A l'origine, c'est un public occidental très particulier mais aussi très restreint, qui cherchent à voir des films provenant de Hong Kong. Pour cela ils sont obliger de guetter les nouveautés dans les festivals ou autres marchés du film. Très rapidement, ce même public va entreprendre la recherche des films de Hong Kong en "bootlegs " (produits pirates) dans les différents Chinatowns des grandes villes du monde entier : Los Angeles, San Francisco, Toronto, Vancouver, Londres, Paris. Bien entendu la qualité de ces films est le plus souvent désastreuses . Mais les fétichistes sont prêts à tout au prix de lourds sacrifices (sur le plan financier) pour découvrir la rareté.
Au début des années 90 avec l'arrivée des laserdisc, ce public va peu à peu se réunir afin de partager cette même passion pour le cinéma de Hong Kong. Internet n'existe pas encore, mais ces gens ont la volonté de partager le même centre d'intérêt. Le phénomène s'observe autour d'individus ou de petits groupes isolés qui pensaient être les seuls au monde à aimer ce type de spectacle. Rapidement des petits groupes se réunissent régulièrement pour visionner les films de Hong Kong. Grâce au chapitrage des laserdisc, on peut directement accéder à la scène de toutes les discussions (par exemple la scène finale du Syndicat du crime 2). Les fans de John Woo peuvent ainsi se passer en boucle, certaine séquence d'action, au cours de séances qui pouvaient se poursuivre jusqu'à l'aube par des conservations autour d'un plan ou d'un autre. Ce genre de "séminaire " intensif et improvisé s'est répété dans les quatre coins du monde avec la même ferveur. Bien entendu, ces rites se sont produits bien avant la sortie des films de John Woo en salle ; ce qui permet de penser que ces groupes ont contribués, de manière certes limitée, à cette passion fétichiste envers le cinéma de John Woo (et de Hong Kong en particulier).
Les magazines ont donc au départ servi de caisse de résonance (comme un chant à la gloire du cinéma de Hong Kong), plus tard, suivi par ces petits groupes de cultistes pour finalement atteindre un public plus large. Le cas de John Woo dans l'histoire du cinéma récent reste néanmoins un cas isolé comme le confirme Gérard Délorme (HK Orient Extrême Cinéma, octobre 1997 N°4 Page 56) "Pour ceux de ses fans qui ont assisté à son avènement, John Woo aura permis de connaître une expérience unique dans la vie d'un cinéphile. Sergio Leone ou Sam Peckinpath ont suscité une certaine vénération mais elle ne s'est pas manifestée immédiatement, ni de la même façon. Nombreux sont ceux qui les ont découverts qu'après leur mort. Le cas de Dario Argento (ou de John Carpenter) est plus proche, mais plus confidentiel aussi. (..) Aujourd'hui, il est en train de passer tranquillement au statut de cinéaste contemporain ".
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