Japon – 2003 – 1h20
Première Française
MA NOTE : 3/10
Atteint de sénilité, le père de Yamamura rend la vie de son fils et de sa famille impossible. Fugueur, mangeant tout ce qui lui tombe sous la main et allant même jusqu'à frapper sa petite-fille pour manger des épluchures d'orange dans la poubelle, son état empire de jour en jour. Yamamura ne voit plus qu'une solution : abandonner son père aux Dieux de la Montagne, tel que le dit la légende ; mais un drôle d'événement changera toute la donne…
Hiroshi Toda est un cas à part dans l'industrie cinématographique japonaise. Travaillant depuis trente ans dans un hôpital psychiatrique, il profite de son temps libre pour tourner des films indépendants, ayant réalisé à ce jour plus de trente métrages et comparant la nécessité de tourner comme le devoir de manger ou de dormir.
Malgré les défauts inhérents de toute production indépendante, ‘'Snow in spring'' fait pourtant preuve d'une grande maîtrise de mise en scène. Cadres dépouillés, Toda préfère installer une ambiance et laisser le silence gagner ses images. Ses années de travail à l'hôpital lui ont certainement permis de prendre assez de recul pour filmer sans complaisance et avec une certaine froideur clinique l'état de sénilité du père de Yamamura. Toute la première partie ressemble d'ailleurs à un documentaire montrant sans concession les ‘'coups de folie'' du vieil homme. Images parfois très dures, mais absolument nécessaires pour appréhender un minimum le geste apparemment insensé de Yamamura. A moins de connaître la légende japonaise disant que d'antan de pauvres paysans amenaient leurs vieilles mères dans la montagne pour les abandonner aux Dieux lorsqu'ils ne savaient plus les nourrir, la seconde partie prend une tournure pour le moins inattendu. Partant dans un onirisme quasi lynchien, elle se place en totale opposition avec la première partie. Expérience intéressante, mais finalement frustrante, car aucun sens ne saurait être donné au déferlement d'images.
Le salut ne vint qu'en la personne du réalisateur, qui s'est expliqué en fin de séance. Il a voulu faire un film mettant en scène deux souvenirs l'obsédant depuis des années : le premier étant celui de son père paralysé qu'il portait régulièrement sur son dos, lorsqu'il était enfant ; le second étant un repas chez des membres de sa famille, qu'il n'avait jamais rencontré auparavant et chez lesquels il avait ressenti un profond malaise. Toda dit se foutre totalement de la réaction des spectateurs, qu'il n'avait voulu se faire plaisir qu'à lui-même.
Le cinéma est dit d'être une sorte de thérapie pour beaucoup de réalisateurs et assister à la projection de certains fantasmes ou rêves peut être excitant comme dans le cas d'un Lynch, voire même dans certains films de Miike. En revanche, la démarche de Toda est quelque peu trop égoïste, par trop hermétique pour y adhérer complètement . Le résultat final reste en-deçà des espérances suscitées en cours de visionnage, d'autant plus que le réalisateur fait preuve d'une parfaite maîtrise, autant dans l'approche documentariste que dans la mise en scène du fantasme onirique.
Un réalisateur dont il serait intéressant de découvrir la filmographie et de suivre ses pas futurs dans la réalisation.
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