Avec ses yeux en amendes remplis d’une douceur divine, Rosamund Kwan restera à tout jamais l’une des actrices emblématiques du cinéma de Hong Kong de la période 1985-1995. Bien qu’ayant été, à ses débuts, confinée dans le rôle de la gentille idiote, elle est parvenue progressivement à imposer des personnages intelligents, spirituels et indépendants, caractéristiques qui seront magnifiées avec le célèbre rôle de Tante Yee dans la série des IlOnce Upon A Time In China.
Née le 24 septembre 1962, à Hong Kong, au sein d’une famille d’acteurs composée du père, Kwan Shan, un célèbre comédien des années 60, et d’une mère Cheung Bing Sai, elle-même dans le métier, Rosamund Kwan fait ses débuts à la télévision à l’âge de 17 ans. Très vite, elle passe à la vitesse supérieure et fait une première apparition au cinéma en 1983 dans The Head Hunter, un film avec Chow Yun Fat en tête d’affiche. L’acteur n’ayant à cette époque que peu de succès dans les salles, le film est un bide sans appel. Après quelques productions de secondes zones (Lost Generation, Challenge on Chasing Girls), elle obtient un premier succès personnel au box-office avec The Frog Princess, un drame avec Wong Jing à la réalisation et Maggie Cheung en rôle principal.
Entre 1985 et 1987, Rosamund Kwan tourne très peu, mais avec les bonnes personnes puisqu’on peut la voir successivement dans les films de Sammo Hung (Twinkle, Twinkle Lucky Stars, Millionaire's Express), puis dans ceux de Jackie Chan (Armour of God, Project A II). Néanmoins, comme beaucoup de productions de cette époque, les actrices sont régulièrement confinées dans des rôles de cruche et les personnages proposés à Rosamund Kwan n’échappent pas à cette règle.
Dès 1988, Rosamund Kwan augmente largement la cadence, tournant entre cinq et six films par année, dans les genres les plus divers, participant même à un « Rape Vengeance Drama », de Lee Chi-Ngai. A cette époque, elle devient également la partenaire attitrée d’Andy Lau avec lequel elle tourne dans plus de dix films parmis lesques on peut citer Casino Raiders, Crocodile Hunter, Tricky Brains, Saviour of the Soul 2, The Sting et Gameboy Kids (aka Gameboy Kids). Leur couple formé à l’écran est si convaincant que la rumeur ne tarde pas à leur prêter une réelle relation, fait qui ne sera néanmoins jamais établi. Durant la période couvrant 1988 à 1995, Rosamund Kwan fait preuve d’un éclectisme particulièrement réjouissant, alternant les films ambitieux et les séries B légères ou lourdes. Possédant une gamme dramatique étendue, elle sait de surcroît user de son charme, notamment de son regard unique, comme personne d’autre.
Paradoxalement et malgré ce talent à s’adapter à tous les genres du cinéma, c’est avant tout pour ses films d’action que Rosamund Kwan exerce une telle fascination sur le public occidental. En effet, force est d’admettre que pour beaucoup, Rosamund Kwan, l’actrice, est née lors du premier épisode de la série Once Upon A Time In China (Il était une fois en Chine), initiée par Tsui Hark en 1991. Elle y joue avec tendresse le rôle de Tante Yee, la petite amie occidentalisée de Wong Fei-Hong qu’elle tente désespérément de convertir aux joies de la modernité. Présente dans tous les films de la saga, à l’exception du quatrième volet réalisé par Yuen Bun, son dynamisme discret, sa beauté indéniable, sa sensibilité imparable et sa bonne humeur communicative ont largement contribué au succès tant public que critique rencontré par la série. D’autre part, cette première incursion dans le monde des arts martiaux ne sera pas la seule, puisque par la suite, elle jouera également les épéistes volantes dans Swordman 2, la joueuse de cithare dans Blade of Fury, le personnage de Butterfly Lam dans The Magic Crane, ou encore la magnifique femme des neiges du délirant Saviour of the Soul 2.
En 1997, Rosamund Kwan quitte provisoirement l’industrie cinématographique hongkongaise, non sans avoir pour la dernière fois interpréter le rôle de Tante Yee dans Once Upon A Time In China And America (Dr Wong en Amérique). L’année 2001 sera l’année du come-back puisqu’elle apparaît dans Big Shot Funeral, une production chinoise qui lui permet d’interpréter le rôle de la fille adoptive de Donald Sutherland. L’année suivante, elle poursuit ses efforts de réintégration en jouant dans le dispensable The Wesley's Mysterious Story d’Andrew Lau, avant d’achever l’année avec Mighty Baby, la pseudo-suite de La Brassière réalisée par Patrick Leung et Chan Hing-Kar.
Stéphane Jaunin (mars 2003) |