandem Andrew Lau et Alan Mak pour Infernal Affairs) de conserver une approche résolument comique. Cela n’allait pas de soi. Une large majorité de films à vocation érotique produits à HK avait davantage tendance à mettre en valeur les abus dont étaient victimes les femmes, d’une manière ouvertement complaisante, afin de flatter les instincts les plus basiques du public (essentiellement masculin). Le fait de naviguer au sein du monde de la prostitution et de la pornographie ne facilite pas non plus les choses pour maintenir un ton léger. Mais les metteurs en scène y parviennent grâce à un sens habile du gag et un rythme enlevé, ne laissant aucun moment de répit pour réfléchir plus longuement à la condition des jeunes filles rencontrées. Certaines d’entre elles bénéficient d’ailleurs d’un authentique développement qui ne laisse pas de place au drame tout en apportant un peu d’émotion supplémentaire. C’est surtout le personnage de Tess qui en profite. Une belle opportunité pour l’inégale Josie Ho de se montrer à la fois drôle (l’hilarante gâterie buccale « Feu et Glace ») et charmante dans un rôle plus complexe qu’il n’y parait. Son personnage incarne bien les différentes facettes que le film cherche à embrasser (humour, érotisme, sentiments mais sans jamais être larmoyant) et sa réussite personnelle dans l’ensemble de ces registres est aussi celle de Naked Ambition dans son ensemble.
Pour autant, Naked Ambition ne prend pas à contre-pied toutes les traditions locales en matière de films sexy. Ainsi, toutes les scènes dénudées ne sont pas assurées par des actrices Chinoises mais par de jeunes Nippones. En y regardant de plus près, on peut même parler d’un véritable pas en arrière en la matière. Car si le recours à des actrices Japonaises (plus libérées en matière de nudité) est une pratique courante de l’industrie depuis les années 80/90, il demeurait une poignée de comédiennes Chinoises (dont Shu Qi est probablement l’incarnation la plus célèbre) prêtes à les suivre sur le même terrain. Aujourd’hui, le conservatisme en matière sexuel s’est accru et il ne semble plus y avoir la moindre actrice sexy Chinoise d’envergure. Si cela est compréhensible (qui aurait envie d’être traînée dans la boue et qualifiée de « salope » pour une malheureuse scène topless ?), c’est une indéniable perte pour l’industrie et d’autant plus dommage que Naked Ambition n’ait pas cherché à combattre cette évolution regrettable. Le long métrage de Chan Hing Kar et Dante Lam bénéficie beaucoup de son duo vedette que ce soit dans l’écriture des personnages ou de leur interprétation par Louis Koo Tin Lok et Eason Chan. Andy (Koo) et John (Chan) sont adroitement décrits comme de jeunes journalistes aussi intelligents qu’ils sont inexpérimentés en matière de pornographie, un décalage source de nombreux gags savoureux. Les difficultés qu’ils rencontrent dans ce milieu Ô combien particulier et les conséquences sur leur vie personnelle et leur amitié fondent l’essence de cette comédie à forte valeur humaine ajoutée. Déjà soigneusement élaborées sur le papier, ces interactions sont encore rendues meilleures par l’excellente alchimie entre les deux acteurs vedettes. Le duo est énergique, compétent et attachant. Seul reproche, une tendance à étirer les scènes dramatiques dans la seconde partie qui endommage l’excellent rythme de la première moitié.
Sans atteindre la perfection, Naked Ambition est une comédie dramatique sexy de belle qualité. Le seul regret qu’on peut avoir, c’est que son petit succès n’ait pas donné plus d’idées à quelques producteurs opportunistes, le genre étant bien plus noble et riche qu’on pourrait le croire comme le prouvent Chan Hing Kar et Dante Lam.
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Arnaud Lanuque 7/25/2007 - haut |
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