Léo, roi de la jungle - Electric Shadows - A Family - Blood and Bones
Léo, roi de la jungle est une nouvelle adaptation par Yohio Takeughi du manga originel du grand Osamu Tezuka lancée suite au plagiat à peine déguisé du ‘'Roi Lion'' de Disney. La jungle est en émoi : de méchants hommes saccagent tout sur leur passage pour tenter de retrouver la mystérieuse ‘'pierre de lune''. Le lion blanc Léo a fort à faire entre contenir la colère des éléphants prêts à en découdre avec l'envahisseur ; une maladie mortelle fulgurante décimant faibles comme forts et la disparition de son fils aîné, parti à la rencontre des hommes dans la grande ville.
Fidèle relecture du matériel d'origine, Takeughi fait honneur à la géniale créativité d'Osamu et démontre l'étroitesse d'esprit (actuel) du modèle disneyien. Véritable œuvre mature, ‘'Léo'' aborde maints thèmes actuels (environnement, sida, corruption, guerres, …) sans détours ni fioritures. Les hommes y meurent, les animaux sont confrontés à la cruelle réalité des hommes et la fin ne réserve pas forcément un happy ending entendu, surtout en ce qui concerne le carcan familial si idéal. Une très grande œuvre maîtrisée de bout en bout, aux graphismes somptueux et à la portée philosophique d'une maturité rare, ce dessin animé est tout le contraire de sa pâle copie américaine : un chef-d'œuvre.
Electric Shadows partait favori dans la course du grand prix du Festival et aurait largement mérité de remporter la mise.
Mao est livreur de bonbonnes d'eau et féru de cinéma. Un jour, il est assommé d'un coup de brique par une jeune inconnue muette, qui lui confie ses clés d'appartement lors de la confrontation au commissariat s'ensuivant. Mao y découvre le journal intime de la femme, décrivant ses années de jeunesse vers la fin de la Révolution Chinoise et son amour immodéré pour les films de cinéma.
Premier film - non autobiographique du propre aveu de sa réalisatrice - , ‘'Electric shadows'' retrace la jeunesse d'une fille en République Chinoise et son amour pour les projections de films à l'aire libre. Magnifique comédie dramatique, ce premier métrage étonne par sa maîtrise de l'image et de sa direction des acteurs - pour la plupart des enfants. Tout le film est guidé par l'amour pour le cinéma et les différents épisodes de la vie même de la jeune fille sont illustrés par des extraits de films :''Victory over Death'' lors de la décision de la mère de ne plus se suicider, puis lors de la naissance de Ling Ling ; ‘'Street Angel'' (MAGNIFIQUE chef-d'œuvre du cinéma chinois datant de 1937) lors de la rencontre entre les deux protagonistes principaux ; ‘'Railway Guerillas'' illustrant les jeux inventifs des deux enfants ou encore ‘'The Back Alley'' renvoyant directement à l'accident de bicyclette.
Rempli d'émotions et d'une sensibilité rare, le film arrive à toucher juste jusque dans son final attendrissant palliant à la seule fausse note du film, qui serait l'épisode abracadabrant du chien.
A Family est le premier film – prometteur – du réalisateur coréen Jung-chu Lee. Démarrant comme un film de mœurs typique du cinéma coréen de ces dernières années, le réalisateur surprend finalement par un sensible portrait de deux êtres terriblement meurtris.
Jeong-eun vient de purger trois années en prison. A sa sortie, elle retrouve son père - ancien policier, aujourd'hui veuf et alcoolique - et son petit frère. Rattrapée par son passé, elle est harcelée par son ancien amant, devenu chef de gang et qui lui réclame une importante somme d'argent. En même temps, elle apprend que son père est atteint d'une grave maladie incurable et n'a plus que peu de temps à vivre. Des confrontations paternelles, elle vient à en découvrir de lourds secrets familiaux la concernant directement.
Une belle étude de mœurs, légèrement plombée par les tares propres à un premier film (longueurs, mise en scène inaboutie, …) et qui ne sait encore pleinement émouvoir en raisons de quelques lourdeurs par trop appuyées. La prestation des acteurs est époustouflante et nul doute que son réalisateur Jung-chu Lee fera encore parler de lui dans un proche avenir.
Quinzième long-métrage de Yoichi SAI, Blood and Bones repose entièrement sur la prestation d'acteur de Takeshi Kitano, qui s'en donne à cœur joie dans le portrait extrême d'un père de famille tyrannique. Grande fresque relatant la vie de famille mouvementée de l'immigré coréen Kim Shun-pei au Japon du XXe siècle (1923-1984). De caractère irascible et difficilement prévisible, Shun-pei frappe femmes, voisins et enfants, ne pense qu'à son bien-être et fait tout pour réussir dans la vie. S'il n'obtient pas de sexe, il viole sa femme ; quand sa femme ne conçoit plus d'enfants, il loge une maîtresse (reproductrice) dans un appartement juste en face de la maison familiale. Même une paralysie partielle suite à une attaque cardiaque ne l'arrête pas de vaquer à des besognes peu scrupuleuses.
Fresque ambitieuse, dont la reconstitution a dû s'avérer particulièrement onéreuse, Sai tente de recréer la ferveur des grosses productions japonaises des années ‘70s. Faisant parfois penser à son ancien maître Nagisa Oshima en ce qui concerne la provocation, rappelant la fougue d'un Fukasaku pour le détail de la reconstitution et la violence sous-jacente, le réalisateur n'égale pourtant jamais ses modèles. Faute à une histoire somme toute basique, simple enchaînement répétitive d'hommes et femmes battus ou de crues scènes de sexe. L'absence totale d'un quelconque pôle identificateur fait que le spectateur reste singulièrement à distance du spectacle violent. L'histoire est parfois commentée par le fils aîné, parfois filmée du point de vue de Kitano. Aucune motivation n'est donnée au personnage de Shun-pei et la famille reste singulièrement passive devant les faits et gestes du père bâtard. Histoire qui se serait voulue absolument terrifiante devant la monstruosité du personnage principal ; mais elle reste singulièrement froide et distante sans aucun point d'attache pour un spectateur qui doit subir plus de deux longues heures de complaisance filmique dénuée de tout intérêt. |