Huo Yuan-jia a été surnommé le « Wong Fei-hong du Nord ». C'est une comparaison tout à fait adéquate. En effet, les deux maîtres vécurent à la même époque et sont des figures exemplaire du folklore martial de Chine occupant une même niche; celle du patriarche, sage, valeureux et patriotique. Chacun à sa manière aura formé des disciples et assurer la réputation et la pérennité des arts martiaux chinois. Leurs origines, leurs exploits, leurs destinées et le style d'arts martiaux que chacun pratiquait étaient cependant tout à fait différents.
Après sa mort Maître Wong devint un héros de roman feuilleton, d'émission de radio et surtout de cinéma. D'abord avec la fameuse série de film commencé à la fin des années quarante et qui se poursuivit pendant vingt ans avec Maître Wong incarné de manière tout à fait mémorable par Kwan Tak Hing. Par la suite Wong Fei-hung fut une figure récurrente joué en plus de Kwan Tak-hing, par Jackie Chan, Gordon Liu, et Jet Li.
Bien qu'il fût une figure martiale tout aussi imminente, Maître Huo ne connut pas la notoriété filmique de Wong Fei-hung, bien au contraire. En effet, à ce jour seulement deux films notables on été consacré à sa personne. Une poignée d'autres films ont certes évoqué son nom et sa légende mais ceux-ci tournaient autour du mythe de sa mort.
Cette divergence s'expliquerait en grande partie par le fait que le cinéma kung-fu étant originaire de Hong Kong et intiment lié au folklore martial sudiste, le cantonnais Wong Fei-hung était donc une figure bien plus reconnue et appropriée que le nordiste Huo Yuan-jia. Le cinéma mandarin qu'il soit de Hong Kong ou de Taiwan avait certes son propre folklore martial mais celui-ci puisait surtout dans la tradition des récits wuxia et non celle de maîtres pugilistes issus d'un passé récent (voir kung fu pian, wu xia pian, cinéma mandarin et cantonais) Les horizons filmiques de Maître Huo se trouvait donc doublement désavantagés.
Le meilleur temps ou Huo Yuan-jia aurait pus percé en tant que héros de cinéma fut possiblement au tout début des années soixante dix lorsque commença un nouvel engouement pour le cinéma kung-fu à une époque ou le cinéma mandarin hongkongais assumait un ascendant total sur sa contrepartie de langue cantonaise et mettait en veilleuse le folklore martial sudiste jusque la dominant. Comme une bonne partie des acteurs, des producteurs et des metteurs en scène du cinéma mandarin de Hong Kong était originaire de Shanghai, la ville ou Huo Yuan-jia devint célèbre, les conjonctures favorables à son émergence filmique n'avaient jamais été aussi bonnes. Enfin de compte bien, cependant, bien que deux films de kung-fu importants : Fist of Fury et Boxer from Shantung récupérèrent des différents aspects de sa légende, un seul film The Great Boxer porta directement sur Huo Yuan-jia et cette production d'origine taiwanaise ne fit pas grande vague. Une bien mince récolte.
Une des raisons majeurs pour se rendez vous manqué était probablement que dans le nouveau cinéma kung-fu mandarin le héros de prédilection était presque exclusivement de jeunes héros vengeur. Le maître ne servait plus la plupart du temps que comme le personnage prétexte dont le disciple devait venger la mort comme ce fut le cas avec Fist of Fury.
Le plus grand studio mandarin de Hong Kong la Shaw Brothers tenta bien à d'allé a contre courant de la tendance pro-jeune en produisant deux films, relatant les exploits d'un maître martial célèbre : Rivals of Kung Fu et Master of Kung Fu. Or il s'agissait de films portant sur Wong Fei Hung. Même La Shaw a donc préféré capitaliser sur le célèbre héros cantonais à la notoriété filmique bien établie plutôt que le valeureux maître nordiste. Subséquemment le cinéma kung-fu mandarin s'orienta vers le Shaolin Kung-fu et le folklore martial sudiste retrouva son ascendant sur le cinéma kung-fu même de langue mandarin.
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